Politique de déstabilisation : chirac et la gauche à égalité
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La situation n’est pas brillante.
A l’issue du scrutin régional, où l’opposition gagne largement la partie (20 régions sur 22), le gouvernement semble à la dérive, le chef de l’exécutif désavoué…
Les socialistes restent prudents et affirment vouloir se mettre au travail.
Mais quel travail ? Quelles sont leurs marges de manoeuvre sur le plan régional ? Quels sont leurs objectifs ?
Ne seront-ils pas tentés de poursuivre une politique de déstabilisation et chercher à renverser le nouveau gouvernement ?
Il semble que tous les projets de la gauche pour utiliser le mouvement populaire seront voués à l’echec pour plusieurs raisons.
– 1. La premiere raison est que la Gauche n’a pas de légitimité morale.
Elle a déjà démontré qu’elle n’avait aucun projet social valable, aucune alternative économique cohérente, ni aucune personnalité politique sérieuse et intègre (en l’absence de Lionel Jospin) capable d’unir les forces et de coordonner les efforts.
– 2. Elle attaque le Gouvernement sur le plan des choix politiques.
C’est une erreur ! Puisque les français contestent davantage un système de surenchère démagogique et de fracture démocratique que le choix de tel ou tel modèle de référence qui n’est que secondaire et discutable !
– 3. Elle ne tient pas compte avec réalisme des conditions financières de la France.
Obstinément elle ignore le déficit collossal des finances publiques et fait « comme si » nous étions dans une période de prospérité économique où la question de redistribution des richesses serait plus importante que celle de la production. C’est ridicule et touchant à la fois ! Toujours obstinément soutenir la même solution pour des problèmes différents : est-ce encore de la naïvité ou déjà de la bêtise ?
On fait maintenant de la sur-enchère dans le populisme ! A peine connu les résultats, on fait un grand tapage avec un projet d’emplois-tremplins monté de toutes pièces qui ressemble à s’y méprendre aux Emplois-jeunes… De plus on offre une prime régionale de 6000 Euros à l’embauche aux employeurs… N’en jettez plus, la cour est pleine !
Ce sont les mêmes jambes de bois, les mêmes solutions gadgets ! Des mesures qui ne tiennent pas compte de la problématique de la dérégulation libérale des échanges, de délocalisation d’entreprises, de prédominance du secteur financier dans l’économie, etc. La Gauche ne raisonne encore qu’en terme de relance Keynesienne comme s’il s’agissait d’une solution miracle dans une France sans barrières tarifaires : c’est l’echec garanti !
Le désaroi des leaders de la gauche se lit dans le désordre de ces propositions. On essaye de créer des emplois en subventionnant encore des entreprises avec de l’argent public, au lieu de proposer des prêts remboursables. C’est trés généreux. Trop peut-être ?
Bien sûr puisqu’il n’y a rien dans les caisses pour organiser ce nouveau clientélisme.
– 4. Les propositions économico-sociales calamiteuses illustrent la vacuité historique d’une Gauche néo-libérale.
Cette contradiction irréductible entre socialisme et libéralisme explique mieux la désertion de Lionel Jospin du champ des responsabilités politiques. Malheureusement le parti Socialiste ressemble d’avantage à un ring de boxe – un lieu de lutte de personnes pour la conquête du pouvoir – qu’à une tribune d’expression libre et démocratique ou encore à un lieu de réflexion et d’étude d’un projet cohérent et humaniste. Le modèle socialiste actuel se situerait plutôt dans le parti travailliste de Mr Blair que dans le modèle de lutte sociale pour la préservation de l’outil de production (industrielle, agricole, etc.) et de solidarité des travailleurs de tous les secteurs, qu’ils soient actifs ou privés d’emploi. Pourquoi donc ce glissement idéologique, quels sont les résultats recherchés ?
Malgré ces évidences qui remettent en cause la légitimité morale des socialistes et leur compétence à administrer le pays, d’autres éléments objectifs annoncent l’echec prévisible de toute récupération du mouvement civil pour renverser le gouvernement.
Ce qu’il faut voir c’est que le système des partis s’est largement détaché des masses populaires. Les politiciens se méfient du peuple et ne voient en lui qu’un allié irrationel et versatile. En retour, le peuple utilise l’opposition comme instrument passif pour renverser une nomenklatura accapareuse et arrogante au pouvoir. C’est une façon de donner « une leçon » et une forme politique au mécontentement général. Un mouvement de raz-le-bol face à la démagogie et l’absence d’un projet de réforme démocratique.
Au sujet de la démocratie locale, personne chez les socialistes ne s’est inquiété de l’absence des citoyens dans le projet Chevènement sur les communautés de communes. Personne n’a proposé à la Législature le référendum à l’initiative populaire ou une valeur juridique à la pétition de citoyens. Personne n’a formulé les termes d’une décentralisation responsable, équitable et démocratique au moment du débat sur la Corse. Rien de concret, rien de positif du temps du pouvoir de la Gauche plurielle, que des critiques et des revendications gratuites une fois dans l’opposition. Même au moment des « assises des libertés publiques » il n’y a eu aucune présentation de projet lisible et rationel comme alternative à la réforme Rafarin sur la décentralisation. Sur tous ces sujets, il n’y a eu que des combats d’arrière-garde, du harcelement, du bruit, des gesticulations d’énervés !
Et ce n’est pas fini. A l’heure actuelle il n’exite aucun contre-projet de l’opposition politique pour permettre :
– l’institution de statuts clairs des collectivités locales (territoires, pays, régions, etc.) sous forme de chartes choisies et adoptées par les populations concernées ;
– l’égalité devant la loi des citoyens, la peréquation financière et un contrôle efficace des autorités régionales ;
– la redéfinition de l’influence du pouvoir central via les directions administratives et les compétences préfectorales ;
– l’organisation des forces territoriales pour assurer la sécurité régionale et inter-régionale sous la responsabilité de l’autorité civile comme garante du maintien de l’ordre public démocratique ;
– la mise en place d’un cadre législatif cohérent pour l’exercice des compétences régionales en matiére économique, de fiscalité, d’infrastructure, de protection de la nature et contre les pollutions, etc.
– etc.
La question de la Constitution européenne pose un vrai problème. Depuis le traité de Maastricht, l’opinion publique à beaucoup évolué sur le sujet. Les politiciens ont trop utilisé l’alibi de l’Europe pour justifier leur politique libérale ou légitimer des mesures impopulaires. De là une tentation existe de faire passer l’adoption d’un projet de traité, encore plus coercitif et plus anti-nationaliste que jamais (on peut y retrouver l’ambitieux projet du Vatican de reconstituer la Grande Europe de jadis), par la force et sans référendum puisque l’opinion semble s’etre peu à peu refroidie. Le projet de construire une Europe gouvernementale, technocratique et anti-sociale, jouet de tous les lobbies financiers et aristocratiques, n’est pas vraiment dans l’agenda du peuple français.
Mais le peuple français aura t-il encore l’autorité necessaire pour faire respecter ses choix et garantir le fonctionnement démocratique de ses institutions ?
Au moment de la dissolution de l’armée de conscription nationale, personne ne s’est ému de la disparition de cette noble institution. Personne n’a voulu défendre les raisons évidentes qui ont prévallu à sa mise en place. C’est peut-être aujourd’hui qu’est venu le temps du doute et des regrets…
Laisser la défense de la nation et de la démocratie à la responsabilité exclusive de militaires de carrières et de troupes mercenaires apparaît aujourd’hui comme le dernier degré du bon sens politique.
C’est une « expérience » entérinée et poursuivie par les socialistes mais qui ne cesse pas de rappeller la triste expérience des gardes prétoriennes de Rome à l’époque où l’idéal démocratique se diluait dans l’esprit du clientèlisme des « grands patrons » et la démagogie des politiciens ambitieux.
Tous ces éléments ne font que pointer sur une constante : l’opposition socialiste n’est pas capable de présenter et réaliser des projets cohérents en faisant appel au conscensus national. Raison de plus pour douter qu’elle puisse lutter à arme égale avec un homme qui dirige la France depuis des décénies ; qui a pris le temps de préparer et de réaliser ses projets de longue haleine avec une constance et une volontée rare, tout cela au service d’une ambition démesurée de pouvoir absolu. Il dispose aujourd’hui d’un pouvoir sans précédent, quasiment sans limite sur le plan institutionel.
Ce serait bien dans le même droit fil de l’irresponsabilité et de négligence de la Gauche socialiste que d’aller maintenant provoquer des troubles et de semer le désordre en soufflant sur la braise des problèmes sociaux auxquels elle n’a jamais trouvé de solution réelle.
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