Prostitution et « abotueurs »:

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Ces derniers temps, on constate une véritable offensive contre les prostituées, menée tambour battant par une poignée de mâles abolitionnistes.
A lire la prose de ces mâles abolitionnistes, Martin DUFRESNE, Victor MALAREK et John STOLTENBERG, j’ai le sentiment d’être dans une aire plus Orwellienne que jamais.
C’est en effet à la tirade « la paix, c’est la guerre » que me fait penser le ton apparemment doucereux et impartial de l’annonce par Martin DUFRESNE au sujet du dernier livre de Victor MALAREK https://lesnouvellesnews.com/index.php/dossier/prostitution
Il est bon je crois d’être « soucieux d’alimenter les débats publics ». Par exemple sur la prostitution, et alors en particulier en prêtant attention à celles et ceux qui vivent au quotidien de leur travail sexuel. S’il est impossible je pense, d’être « impartial », tout au moins pourrait t’on espérer avec une annonce pareille, que sera avancée une large palette de points de vues du ce sujet.
Que neni ! Concernant les ouvrages de Victor MALAREK et John STOLTENBERG, une seule voix émane. Celle qui n’est quasiment pas issue des personnes concernées, qui pointe la prostitution comme systématiquement synonyme de proxénétisme, de traite voire de pédophilie.
Quant en outre, l’annonce une nouvelle fois Orwellienne vend que ce point de vue sort « des sentiers battus », la moindre connaissance du sujet permettrait d’interroger s’il ne s’agit pas de « publicité mensongère ».
Le livre de John STOLTENBERG date de … 1974.
Nombreux sont les points de vues similaires. Ce sont peut être les « plus vieux messages du monde », puisqu’ils sont parfaitement présents dans des nouveautés « relatives » comme la Bible, le Manifeste du Parti Communiste ou les ouvrages de Grisélidis Réal (du côté des prostituées), dont « Le noir est une couleur » date aussi de 1974.
Quant à l’accroche mielleuse de Martin DUFRESNE avec ses « forums Internet les plus cyniques » (pour désigner ce que moi, franchement je trouve crasse et insoutenable, le plus souvent), elle paraît en porte à faux avec l’emploi généralisé par Martin DUFRESNE et consorts, d’insultes au sujet des clients de la prostitution, qui sont à 100% des « prostitueurs ».
Pour rire un peu, regardons qui sont ces mâles abolitionnistes (des « ABOTUEURS »… pour se plier à leur mode et rire un peu…) ont vraiment l’art de sa chauffer avec la paille qui est dans l’oeuil des autres, et de ne pas voir le fagot qui est dans le leur !
? Charité mal ordonnée ?
Certes, les idées des « ABOTUEURS » en valent bien d’autres.
En tout cas, c’est les leurs, ça se respecte, qu’on soit d’accord ou non (ce qui est mon cas).
Mais ce qui est ridicule, au delà de l’intolérance moraliste des « ABOTUEURS », c’est cet art de zapper les contradictions propres à leur discours et cette manie d’insulter n’importe qui n’est pas soumis à leur point de vue..
Partons de Victor MALAREK et de la publicité sur son ouvrage.
(cf. message à efigies-info et article: http://www.prostitutionetsociete.fr/eclairage/acteurs/l…e-les )
Victor MALAREK semble bien être (selon http://en.wikipedia.org/wiki/Victor_Malarek ) de l’élite blanche, érudite, masculine, pas trop pauvre, valide ,
Et « senior reporter for CTV Television’s W-FIVE »
Donc bel et bien un décideur ou cadre supérieur de la TV.
L’accroche du livre de Victor MALAREK commence comme ça:
« Les prostitueurs, ces hommes invisibles, sont le moteur du réacteur. Ils génèrent un marché multimilliardaire. C’est leur demande « qui engendre les profits faramineux des réseaux criminels mondiaux et incite les trafiquants, les proxénètes, les tenanciers de bordels et les producteurs de pornographie à leur fournir encore plus de proies. »
En bref, ce serait LA DEMANDE QUI CREERAIT L’OFFRE.
Sauf erreur, cette religion a été mise à la corbeille depuis des lustres.
PARTANT de la même « logique », faudrait-il CONDAMNER LES CLIENTS DE SUPERMARCHES car ce type de magasins est une énorme source d’exploitation, d’oppression, de pollution, de gaspillage et favorise la concentration du capital (la fermeture des commerces de quartier) ?
Et pour reprendre une remarque faite l’autre jour, la majorité des végétaliens ou végétariens traitent ils sans cesse de MEURTRIERS D’ANIMAUX à vau-l’eau les mangeurs de steack et de fromage ?
Non, je ne le crois pas.
Autre personnage qui fait les choux gras de nos « ABOTUEURS » (c’est vrai que ça soulage, cette mode…) : John STOLTENBERG.
Des bouts du CV John STOLTENBERG:
– « He is the former managing editor of AARP The Magazine, a bimonthly publication of the United States-based advocacy group AARP, a position he held from 2004 until 2012. »
– « communications strategist (@media2change) » … »
– etc….
Au-delà des éclairantes questions et suggestions que posent John STOLTENBERG sur la vision chosifiante des personnes femmes dans le cadre du sexe, John STOLTENBERG a donc bel et bien été dans le « Board » (Conseil d’administration) d’un des plus gros et influent fonds de pensions des USA (AARP), et ce pendant des années.
Là encore, tout unE chacunE sait les impacts destructeurs de ces multinationales de la spéculation, sur les personnes les plus défavorisées. Notamment les femmes.
A cet égard, jeter un coup d’œil sur « AARP The Magazine », vaut le coup (sous l’ère Stoltenberg, évidemment):
http://search.aarp.org/browse?Ntt=women+2005
Pas glorieux, le féminisme de ce magasine, je trouve…
Pour autant, serait-il logique de bannir John STOLTENBERG de nos lectures, de ne pas l’étudier avec attention, ouverture ? Voire de le traiter de « DOLLAR-KILLER » ?
Non, je crois que tout ceci n’aurait pas de sens.
La où la boucle se boucle, il me semble, c’est quand on constate des discours « marxistes » sur des sites comme http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/?s=marx
Site qui est fort friand de nos « MEDIA KILLERS » dont Victor MALAREK et autres DOLLAR KILLERS, dont John STOLTENBERG.
Sans trop aimer la pensée marxiste, surtout en hexagone, je pose la question : comment peut on trouver logique d’avancer s’il s’agit de prostitution que c’est « LA DEMANDE QUI CREERAIT L’OFFRE » et en même temps, diaboliser le capital tout puissant qui serait la source de tous les maux sur terre (de sorte que pour tout sauf la prostitution, ça serait L’OFFRE QUI CREERAIT LA DEMANDE)?
Cherchez l’erreur….
Ou bien, est-ce parce que le discours « prostitueur » vend et ça rapporte des bonnes subventions, tout en donnant bonne conscience ?
On peut en toute médisance s’interroger, quand on sait que :
– « l’Amicale du Nid bénéficie d’un budget annuel de 12 200 000 euros «
ou
– « le « Mouvement du Nid-France – Délégation des Hauts-de-Seine» développe … Le budget global de l’association s’élève pour 2012 à 1 425 607 € »….
Si la demande ne créée pas l’offre, je le crois, ce qui semble sûr, c’est que mettre dans le même sac toutes les formes de travail sexuel, et d’y coller une grosse étiquette « racoleuse » (prostitueurs, trafiquants d’enfants, génocide féminin….) et de faire plein de bonnes grosses campagnes médiatiques, ça augmente les entrées d’argent, ça profite bien aux ventes de livres…
Et au final, ça influe largement sur l’opinion publique .
Dans ces temps Orwelliens, je me demande si je ne vais pas finir par voir sur les rayonnages des librairies, un guide de savoir vivre inter-racial et inter-genres écrit par un ancien dirigeant du FMI.
Bah, je suis trop bête….
Bien!
un commentaire trollé sur différents articles a été masqué. Si vous avez un probleme avec la modération il y a la liste publique pour ça : voir le mail ci-dessous.
C’est fou comme le livre de Stoltenberg déchaine les foudres des adeptes du libéralisme sexuel. Et enthousiasme d’autres: http://quandtuesfeministe.tumblr.com/post/52132282786/q…tu-as
heu….de se qu’il semble s’être passé,
et poser problème à « yeun »
c’est plutôt d’avoir oser indiquer que ces deux mâles anti-putes
sont des membres de l’élite dominante
et exercent dans des domaines et à des fonctions de responsables de haut degré.
ne connaissant pas dans l’intimité l’auteure de l’article initial (dominique),
ce qui est peut être le cas de « Yeun » (????),
je ne m’avancerais pas sur son « libéralisme sexuel ».
en tout cas, c’est assez « vulgaire » d’en venir à de pareils sous entendus sur les choix personnels, quand le débat est politique et social…
….il faudrait alors peut être relire « refuser d’être un homme » ?
Un libéralisme, je veux dire une participation active et délibérée à une forme de la domination sociale, n’en « excuse » pas une autre. Et c’est là aussi que se situe l’impasse où se trouvent nos camarades néo-conservatrices, comme d’ailleurs bien d’autres : admettre la totalité de la domination (économie, (hétéro)sexualité, état…) pour n’en dénoncer que des anomalies ou des « dérives ».
…Doit-on prendre l’insulte (« con », oh qu’il est pas poli môssieur méduse….) comme acte d’allégeance à la mode imposée par les abotueurs (pour se la jouer « radicaux » voire populiste) ?
Mais sur le fonds, semble t’il, en effet « toute critique partielle d’une fonction répressive ne fait que la renforcer ».
De facto, et ça n’enlève rien aux bons côtés du livre, que dire quand John STOLTEBERG qui dit dans « refuser » (page 118, lignes 1 à 3):
« TOUTES les institutions de la culture dominante – dont l’État, l’université, la médecine, le mariage et la famille nucléaire – servent d’instruments à l’appropriation masculine d’autres vies humaines. »….
…certes il y a ce « dont » …
Mais « l’oubli » par John STOLTEBERG, ici comme partout, de l’ECONOMIE de MARCHE et des MEDIA (sauf des « pronocrates », of course), est endémique dans tout « refuser ».
CQFD ?
Dans ce sens, Léo Thiers Vidal, dans « Culpabilité personnelle » ( http://www.netoyens.info ) propose:
« Il semble donc que ce refus masculin et/ou cette incapacité masculine à développer un regard critique sur les pratiques oppressives vis-à-vis des femmes fassent partie intégrante d’une culture politique de gauche associant automatiquement ce type de travail politique à une pratique stalinienne et/ou chrétienne de culpabilité. La difficulté actuelle de penser la façon dont le ” je ” masculin hétérosexuel est pleinement structuré par un ” nous ” oppressif peut, à mon avis, être éclairée à travers les notions de culpabilité personnelle et responsabilité collective. »
…
« Et la dimension politique de la responsabilité collective permet alors de ne pas penser ce dernier registre en terme de culpabilité collective – ce qui donne lieu à des sentiments moraux foncièrement axés sur soi-même donc non politiques – mais comme exigeant justement ” une transcendance de l’état subjectif individuel “, un décentrement de soi vers les autres qui passe avant tout par l’action politique, dans la sphère privée et publique. »
…
« Développer un regard politique sur la responsabilité collective corrélée à l’appartenance à la masculinité hétérosexuelle IMPLIQUE DONC AVANT TOUT DE S’INTERESSER AU MONDE OU LES ACTES SONT COMMIS ET AUX CONSEQUENCES DE CES ACTES pour les humains n’appartenant pas à ce groupe sociopolitique – et non de s’arc-bouter sur un sentiment moral d’intégrité et d’authenticité. Il implique d’agir aujourd’hui sur les conditions qui ont rendu possible la décision de Bertrand Cantat de porter des coups meurtriers contre Marie Trintignant, en particulier les conditions liées à son appartenance à la gauche radicale. C’est dans ce sens qu’il est à mon avis possible de parler du meurtre de Marie Trintignant comme étant également un aboutissement d’un processus collectif impliquant une responsabilité collective spécifique. »
dans sa dernière émission, les excellents « CAS-LIBRES » ont fait la chronique du livre Refuser d’être en homme. Pour en finir avec la virilité de John Stoltenberg, éditions Syllepse.
http://cas-libres.poivron.org/archives/201306/20130606/
…comme quoi il y a incontestablement du bon dans ce livre…dommage qu’il soit employé par des mecs, pour nuire à des femmes pauvres, en proposant des lois spécifiques alors que l’arsenal légal existant contre l’exploitation, le traffic d’humaines, et bien sûr les violences dont le viol, sont sensés exister dans nos idéales contrées….
Cher Dominique,
Pour remettre en cause l’engagement pro-féministe de John Stoltenberg, tu te bases uniquement sur le fait que ce dernier est riche. Ce n’est pas vraiment nouveau : pour critiquer les féministes ou ici, les pro-féministes, on les accuse souvent d’être des « bourgeois-es ». En réalité, cela montre bien que tu n’as pas d’arguments.
Tu écris de longs textes pas forcément évidents à lire, dans lesquels tu emploies des tournures qui, je pense, visent à dissimuler ce manque. Stoltenberg serait « anti-putes ». Peux-tu me trouver un seul extrait de son livre « Refuser d’être un homme » qui prouverait qu’il est « anti-putes » ? Ce qui m’embête , c’est qu’à te lire, j’ai l’impression que pour toi, le plus important, ce sont les mots, les discours, et la manière dont on peut en jouer. Tu cites des extraits du texte de Léo alors que ces extraits n’ont pas vraiment de rapport avec ce que tu dis précédemment. Dans ce texte, Léo cherche à montrer la responsabilité collective spécifique des hommes de gauche dans le maintien et le renforcement du patriarcat. Léo, je crois, commençait par voir ce qui – chez lui – favorisait une telle dynamique. Peut-être aurais-tu du lire ce texte comme une invitation à te remettre en question, plutôt que de critiquer sans connaître (pratique ô combien masculine) ? Et tirer de ce texte que les « clients » de prostituées ont une culpabilité individuelle et les hommes une responsabilité collective dans le maintien du système ? Je te laisse avec ces quelques mots d’Andrea Dworkin, dans « Prostitution et domination masculine » (pourquoi ne cites-tu que des extraits d’hommes dans ton texte ?). Elle parle du fait qu’il ne s’agit pas de mots, de jeux, de discours, mais de brutalité masculine exercée sur des personnes réelles.
« Je veux nous ramener aux éléments de base. La prostitution : qu’est-ce que c’est ?
C’est l’utilisation du corps d’une femme pour du sexe par un homme ; il donne de l’argent, il fait ce qu’il veut. Dés que vous vous éloignez de ce que c’est réellement, vous vous éloignez du monde de la prostitution pour passer au monde des idées.
Vous vous sentirez mieux ; ce sera plus facile ; c’est plus divertissant : il y a plein de choses à discuter, mais vous discuterez d’idées, pas de prostitution. La prostitution n’est pas une idée. C’est la bouche, le vagin, le rectum, pénétrés d’habitude par un pénis, parfois par des mains, parfois par des objets, pénétrés par un homme et un autre et encore un autre et encore un autre et encore un autre. Voilà ce que c’est. »
Bien à toi.
Ce qu’il y a de passionnant, si j’ose dire, quand on est tapin, ou trans, ou pas mal d’autres choses, c’est qu’on est toujours à la troisième personne. On est des écouteures. On parle de nous. Nous ne parlons pas (ben non, on est aliénées, ou déjetées, ou…), on ne nous parle pas (en général les missionnaires comme les admirateurs gratuits, on les jette, d’ailleurs). Par contre qu’est-ce qu’on déblatère sur notre sort, notre salut, celui de la planète et de l’humanité qui dépendrait de notre éradication, mise au pas, au travail honnête et sous-payé, normalisation, etc…
Le monde même du boulot, de l’économie, des la sexualité, de l’état, c’est une vérole. Voilà tout. « Pouvoir tout faire », c’est le propre de l’argent, et il n’y a pas d’argent propre. M’en fous que tel ou telle ait des actions ou pas : ce qui les caractérise, pauvres ou riches, c’est de ne pas pouvoir, et je pense de ne pas vouloir, questionner le cadre même qui nous construit, et se rabattre sur le vieux monde de dénonciation des méchants en guise de critique sociale. Quand on veut se donner bonne conscience sans trop de faire mal à la tête et sans trop interroger comment on vit et on fonctionne, surtout sans remettre en cause la situation générale, et dans laquelle nous sommes touTEs mouilléEs, eh ben on va sauver les lys martagon, les baleines, les peuples ou les putes (selon le degré d’exigence mais aussi, je crois bien, pour avoir fréquenté des missionnaires, de désir de pouvoir « clean »). Les providentielles troisièmes personnes, celles dont on cause et sur lesquelles on fantasme, positivement comme négativement, d’ailleurs, et avec tout aussi peu de pertinence dans les deux cas.
Bref, lâchez nous un peu, et regardez vous vous-mêmes, en tant que rouages de ce monde. Je vous promets des découvertes – passionnantes !
« Oui je suis venu séparer le fils de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère. On aura pour ennemis les gens de sa maison. » (Matthieu 10,37) …