La villeneuve, c’est la technopole
Catégorie : Global
Thèmes : MinatechQuartiers populaires
Beaucoup s’étonnent des événements de ces derniers jours à La Villeneuve; ainsi que d’autres récents faits divers, si brutaux qu’ils ont attiré une attention nationale. Les plus naïfs, ceux qui ne connaissent Grenoble qu’à travers les articles de complaisance de Libération et d’autres médias, s’ébahissent : « Vraiment, est-bien la même technopole, ce « laboratoire grenoblois », place-forte du CEA, de Minatec et des hypertechnologies où, voici un mois, Libération et le Nouvel Observateur nous conviaient à venir écouter le maire Michel Destot, et forces enflures céphaloïdes, pérorer lors des « Etats Généraux du Renouveau? » (cf http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume…e=265 ) Est-ce bien cette cité futuriste où le Musée Dauphinois consacre une exposition à la gloire de « l’homme augmenté » et des robots, « une espèce en voie de développement » ?
Ces « émeutes », ces rixes, ces crimes, c’est le retour du réel. A destination des amnésiques, voici un ahurissant, écoeurant, florilège de déclarations du technogratin (sources à l’appui) ; de ses manifestations de mépris et d’oppression envers l’humanité ordinaire sommée de déguerpir, de s’écraser ou de se faire oublier dans les arrière-fonds de la technopole. Un jour, les techno-rats jaillissent à la surface et les techno-maîtres s’effarent. Lisez « La Villeneuve, c’est la technopole » ( sur http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume…e=267 ), et ne soyez plus étonnés.
Pièces et Main d’oeuvre
Encore une fois PMO nous sort un texte au raisonnement fluctuant…
D’abord c’est un texte d’actu, cherchant à expliquer une situation donnée par une analyse idéologique. Concrétement, « si il y a eu des émeutes dans le quartier de villeneuve, c’est parce que la ville de Grenoble est structuré par la nanotechnologie ». PMO ne nous fournit aucune autre explication, aucunes autre piste. On accepte cette thése ou on la refuse. Pas de compromis (il faut dire qu’on est des radicaux quand même). Déjà c’est douteux. On peut y voir une bonne vieille tradition gauchiste: calquer son idéologie sur une réalité en cours (du même ordre que le fantasme insurrectionnel des balieusard qui agite les rêves d’une partie de la radicalité francilienne).
Mais sur le fond: comment PMO explique t il qu’il y ait des émeutes ailleurs qu’à Grenoble? Puisque selon eux, cela est lié à la ville « techno-totalitaire » de Grenoble il ne devrait pas y en avoir à Clichy ou à Villiers le Bel (qui sont purtant pas autant pourvu en nano technologie et autres saloperie que Grenoble). De toute façon PMO est toujours resté centré sur Grenoble, refusant de voir ailleurs.
Le plus critiquable là dedans c’est l’idée comme quoi il n’y a plus de lutte des classes mais une lutte contre la technologie (comme si celle ci n’était pas au service d’une classe sociale déterminé). Ils vont bientôt nous expliquer que les jeunes de Villeneuve se battaient contre les nano-technologie lorsqu’ils tiraient sur les flics.
Les gens de PMO se trompent lorsqu’ils définissent leur principal ennemi comme étant la technologie. Il s’agit en effet d’un axe de lutte (comme la lutte pour le droit des sans papiers par exemple) mais ça reste secondaire, notre lutte centrale étant contre l’état et le capital (pour synthétiser et utiliser les grands mots).
Pour rencontrer la classe sociale dominante, va dans les salons d’art contemporains du premier arrondissement parisien, pour rencontrer cette classe sociale, va discuter avec des éleves d’école de commerce, pour voir ce que c’est, penche toi sur les critères de séléction des DRH…
Pour ce que qui est de la radicalité « parisienne » tu as raison, il n’y a pas qu’a Paris. C’était très mal formulé. Ce que je disais c’est qu’il y avait des gens qui fantasmaient sur les émeutes de manière obscène à mon sens… mais ça nous éloigne du sujet de fond: les positions politiques de PMO.
J’ai l’impression que le texte de PMO n’a pas été lu mais seulement l’introduction qui est présente sur indymédia.
En effet l’intro a l’air d’assèner un peu les choses.
Mais dans le fond, le texte qui est écrit parle de la technopole comme d’un modèle de vie imposé à une population et destiné à une certaine classe.
par exemple:
» Jusqu’à ces jours-ci, Destot et ses complices, Safar ou Fioraso, avaient réussi à diffuser le mythe d’une « ville
riche ». Las, le 20 juillet 2010 Le Monde le révèle à la France entière : « L’image de la « capitale des Alpes »
écornée ». Ce n’est pas faute, pourtant, d’avoir enquêté et informé sur les ravages sociaux et humains de la
technopolisation. Depuis bientôt dix ans, Pièces et Main d’oeuvre démonte le « laboratoire grenoblois » pour mettre
à jour ses rouages : destruction du territoire, des quartiers populaires aux zones agricoles, au profit de l’industrie
high tech ; connivence du techno-gratin qui défend ses intérêts derrière l’écran de fumée du social-futurisme ;
expulsion des classes populaires du centre vers la périphérie (bientôt, le quartier Saint-Bruno en aura lui aussi
fini avec ses pauvres), remplacées par les ingénieurs à hauts revenus dans des résidences Haute Qualité
Environnementale à 3500 € le mètre carré ; »
Je pense que les préjugés contre PMO enferment un peu la lecture d’un texte qui malgré la spécificité du « laboratoire grenoblois » concernant les nouvelles technologies, traite malgré tout d’une « guerre du territoire » (même si ce terme ne me convient pas parfaitement) qu’on retrouve dans beaucoup de métropoles en ce moment et qui veut qu’on privilégie l’implantation des populations riches et le refoulement des pauvres par un phénomène de gentrification.
Après, on aime ou pas le style de PMO, ou ce qu’ils défendent, mais c’est juste pour nuancer un peu les commentaires. Par ailleurs PMO ne fait pas seulement la critique des nanotechnologies, et n’en parle pas une fois dans le texte : )
Sinon, dommage que certain-e-s aient loupé un débat à Rennes appelé: toutes les luttes sont elles solubles dans l’anticapitalisme ?
Il me semble qu’on ne peut pas asséner que ce qu’il faut c’est lutter contre l’Etat et le capital, et que le reste est secondaire. Ce qui fonde nos luttes mérite plus de réflexion qu’un mot d’ordre qui a mon sens sonne un peu creux.
Mais dans le fond, le texte qui est écrit parle de la technopole comme d’un modèle de vie imposé à une population et destiné à une certaine classe.
Et bien moi je trouve que c’est là qu’ils se gourent. Le modèle de vie imposé à la population et destiné à une certaine classe ce n’est pas la technologie mais bien le capitalisme (la technologie faisant partie intégrante de ce système et méritant d’être combattu). Sans cela, comment expliquer que ce genre d’émeute éclate un peu partout dans les banlieues des villes occidentales?
Le capital se développe de multiples façons localement. Grenoble a clairement investi dans ce domaine comme d’autres villes ont investi dans un autre. Pour autant, est ce que lorsque des émeutes surviendront dans la banlieue sochalienne est ce qu’on viendra nous dire que la faute en revient uniquement à Peugeot? Non. Et pourtant, comme à Grenoble, Peugeot à formaté cette ville, à crée la sélection sociale… Je pense, en fait, qu’il faut arrêter de voir dans les technologies autre chose qu’une marchandise. Dans la logique d’expansion du capital à des domaines jusqu’alors inconnus (les nouvelles technologie, c’est avant tout un gigantesque marché à fric) les nouvelles technologies sont des marchandises. Là ou je rejoint PMO c’est que c’est des marchandises dangereuses (mais au même titre que, je sais pas… les armes ou le nucléaire).
Depuis bientôt dix ans, Pièces et Main d’oeuvre démonte le « laboratoire grenoblois » pour mettre
à jour ses rouages : destruction du territoire, des quartiers populaires aux zones agricoles,
Tu prends cet exemple (il m’avait frappé aussi). Je ne vois pas en quoi Grenoble est un laboratoire. La destruction du territoire et des quartiers populaires est à l’oeuvre partout en France. A Grenoble c’est au profit des NT mais par exemple à Toulouse c’est axé sur l’aéronautique. Mais bon ça tu l’a également vu.
Sinon, non je suis pas anti-PMO. Je les lisais avant qu’ils soient à la mode dans un certain milieu et je continuerai sans doute à les lire mais en exposant des critiques.
A la lecture des commentaires je m’aperçois 1/ que PMO serait « à la mode », merde j’ai encore loupé une mode ; 2/ que beaucoup de remarques sont fondées sur des préjugés plutôt que sur une lecture attentive du texte en question.
Dommage, car ça déforme le propos, qui apporte un regard un peu différent sur les « événements » de Grenoble. Ce que dit ce texte est résumé par sa première phrase : « Ce qui se joue ces heures-ci à Grenoble se nomme une bataille d’image ». Autrement dit l’auteur ne dit pas que ces émeutes se déroulent à Grenoble PARCE QUE c’est une technopole, mais BIEN QUE ce soit une technopole. Les élus voudraient faire croire qu’une technopole c’est propre, riche, le Meilleur des Mondes, et patatras, des jeunes énervés viennent rappeler que même dans une technopole, la lutte des classes existe.
Quant à la sempiternelle prise de tête sur « c’est pas la technologie, c’est le capitalisme », elle est vaine et sotte. Le stade actuel du capitalisme, c’est les technologies de pointe, donc c’est ce qu’il faut regarder de près quand on veut combattre le capitalisme. C’est ce que j’ai compris du message de PMO, en tout cas. A bons lecteurs, salut.