Interruption d’une conférence aux champs libres de florence aubenas
Category: Local
Themes: Exclusion/précarité/chômage
Places: Rennes
Bouclier social ?
Pardon si nous interrompons pour trois minutes vos programmes mais sur le papier il y avait écrit « rencontre avec ces français invisibles ». Alors on s’est dit qu’on était un peu invité. Des hommes et des femmes invisibles… si si de vrais invisibles en chair et en os, devant vos yeux ébahis.
Mais rassurez-vous tout de suite, nous n’avons là rien contre vous qui vous vous êtes rendus si nombreux pour échanger autour du Quai de Ouistreham / ni contre vous Florence Aubenas ou votre livre. Que du contraire.
En effet, qui d’autre que des gens venus échanger à propos d’une enquête de plusieurs mois au sein de Police emploi et d’équipes ouvrières de nettoyage pourraient-ils mieux accueillir ce que la coordination des chômeurs et précaires a à dire ici publiquement et qui lui brule les lèvres ?
Si nous n’attendons pas le traditionnel « échange avec la salle » pour nous exprimer, c’est que la nature des griefs que nous avons à formuler nous commandent de ne pas attendre respectueusement notre tour. Car, Mme Aubenas, la municipalité soi-disant « socialiste » qui est l’organisatrice de cette heureuse rencontre est la même qui collabora avec la préfecture le 5 décembre pour tenter de nous terroriser et de nous rendre invisible. C’est cela que nous entendons rendre visible.
Ce 5 décembre, la manifestation régionale des chômeurs et précaires a fait l’objet d’une aussi soudaine que brutale répression devant les champs libres, faisant plusieurs blessés parmi les manifestants dont un grave qui a dû subir plusieurs accidents vasculaires cérébraux. La police a déposé plainte. Une défense collective a permis de limiter la vindicte préfectorale mais le parquet, ce chien, n’a pas décidé de lâcher prise et a fait appel de la décision. Une prochaine audience doit avoir lieu dans quelques mois.
D’accord, d’accord…mais que vient faire la mairie dans cette regrettable histoire ? Nous direz-vous.
Nous y venons justement : le 4 décembre, le jour précédent la manifestation dont nous parlons, à la suite d’une occupation pacifique des locaux de la Maison des associations, le Mouvement des Chômeurs et Précaires de Rennes (MCPL) avait obtenu la promesse de la mairie, par l’intermédiaire de la responsable de pouvoir tenir une assemblée générale le lendemain dans l’amphithéâtre de cette même institution à la fin de la manifestation.
Or le jour J, une partie importante des manifestants s’est rendue comme prévu à la Maison des associations, juste derrière les Champs libres, et quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous vîmes devant le guichet, la patronne de la vénérable institution associative, nerveuse et embarrassée, nous déclaré tout net que nous ne pouvions plus, qu’il y avait trop de monde, qu’il n’était pas question que nous nous réunissions, des Raisons de sécurité… Alors même que nous cherchions à comprendre, la BAC commençait son œuvre « de brutalisation des parasites que nous sommes » avec une conscience professionnelle que jalouseraient de nombreux patrons du nettoyage : nous encerclant depuis l’intérieur de la Maison des associations ainsi qu’autour de la place. La suite vous la connaissez.
Comment la police aurait-elle pu entrer aussi rapidement dans ce bâtiment sans accord anticipé, préalable, sans concertation avec les autorités municipales ?
Nous avons même appris que des consignes avait été données aux employés pour fermer l’accès des champs libres au cas où les chômeurs – précaires tenteraient d’échapper à leur juste raclée.
Soyons clair, notre intime conviction est la suivante : la mairie a non seulement bafouer la plus élémentaire des libertés publiques : le droit de réunion mais collaborée de façon active et consciente à cette répression du 5 décembre.
Le parti de Solférino s’est présenté face à Sarkozy et à la crise comme un bouclier social. Or son attitude ici comme ailleurs ne tend-il pas à montrer que s’ il est le bouclier de quelqu’un, ce n’est certainement pas du peuple, c’est-à-dire des invisibles dont vous parlez dans votre livre.
Pourquoi la si sympathique mairie de Rennes prétendument « socialiste » et ses strapontins dits « communistes » sont-ils prêts à se joindre à de si basses opérations de police, je vous le demande ?
La ville de Rennes a lâché la bride aux prétendus impératifs que sont l’économie et la sécurité. Il faut absolument gommer l’image d’une ville bariolée, rebelle, voire ingouvernable que les derniers mouvements sociaux et spécialement étudiants avaient propagé. Dans le cas contraire, comment nos chers investisseurs pourraient-ils accomplir leur mission rédemptrice si les pauvres continuent à rechigner devant les sales boulots qu’on leur propose si gracieusement ? Comment l’argent pourrait-il couler à flot si les précaires que nous sommes en réclament trop ardemment leur juste part ? Comment Rennes survivra-t-elle si ses étudiants, trop occupés qu’ils sont par le souci des affaires communes, ne consacrent pas entièrement leur intelligence et leur santé à acquérir des compétences qui seront devenues inutiles dans trois ans aux entreprises ?
Pour réaliser ses rêves de grandeur qu’elle présente comme une dure nécessité, la mairie s’est attribuée le pouvoir souverain de décider qui a sa place et qui ne l’a pas dans l’espace public, qui peut être visible et comment, qui doit être soustrait à la visibilité publique par la police. S’affranchissant désormais de tout procédure pour expulser manu militari les occupants de logements vides. Suspendant le droit des citoyens à intervenir aux conseils municipaux (cas du DAL35 et du MCPL en janvier 2010) et envoyant la police aux syndicalistes de Sud santé lorsque leur contestation du rôle de la municipalité dans l’agence régionale hospitalière se fait trop gênante.
Certains nous diront peut-être que nous aurions dû nous faire une raison, retenir la leçon mais nous sommes désolé c’est au-delà de notre compréhension, nous ne sommes « pas capables de comprendre. »
Il est hors de doute qu’en une certaine façon, la mairie aime les pauvres. Mais elle les veut sous son contrôle, car laisser à eux-mêmes, ils sont potentiellement dangereux. Ils pourraient tout remettre en cause. Si si, ça c’est vu par le passé. Il faut donc les dresser, les rendre dociles, corvéables, contrits et plein de gratitude envers leurs maîtres. Il en va de l’avenir de Rennes métropole.
Or les chômeurs et précaires n’ont pas besoin qu’on les mette sous tutelle, qu’on les infantilise, ils ont besoin d’être considérés comme des égaux capables de penser par eux-même, et non comme des choses à gérer ou des demeurés qu’il faut mettre au boulot quoiqu’en soit le prix. Ce qui est, à ce qu’il nous semble, le désir de tout un chacun ici.
Le collectif du 3 mai
et quelle fut la réaction d’Aubenas?
C’est quoi le collectif du 3 mai? Aurais-je un défaut de connaissance historique ou un défaut d’appréhension de la situation locale?
C’est juste pour savoir en gros, non pas qui mais ce que ça porte et dit!
L’explication sur le 3 mai est dans la colonne infos globales dans l’article “thèses sur la grève des chômeurs et précaires” (impossible de mettre le lien ici)
Bonjour, je voulais savoir si vous avez mis en ligne la vidéo, il me semble que le collectif à filmer toute la conférence.
Quel est donc le lien pour voir la conférence ?
Merci?
J’étais à la conférence mais je souhaiterais la revoir
Après la lecture de ce texte, Florence Aubenas a remercié le collectif pour ses “éclaircissements sur la situation à Rennes”.
On peut penser qu’une bonne partie du public a accueilli plutôt chaleuresement l’intervention puisqu’elle a été suivie d’applaudissements d’une bonne partie de la salle.
Le collectif du 3 mai est un collectif qui réunit un ensemble d’associations de chômeurs et de membres d’organisations syndicales ou politiques : AC, MCPL, Sud étudiants, AL, CNT, FASE, objecteurs de croissance, …
Les organisations mentionnées n’ayant pas eu le loisir d’amender ou de valider le texte dont il a été fait lecture. Le MCPL a préféré se contenter de mentionner l’existence du nom provisoire “collectif du 3 mai”.
Le 3 mai devant constituer une étape importante dans la construction d’une mobilisation unitaire des chômeurs et précaires. Plus de détails dans “appel de la coordiantion des chômeurs et précaires…” ainsi que dans des textes à venir.
Merci pour cette info concernant cette opération de ce que j’appelerais “socialwashing”. Madame Aubenas qui défend les exploiteurs en déclarant qu’ils ne sont pas responsables mais qu’ils ne font qu’utiliser le système qui permet l’exploitation, participe de fait à une opération de “socialwashing” et par la même occasion vient vendre son bouquin. Lui avez vous demander quels sont ses revenus et combien la municipalité l’a payé pour cette soirée. Quant à la collusion entre la police et la municipalité il faut rappeler que le maire est le premier officier de police de la municipalité et que ses pouvoirs sont particulièrement étendus . Les seuls “rappels à l’ordre” qu’un maire puisse recevoir sont ceux de l’état .
Sortir de l’invisibilité pour les gueux c’est s’exposer à prendre des coups de bâtons sur la gueule.
Ce n’est certainement pas ce que ces gens là déclareraient mais ce sont eux qui ordonnent et cherchent à se blanchir aprés coups .
des arguments :
– Thèses sur la grève des chômeurs et précaires
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4997
– Nous préférons… une grève des chômeurs
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4754
– État social actif, ne pas céder sur nos désirs
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4968
– Nous sommes tous des irréguliers de ce système absurde et mortifère
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4124
jeudi 22 avril, divers rdv locaux pour des actions désarmons policemploi et contre le coaching