C’est un grand classique des contre-sommets et de toutes les manifestations « attendues » dans les médias, et nous ne nous étonnons pas le moins du monde : les journalistes ici et là, des manifs anti-G20 de Londres au contre-sommet de Strasbourg face à l’OTAN, seront dans leur immense majorité les banales crapules qu’ils sont en temps normal.

Servir les intérêts des puissants, c’est aussi chercher à tout prix les mêmes images, les mêmes phrases chocs, le même vide dans l’analyse…

Lorsqu’un manifestant anti-G20 se prend un coup de matraque dans le crâne, il a dans son dos un véritable mur d’objectifs photographiques. Lorsque c’est la vitrine d’une banque qui se fait défoncer, c’est au beau milieu d’une arène de journaleux enfin rassasiés. Lorsqu’un manifestant meurt entre les mains de la police, à Londres, presque rien, sinon l’hypothèse que les jets de pierre des manifestants auraient entravé la bonne coordination des médecins de la police. Pas une image, pas une vidéo…

« On veut voir les clowns ! » Vraiment ? La question de la violence et de la mise en scène de la contestation est, également, de notre côté, un thème qui a nourri la réflexion et l’action.

La pratique du clown-activisme, sympathique, novatrice et pour le moins efficace, a vu le jour aux alentours du contre-G8 de Gleneagles et, comme les « blacks blocs », des « die-in » et des marches silencieuses, est devenue partie intégrante du folklore des manifestations. Toujours exubérants, prêts à tout, les clowns disent eux-même que leur pratique est faite pour révéler la véritable nature des pouvoirs en place, en le ridiculisant dans sa laideur et son absurdité. Face aux couleurs, à la joie et au bruit, le capitalisme a vraiment une sale gueule.

Nous ne comptons plus les journalistes, aux abords des manifestations, du Centre de Convergence Molodoï et du Village Anti-OTAN qui désirent « voir les clowns ». Pourtant, lorsque ceux-ci se lancent, dans la journée de mercredi, dans une Parade Solidaire contre le Cirque Sécuritaire dans les rues de Strasbourg, il y a plus de caméras de flics que des médias. Lorsque l’Armée des Clowns réalise une conférence de presse au Centre de Convergence Molodoï… pas un seul journaleux, pas une seule journaleuse. La conférence de presse sans la presse, il fallait l’inventer !

Jamais la politique que nous désirons pratiquer ne les intéressera, ce qu’ils veulent, de Londres, à Strasbourg, en passant par Athènes, Oaxaca et Copenhague, c’est du spectacle. Que les acteurs soient grimés de couleurs vives avec un nez rouge ou bien entièrement vêtus de noir avec une cagoule, n’est finalement qu’un petit détail (même si, ne nous méprenons pas, c’est sur l’image des « casseurs violents » que toute la propagande sécuritaire ici à Strasbourg est en train de se faire) . Ils sont le spectacle, nous sommes contre le spectacle

http://scalp-reflex.over-blog.com/

le 5 avril 2009