Classes de lutte

« Lisibilité-visibilité », objectif indépassable de nos luttes ?

Les enseignants nous ont donné l’exemple d’une longue grève exemplaire, respectueuse des mots d’ordre syndicaux, alliant le plus grand pacifisme au plus grand civisme, les cours étant même quelquefois assurés par les professeurs grévistes. Ils ont renoncé à bloquer le BAC, le dernier moyen de pression à leur disposition, par peur de voir cet acte considéré comme violent par les média, par peur de se décrédibiliser aux yeux de l’opinion publique.

Les intermittents, eux, ont choisi massivement l’option d’une médiatisation maximale de leur mouvement. Peu syndiqués, ils ont élaboré jusqu’à un niveau encore inégalé des nouveaux modes d’apparition, allant de la manif festive à l’action symbolique, soucieux toujours, à travers les aspects spectaculaires mais sympathiques de leurs interventions, de se concilier les médias et l’opinion publique.

Le mouvement n’est pas mort ! ces cris n’auront été que la vaine conjuration de deux échecs laissant un fond d’amertume.

Qui espère encore sincèrement que nous ferons plier le gouvernement au sujet d’une réforme qui est déjà passée ? Est-ce vraiment ce que nous attendons de notre mobilisation aujourd’hui ?
Pourtant, nous en sommes encore à considérer le passage dans les médias, la lisibilité, comme un objectif indépassable de nos luttes, voir comme la seule forme de victoire possible.

Face à l’échec des grèves classiques comme des actions médiatiques, demandons-nous ce que nous désirons.

Pourquoi sommes nous ici en lutte, encore une fois ?
Aujourd’hui, que serait pour nous une victoire ?
Que désirons nous faire de nos luttes ?
Que désirons nous construire et avec qui ?

Quelques mécontents de l’ordre des choses

« Il faut beaucoup de chaos en soi pour accoucher d’une étoile dansante »