Biometrie dans les écoles
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BIOMÉTRIE AU COLLÈGE: DES PARENTS DÉPASSENT LES BORNES
Lorsque Suzette Dubos, principale du collège de Poussan (Hérault), a été démarchée par un entrepreneur en biométrie vendant son pack « contrôle de l’accès cantine », elle n’avait probablement jamais entendu parler du Livre bleu des industriels de micro-électronique publié en 2004.
Elle avait juste été sensible aux arguments de l’épicier : obsolète, le système magnétique ; finies, les cartes volées, détériorées, échangées ou oubliées ; à portée de (contour de la) main, la gestion en temps réel des effectifs du réfectoire, soit quelques 600 élèves.
Pourtant, ces quelques lignes tirées de l’ouvrage en question lui auraient peut-être mis la puce à l’oreille : « Plusieurs méthodes devront être développées par les pouvoirs publics et les industriels pour faire accepter la biométrie. Elles devront être accompagnées d’un effort de convivialité par une reconnaissance de la personne et par l’apport de fonctionnalités attrayantes… l’éducation dès l’école maternelle, pour [que] les enfants utilisent cette technologie pour rentrer dans l’école, en sortir, déjeuner à la cantine ; et les parents ou leurs représentants s’identifieront pour aller chercher les enfants. »
Toujours est-il que, conquise, elle avait voulu rapidement mettre en place le si pratique dispositif. Un courrier avait averti les parents que, le conseil général de l’Hérault (CG34) ne finançant plus désormais que les installations biométriques, l’empreinte des bambins (contour de la main) serait relevée la semaine du 16 au 20 juin.
Aux récalcitrants de se faire connaître, et fissa, puisque la lettre précisait qu’une absence de réponse vaudrait accord. Le flou sur le sort réservé à leur progéniture était volontairement maintenu, la direction de l’établissement laissant entendre qu’en l’absence de « plan B », ils mangeraient les derniers…
C’est d’abord l’empressement à servir la soupe biométrique à la cantine qui fit réagir les parents d’une vingtaine de collégiens, qui signifièrent leur refus et demandèrent qu’au moinssoit suivie la procédure légale. C’est que, bien qu’ayant pour la première fois refusé l’installation d’un dispositif reposant sur la reconnaissance des empreintes digitales le 26 juin 2008, la CNIL est loin d’être hostile à la biométrie en milieu scolaire tant qu’il s’agit de technologie du type « contour de la main », « réseau veineux », etc. Une procédure d’autorisation unique a d’ailleurs été mise en place en avril 2006 afin de simplifier les formalités pour les chefs d’établissement désireux de biométriser leurs élèves. Mais au-delà de la manière, les réticents ont commencé à exprimer qu’ils refusaient surtout un nouveau gadget de contrôle, conscients qu’être identifié à l’aide d’une partie de son corps dès le collège risquait de donner de mauvaises habitudes.
Cela aurait pu en rester là ; seulement voilà, la principale s’est entêtée, et les parents aussi.
Tractages, réunions, ils ont fait monter la sauce, jusqu’à suspendre des banderoles aux entrées des quatre villages concernés le week-end précédant le début des relevés. Et le jour J, après avoir distribué des gants en latex aux élèves, ils ont tout bonnement occupé le collège, recherchant – en vain – la borne biométrique pour empêcher les premiers relevés.
Chahut dans les couloirs, exclusion de 250 élèves qui refusaient d’aller en cours, et une gifle magistrale administrée par la principale à un parent qui contestait l’exclusion de sa fille…
Les occupants sont sortis, avant que les flics appelés par l’administration ne les y aident, mais après avoir obtenu le report
des prises d’empreintes – ainsi qu’une réunion le lendemain avec la principale, le CG 34, et l’entreprise en biométrie.
Conséquence inattendue : outre l’abandon du projet dans l’établissement, la polémique a amené le CG 34 à ne plus financer
les installations biométriques dans les collèges – à contrecoeur, comme le précisait début septembre le vice-président du CG34 délégué à l’Education, regrettant un « combat d’arrièregarde »: « ce système ne nous pose aucun problème, mais dans la mesure où certains considèrent que cela représente une atteinte à la vie privée, on laisse tomber. Ceci dit nous ne sommes pas contents. »
Malgré le retrait financier du CG34, certains établissements du département persistent à vouloir s’équiper, sur leurs fonds propres : Paulhan, Saint-André-de-Sangonis, Gignac, ou encore le collège de Clermont-l’Hérault, dont la principale affirmait à la rentrée : « Je n’enlève pas l’humain, je le déplace ailleurs, où il est plus utile. Dans la cour par exemple », avant de promettre un sondage et de convenir qu’il s’agit surtout de contrôler les absences : « c’est tellement important à leur âge de savoir qui ne mange pas ». Reste à souhaiter que ceux qui s’opposent à la biométrie s’inspirent de cet exemple d’efficacité; et à savoir si on peut faire de l’école un sanctuaire, sans questionner la présence de la biométrie à l’extérieur.
journal l’ENVOLEE: http://lejournalenvolee.free.fr/
brochure sur la biometrie: http://www.infokiosques.net/spip.php?article496
Et un site avec des infos sur la biomêtrie et l’évolution des pratiques des entreprises du controle en france et en europe: http://1984.over-blog.com
http://www.le69-3.org/spip.php?article1103
Excellente initiative, espérons que ça marchera.
Il y a effectivement plusieurs établissements scolaire concerné dans la région, au moins maine et loire et loire Atlantique.
Malheureusement nous n’avons pas tenu le recensement !
cf : http://pays-de-la-loire.emancipation.fr/spip.php?rubrique5
et le dernier numéro de Valeur mutualiste, le périodique de la MGEN (mutuelle de santé de l’éducation nationale) Si si, c’est sérieux : on y trouve un dossier sur les dangers de la bimétrie en milieux scolaire !