L’union de la gauche, ça n’a pas marché; Chirac et Giscard : ça
n’a pas trompé. Stone et Charden : ça n’a pas duré; Aglaë et
Sidonie ont disparu. Mais il restait une valeur sûre sur cette
Terre : l’École Émancipée, qui regroupait tout ce qui était peu ou
proue révolutionaire dans l’éducation, les trotskars et les anars
quoi ; pas toujours d’accord, mais un foisonnement d’actions, de
projets relayé par une revue-tribune libre ou tout le monde
pouvait s’exprimer librement, à la Indymedia…

Et puis, à force
de tous porter des blasers bleus, l’idée est venue à certains
qu’il fallait uniformiser, contrôler, canaliser ce bel élan. R comme Realpolitik et non plus comme Révolution. Éradiquée, l’émancipation. La revue est kidnapée, l’argent des abonnements avec, pour passer sous le kontrol d’une rédaction. Les
provocations se multiplient pour que les derniers émancipés, moins
habiles politiciens, claquent la porte dégoûtés.

Notre chère Loire-Atlantique restait une exception grâce à la vieille
camaraderie unissant les membres de son groupe départemental. Mais
un agent très spécial debarqua un jour avec son blaser bleu du côté de La Durantière. Un groupe de cinq s’organise pour normaliser le gd44 et arrive enfin la dernière réunion du groupe au complet en octobre. Les L5 ont jeté bas les masques ces derniers
jours et achèvent le boulot : à ma gauche, le Sage et le Candide
jouent le rôle de caution morale : “il faut être réaliste” dit le
premier, “vous nous avez calomniés! Maintenant, on passe pour les
méchants” pleure l’autre. À ma droite, les deux hommes de main :
le Chargé-de-propagande qui a téléphoné à tous les instits nantais
pour leur faire comprendre quelle était la vraie école émancipée,
et l’Agent-provocateur qui, froidement et minutieusement, a placé
dans nos mains le revolver pour que le meutre passe pour un suicide. D’ailleurs, la couleur bleu-ciel-chemise-de-flic qu’ils
ont choisi pour leurs bannières “No Raffaran” est bien connue dans
les commissariats pour ne pas craindre les tâches de sang. Et puis, le bleu ciel, ça fait gentil : pas dangeureux pour deux sous nos petits anges voletant dans les manifs en chantant de gentils psaumes. Mais il en manque un. Son masque de Bafaman a bien
dissimulé Raminagrobis au printemps. Son bon sourire de gentil
poupon rassure. Et puis la pochette bleu ciel est si bien
assortie au blaser. Elle cache si bien les longues dents de
Ramina. “Approchez, approchez, venez préparer le vrai G.D. dans
mon antre de la Durantière”. Mission accomplie, les L5 ! Vous avez
tué le GD. La route est libre pour la conquête du pouvoir. Vous
vous êtes débarrassé de ces femmelettes qui ne comprennent rien à
la Realpolitik. Pourtant, toutes lavettes que nous sommes, nous ne
sommes pas des figurants sur le terrain. Avez-vous fait le bon
calcul ?