Numéro: 28

DATE: 24 octobre 2003

Le guerre anti-populaire du MGK* se poursuit avec la signature de l’AKP**

L’AKP reconduit le régime fasciste du 12 septembre!

Leur gouvernance est une véritable mise en scène.

Dès que l’on voit ou l’on révèle l’envers du décor, ils nous bâillonent.

Manifestement, le recours à « la terreur et la démagogie » pour assurer la survie du pouvoir fasciste est une pratique immuable pour tous les gouvernements de notre pays et ce, depuis 53 ans. En effet, les gouvernements qui se sont succédés depuis, ont tous recouru aux mêmes méthodes, à des degrés divers, pour s’acquitter de cette mission.

Que ces partis gouvernementaux aient eu une apparence « de droite », « de gauche », « nationaliste », « conservatrice » ou « libérale » ne change absolument rien à l’affaire.

L’AKP « islamiste » n’y fait pas exception. Sur le plan politique, l’administration AKP est singulièrement fasciste.

Depuis un an, ce parti ne fait que reconduire le même régime.

Toute description de l’AKP qui est contradictoire avec ce constat relève du mensonge et de la supercherie.

Il y a quelques jours, une nouvelle preuve de leur fausseté est apparue.

Il s’agit d’un article publié dans le quotidien Cumhuriyet (République) datant du 22 octobre dernier qui parle de l’envoi par le ministre (AKP) de l’intérieur aux gouverneurs de 81 provinces d’une circulaire annonçant la mise sur pied d’une nouvelle organisation spécialisée dans la « guerre psychologique ».

D’après cette circulaire, la « présidence du département des relations publiques » qui est sous la direction des gouverneurs de province est devenue « la présidence du département des relations avec la société ».

Tous ceux qui connaissent le régime de notre pays et la langue juridique que celui-ci utilise, savent qu’ils ne s’agit pas d’un simple changement de nom. D’ailleurs, Les autres sujets de la circulaire en disent long sur le contenu de cette modification.

L’AKP parle de rendre la guerre psychologique plus efficace. Il parle aussi d’élargir le front de la guerre psychologique à toutes les provinces du pays alors qu’auparavant, cette guerre était limitée aux régions « sous état d’exception » et aux « provinces délicates ». Cette circulaire préconise de mener cette guerre de manière plus intense et mieux camouflée.
Dorénavant, les exactions que la « présidence des relations avec la société » liée au MGK a perpétrées seront commanditées par le ministère de l’intérieur.

Cette « guerre psychologique » dont ils parlent, est une guerre contre le peuple qui comprend une série d’aspects: assassinats non élucidés, calomnies provocatrices visant à semer la haine parmi les communautés religieuses les minorités nationales, tortures, disparitions etc.

Ils parlent de démocratie tout en réorganisant la contre-guérilla !

Le 27 août dernier, le quotidien Radikal avait révélé l’existence d’un code secret régulant le fonctionnement du secrétariat général du MGK. Au même moment, le gouvernement AKP parlait des grandes « réformes » au sein du MGK, de la démocratisation « qui avait franchi des pas décisifs » et de la « levée des plus grands obstacles à l’harmonisation avec l’UE ».

Ce règlement devait être abrogé à partir du mois de novembre. Par contre, la circulaire qui prévoit la réorganisation de la contre-guérilla sous la direction des gouverneurs a été communiquée le 30 avril. Ainsi, ils abolissent un règlement pour le remplacer par un autre.

Lorsque l’un des règlement du MGK a été caduc, tous les « européanistes », depuis les dirigeants de l’AKP jusqu’à leurs courtisans, claironnaient la « démocratisation » tant attendue; entre-temps, nous avions prédit que la guerre contre le peuple menée par le pouvoir fasciste allait se poursuivre à travers l’une ou l’autre institution, l’un ou l’autre règlement.

Comme à chaque fois, l’histoire nous a donné raison.

Entre l’AKP et le MGK, le problème, ce n’est pas « les libertés »!

Certaines lois ont ainsi été abrogées sous le titre d’ « harmonisation avec l’UE ».

Cette manoeuvre permet au pouvoir de sauver le régime fasciste. Il n’y a pas l’ombre d’une différence entre la mentalité du MGK et de l’AKP. En effet, les points de référence de l’AKP ne sont autres que le MGK et se directives.

L’AKP n’est pas contre le MGK; ce parti veut juste faire lui-même ce que le MGK a toujours fait. Il veut faire cavalier seul. Qui assurera la gouvernance du fascisme? Qui sera déterminant dans la vie politique? Telles sont les questions à se poser. La prédominance politique est le seul et véritable point de dispute entre le MGK et l’AKP.

A propos du port du voile, des écoles coraniques (Imam Hatip), où du Conseil supérieur de l’éducation (YÖK), les ministres AKP et les généraux sont en désaccord, mais pour poursuivre la « guerre psychologique » contre le peuple, ils n’hésitent pas à se liguer. Ils n’ont rien de différent quand il s’agit des « libertés ».

Ils partagent la même définition de la « démocratie ».

Pour les uns et les autres, la « démocratie » n’est qu’un apparat, un miroir aux alouettes.

Leur divergence relève plus de la querelle et leur motivation: le profit, les dividendes.

Finalement, l’appareil de guerre psychologique du gouvernement AKP et le réseau lié au secrétariat général du MGK ont le même objectif. Quand l’existence de ce règlement secret est apparu, certains parlaient de ces procédés comme s’il s’agissait d’histoire ancienne.

Certains intellectuels venaient de découvrir avec un grand étonnement ces « pratiques qui trahissaient l’hostilité du pouvoir envers le peuple ».

A présent, avec cette structure que l’AKP est entrain de mettre sur pied dans 81 provinces, ces mêmes intellectuels n’ont plus qu’à traduire le verbe « trahir » au présent et au futur.

Les défenseurs de l’indépendance et de la démocratie doivent se libérer de leur erreur d’appréciation concernant l’AKP!

Tant que ce système perdurera, quel que soit le parti qui accède au pouvoir, la guerre contre le peuple se poursuivra. Cela fait partie de l’essence de ce système. Sans combattre le peuple, ce système ne peut tenir un seul jour.

Ceux qui prétendent que l’AKP suit la bonne voie, que ce parti rend service à la démocratisation du pays à travers les lois d’harmonisation à l’UE sont des ignares qui permettent au fascisme de tromper le peuple ou alors ce sont des ennemis conscients du peuple.

Le peuple n’a rien à attendre de l’AKP, du moins, certainement pas en matière de droits et de libertés.

Le peuple peut néanmoins arracher ces droits au pouvoir AKP mais cela implique qu’il se batte contre ce pouvoir.

Face à la lutte populaire, l’AKP est, à l’instar des juntes du 12 mars, du 12 septembre ou des gouvernements ANAP (parti de la mère patrie), DYP (parti de la juste voie), SHP (parti populaire sociale-démocrate), DSP (parti de la gauche démocratique), MHP (parti d’action nationaliste) un pouvoir susceptible d’utiliser toutes les formes de gouvernance occulte, sanguinaire, à l’exemple du MGK. Depuis le 12 septembre 1980, la guerre contre le peuple qui dure depuis 53 ans est devenue plus systématique, plus istitutionnalisée et plus intense. L’AKP poursuit cet héritage de guerre.

Rien que durant ce mois-ci, les tortures, les exécutions, les enlèvements, les razzias policières, les arrestations destinés à empêcher le peuple de s’organiser, se sont produits à une cadence infernale.

Dans la poursuite de cette politique de terreur, il n’y a pas le moindre désaccord entre les « civils » et les « militaires ». Les ministres de l’AKP et les bureaucrates qu’ils ont nommé, font partout régner la répression et la terreur, main dans la main avec l’armée et la police. En d’autres termes, la lutte contre le fascisme, c’est la lutte contre l’AKP.

Notre peuple ainsi que toutes les forces politiques d’opposition doivent se défaire de leurs préjugés favorables à l’encontre de l’AKP. Ce fourvoiement est un boulet au pied qui fait obstacle au développement de la lutte du peuple.

Devrimci Halk Kurtuluş Partisi
Parti révolutionnaire de libération du peuple

* MGK: Milli Güvenlik Kurulu, conseil national de sécurité, organe suprême de direction de l’Etat dominé par l’état-major de l’armée

**AKP: Adalet ve Kalkinma Partisi, parti de la justice et du développement, actuel parti au pouvoir. L’AKP détient la majorité au parlement.