26.000 personnes pour le processus de paix au pays-basque
Catégorie : Global
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26.000 personnes exigent que cessent les attaques au processus
Gara 12/11/2006 _ traduit par cspb
Manifestation «Euskal Herriak autodeterminazioa»
Des milliers de personnes exigent que cessent les attaques au processus
Arnaldo Otegi réitère l’engagement de la gauche abertzale d’ «aller jusqu’au bout»
La réclamation de l’autodétermination et de la territorialité pierres angulaires d’une solution au conflit basque a reçu une forte impulsion sociale à Bilbo. 26.000 personnes, selon le comptage de GARA, ont suivi la marche dans laquelle furent dénoncées les attaques à Euskal Herria. Dans l’acte final, Arnaldo Otegi a demandé de la responsabilité et de l’ambition aux agents et gouvernements pour mener le processus jusqu’au bout.
BILBO
Bilbo a accueilli hier la plus grande mobilisation politique ayant eu lieu en Euskal Herria depuis la manifestation plurielle du 1er avril qui, juste une semaine après le cessez-le-feu d’ETA, reclamait d’avancer vers la solution du conflit. Sept mois après, avec les choses plus ou moins où elles étaient, la gauche abertzale est sortie dans les rues de Bilbo, des milliers et des milliers de citoyens basques pour continuer à donner une impulsion au processus à travers le soutien à l’autodétermination. A eux tous et toutes, s’adressa depuis la tribune Arnaldo Otegi, après que les appelants à l’acte «Euskal Herriak autodeterminazioa» soulignent la nécessité de continuer à s’organiser et mener cette revendication dans tous les recoins. Il y avait de l’expectative pour savoir où fixait Otegi la photographie du moment actuel, et le porte-parole de Batasuna eut recours à un dicton arabe: «La nuit est plus obscure juste avant l’aube». Avant il l’avait dit avec d’autres mots : «Les choses ne vont pas bien, mais l’opportunité demeure là».
Otegi insista sur le fait que le processus est en situation de crise et blocage, et remarqua que la gauche abertzale doit le dire parce qu’elle veut sortir de là et parce qu’elle a aussi un engagement de dire la vérité à la société. Sur ce point, il demanda d’abandonner les «excuses», après une journée qui arrivait marquée par une intense poudrière médiatique et politique autour du confus incident nocturne à Bilbo. «Qu’ils cessent une fois pour toutes de mettre la balle dans le camp d’ETA, celui de la kale borroka (lutte de rue) ou je ne sais où. La balle est en premier lieu dans le camp des partis politiques d’Euskal Herria, en deuxième lieu dans celui du gouvernement espagnol, pour qu’il cesse dans les agressions à la gauche abertzale».
Devant les plus de 26.000 personnes réunies devant la Mairie de Bilbo avec des pancartes en faveur de l’autodétermination et beaucoup d’ikurriñas, Otegi mit en évidence le paradoxe que suppose le fait que «les pacifistes officiels aient peur de la paix et du débat politique» et, parcontre, «ce sont les ‘agressifs’ et les ‘violents’ qui le désirons». Il en apprécie un motif clair: «Il savent que leur projet est faible. Et nous savons que nous gagnerons l’indépendance si nous pouvons décider librement dans ce peuple ». Ses paroles firent retentir à nouveau des cris de «Independentzia!».
«Enorme dimension»
Otegi commença son intervention avec une explication presque académique qui cherchait à donner son authentique relief à l’actuel moment: «Ce que nous voulons faire a une énorme dimension. Nous voulons dépasser un conflit armé qui dure depuis des siècles. C’est l’objectif, et pas un autre». Pour cela, il affirma que la gauche abertzale agit avec une pleine responsabilité, il réclama la même «ambition historique et détermination» de la part des autres agents, et laissa un avis très net et souligné : «La gauche abertzale ne souscrira pas un accord, ni maintenant ni jamais, qui ne contienne pas les minima suffisants pour garantir un cadre démocratique dans ce pays et solutionner le conflit». Abondant dans cette analyse historique, Otegi a dit que tout au long de successives décénnies de l’histoire d’Euskal Herria il y a eu «trois facteurs qui demeurent inaltérables : le débat sur notre vertébration territoriale, le débat sur le droit à décider et le débat sur le pourquoi les états utilisent en permanence la répression contre les rebelles basques. C’est cela le processus, pas autre chose: donner une solution démocratique à ces trois débats».
Pour cela, il demanda aux partis basques de mettre en marche le dialogue multilatéral («c’est à nous que cela correspond, à personne d’autre»), accordant le procédé pour cela. Et il répondit au Gouvernement espagnol paraphrasant les paroles utilisées par sa vice-présidente, María Teresa Fernández de la Vega, la veille: «La gauche abertzale n’accepte pas non plus de tutelles ni de chantages ni de conditions».
«C’est en nos mains»
Avant lui étaient intervenus plusieurs des personnes ayant convoqué cette manifestation pour l’autodétermination, la plus importante mobilisation à ce jour dans cette dynamique qui veut parvenir dans tous les recoins. Joxe Abaurrea explica en castillan que «il y a beaucoup à faire, il ne faut pas rester à se contempler. Le processus n’est pas entre les mains de Zapatero ni de Chirac, il est entre nos mains». Les convoquants et des personnes référantes de la gauche abertzale (Rafa Díez, Juan Mari Olano, Tasio Erkizia, Amparo Lasheras, Iñaxio Agirre, Arantza Urkaregi, José Ramón Aranguren) avaient porté la pancarte de tête, précédée d’une grande ikurriña qui s’ouvrit le pas à dures peines par la rue Autonomía dont les trottoirs étaient bondés.
Plus de 26.000 voix pour la solution.
La manifestation réunit près de 26.000 personnes selon le comptage réalisé par GARA à deux points:à la fin de la rue Autonomía (la marche tournait pour entrer à General Concha avant d’arriver à Zabalburu, car cette place est encore en travaux) et en débouchant sur la Plaza Circular. Par ces deux points passa une moyenne de 750 personnes par minute pendant 35 minutes de façon ininterrompue, ce qui laisse clair que la défilé était long. De fait, s’il commença à Aita Donostia peu après 17:10 et l’acte final ne commença pas avant près de 18:30, 80 minutes plus tard. –
«C’est maintenant qu’il faut être là», le message de De Juana
Otegi conclut son intervention avec un message fort, tant par son contenu par sa provenance. Le mahaikide le décora avec un coup d’effet en cachant le nom de l’auteur de la missive, qui lui était arrivée en en février depuis la prison. Il dévoila finalement que la prison était celle d’Algeciras et l’auteur, Iñaki de Juana Chaos.
Mais l’importance réelle résidait dans le message, ce que Otegi mit en avant. Dans la lettre, De Juana transmet des encouragements au porte-parole de Batasuna dans un moment difficile et il l’illustre avec une anecdote: «En 1984, la dernière fois que j’ai vu Txomin Iturbe en vie, il me dit: ‘Quand moins nous plaît la tournure des évènements, c’est quand plus nous devons être là’». De Juana encourage Otegi, donc, à «être là plus que jamais», et le mahaikide voulut faire sienne cette devise et la transmettre à son tour à la foule réunie à Bilbo et aussi au Collectif de Prisonniers Politiques : «Il faut être là, nous voulons que vous soyez là, parce que nous nous rapprochons», affirma-t-il dans une grande ovation.
Avant d’arriver à ce point, il souhaita demander de la confiance et rendre à son tour la «tendresse à tous ceux qui nous la transmettez». Il assura que «nous savons que vous êtes préoccupés», mais aussi «que vous êtes confiants. Souvent les choses paraissent noires, sans solutions, et il n’y pas d’autre solution que de continuer à s’organiser et lutter». Il cita concrètement les prisonniers et exilés, ceux qui «devez faire des milliers de kilomètres pour voire vos êtres chers», aux inculpés du 18/98 qui sont à Madrid depuis un an et, en général, «à tous ceux qui parfois êtes fatigués ou préoccupés».
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