Zidane et danone, hors du bangladesh !
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Zidane et Danone, hors du Bangladesh !
Zidane parade au Bangladesh, au service de Danone, la multinationale numéro un mondial des produits frais avec un chiffre d’affaires pour le premier semestre 2006 de 7,21 milliards d’euros et 200 usines dont la moitié est en Asie.
Le Bangladesh est un pays où les masses populaires sont parmi les plus exploités, à un point tel qu’en France le mot est synonyme de pauvreté, de dénuement.
47% de la population (de 140 millions de personnes) vit en-dessous du seuil de la pauvreté, les pirates écument la côte et coulent des centaines de bateaux, l’Etat a pris la troisième place dans le classement (bourgeois) des pays les plus corrompus après avoir été cinq années de suite à la première place, des dizaines de millions de personnes se retrouvent régulièrement sans abri à cause de la mousson et du manque d’infrastructures…
Quand à l’aide de l’ONU et des organisations humanitaires, elle s’est avérée dramatique.
Leurs « aides » fournies dans les années 1970 pour le forage de puits pour aider la population à avoir de l’eau « propre » (250 000 enfants mourant alors chaque année à cause de l’eau non potable) a abouti au plus grand empoisonnement collectif de l’histoire de l’humanité, car la moitié des millions de puits fournis est contaminée à l’arsenic, condamnant à mort des centaines de milliers de personnes.
Aujourd’hui encore il faudra 30 ans pour recenser les puits et il n’existe aucun remède contre l’empoisonnement chronique à l’arsenic.
Si l’on ajoute à cela les trois millions de morts au Bengale causée par la mauvaise gestion des récoltes lors de l’occupation anglaise dans les années 1940 puis le massacre de trois millions de personnes par l’armée pakistanaise lors de l’obtention de son « indépendance » en 1971, on comprend ce qu’ont enduré les masses.
Cela signifie : la lutte, comme par exemple contre ces industries totalement au service de l’impérialisme, où sont produits par exemple les chaussures Predator d’Adidas portées par Zidane à la coupe du monde de football, et où les travailleurs sont payés 10 euros par mois pour une douzaine d’heures par jour, tous les jours.
La lutte, c’est par exemple rien qu’aux mois de mai-juin 4.000 usines en grève sauvages, 16 étant détruites dans des émeutes et une centaine d’autres pillées.
La révolte partie des zones industrielles (naturellement servant les entreprises impérialistes) de la banlieue de la capitale Dhaka se propagea même dans la ville elle-même, avec des pillages, se transformant en émeute, avec des attaques contre les bâtiments commerciaux.
Les revendications des masses – fin de la répression anti-ouvrière, libération des ouvriers emprisonnés, augmentation des salaires, paiement des salaires en retard, jours de repos par semaine, paiement des heures supplémentaires, jours fériés – jours fériés – finirent par être acceptées par l’Etat.
Des revendications qui avaient d’ailleurs déjà par le passé été accepté par l’Etat, mais jamais appliqué.
Suite aux affrontements avec les milices patronales et les flics (suivies de l’intervention de l’armée), 3 ouvriers ont été tué, quelques milliers blessés, plusieurs milliers emprisonnés.
Le mouvement avait de même atteint une telle ampleur qu’à certains moments c’était des zones entières d’« économie spéciale » (EPZ), c’est-à-dire de production ultra-exploitée pour l’impérialisme, qui durent être occupées par l’armée.
Et les troupes protégeant ces zones vitales pour l’impérialisme, ce sont d’ailleurs désormais les « Rapid Action Battalion », c’est-à- dire les mêmes troupes spéciales de contre-guérilla qui affrontent les naxalites.
Car au Bangladesh les organisations pratiquant la guerre populaire sont très nombreuses, sont connues des masses (depuis 1971 et la lutte armée pour l’indépendance), les principales étant le Parti Prolétarien du Bengale de l’Est (Mouvement de Réorganisation Maoïste Bolchevik), le Parti Prolétarien du Bengale de l’Est (Comité Central), le Parti Communiste du Bengale de l’Est (Marxiste- Léniniste) (Drapeau Rouge), le Parti Communiste du Bengale de l’Est (Marxiste-Léniniste) (Guerre Populaire), à côté d’autres organisations dont le Parti Prolétarien du Bengale de l’Est (Centre de Construction Maoïste), le Parti Communiste du Bangladesh (Marxiste-Léniniste) (Dutta), le Parti Communiste du Bengale de l’Est (Marxiste-Léniniste), le Nouveau Parti Communiste Révolutionnaire (Marxiste-Léniniste), les Forces de la Liberté Populaire, le Parti Prolétarien du Bangladesh (Zia).
Les maoïstes ont une très grande tradition au Bangladesh, une tradition de lutte qui va très loin en arrière, jusqu’à la période où ce pays faisait partie de l’Inde (colonie anglaise).
A l’indépendance de l’Inde en 1947, les impérialistes ont poussé à la création d’un Pakistan, État dont les deux régions (le Pakistan occidental et le Pakistan oriental) sont séparés de 1.700 km, l’un étant à l’ouest de l’Inde (le Pakistan actuel), l’autre à l’Est (le Bengale oriental, le futur Bangladesh).
C’est-à-dire que l’impérialisme a empêché la naissance d’un grand Bengale, divisant le pays en une zone « hindoue » en Inde (le Bengale occidental, ayant Calcutta pour capitale) et une zone « musulmane » (le Bengale oriental, qui deviendra le Bangladesh), rattachant fictivement le Bengale oriental à un Pakistan à 1.700 kilomètres ayant des traditions nationales totalement différentes.
Le Bangladesh, exploité et totalement dominé par le Pakistan (occidental), arrachera son indépendance en 1971, à un prix sanglant (3 millions de morts), et encore cela ne sera que pour passer sous la dépendance de l’expansionnisme indien.
La visite de Zidane, icône de la culture impérialiste, est une insulte à l’histoire des masses populaires vivant au Bangladesh, à l’énorme vague de lutte ouvrière là-bas qui, même totalement passée sous silence par l’impérialisme, est un apport essentiel à la nouvelle vague révolutionnaire mondial.
De la même manière, c’est dans ce contexte historique de la lutte révolutionnaire au Bangladesh qu’il faut comprendre l’obtention du prix Nobel de la Paix par Muhammad Yunus, banquier qui au Bangladesh est l’apôtre du capitalisme dans les campagnes – d’ailleurs les Nations unies avaient décrété 2005 année internationale du microcrédit.
Non content d’exploiter les paysans en les dépossédant de toutes terres, l’impérialisme utilise des gens comme le banquier Yunus pour les enchaîner encore davantage avec le « micro-crédit », forme moderne de l’usure, puisque les taux vont de 20% à 30% par an !
Les bénéfices de ce mini capitalisme local, qui ne remet en rien en cause la domination des multinationales sur l’ensemble des richesses, vont aux infrastructures qui servent les impérialistes : la Grameen Bank par exemple sert à la construction de lignes de téléphone (l’écrasante majorité des 85.000 villages du Bangladesh n’en a pas), au point que Grameen Phone est le premier fournisseur de téléphones portables du pays et que Grameen Telecom fournit les téléphones portables aux villages!
Tous ces micro-crédits :
1.servent donc à la formation d’entreprises capitalistes individuelles ou familiales, pour enraciner toujours davantage le capitalisme, la Columbia Business School ne s’y est pas trompé et nomme son étude « Grameen Bank: Taking capitalism to the poor » (« Grameen Bank : Amener le capitalisme aux pauvres »);
2.permettent la formation d’unités économiques bureaucratiques se chargeant de développements technologiques servant les intérêts généraux de la domination impérialiste dans le pays.
La visite de Zidane n’est donc pas le fruit du hasard : celui-ci a inauguré une usine de production de « yaourts bon marché pour les millions de pauvres des campagnes » (selon Yunus lui-même) ce qui n’est ni plus ni moins que du capitalisme le plus classique.
Cette usine agroalimentaire est détenue à parts égales entre Danone et la Grameen Bank, l’institution de micro-crédit de Yunus, c’est-à- dire entre l’impérialisme et le capitalisme bureaucratique local.
Cette usine est la première d’un plan de 50 usines dans les 10 ans, qui doit aider à la réorganisation du tissu économique capitaliste local (achats de produits locaux, ventes locales), c’est-à-dire que sans la Grameen Bank et le microcrédit pour aider à l’élevage des vaches, à la production d’équipement de l’usine, à la rémunération des 2000 «Grameen ladies» servant de relais de distribution, Danone n’aurait tout simplement pas de clients pour ses yaourts…
Une gestion locale effectuée par des étudiants de la principale école de commerce française, HEC, école de commerce ayant d’ailleurs nommé Yunus professeur Honoris Causa en octobre 2005…
En juin 2005, soit plus d’une année avant l’obtention du prix Nobel de la paix, Jacques Chirac avait salué le travail de Muhammad Yunus lors de son discours à la conférence internationale de Paris sur la micro-finance.
En langage économique bourgeois, tout ce processus est expliqué ainsi : « L’un des objectifs à travers Grameen Danone Foods est de contribuer à développer une activité économique de proximité et à créer des emplois induits dans le secteur agricole, ou dans la vente et la distribution. Afin d’assurer la pérennité de l’initiative, l’idée est de proposer des solutions de micro- financement appropriées ainsi que des formations professionnelles adaptées aux membres des communautés locales qui prendront part au projet. » (communiqué Danone du 16 mars 2006).
En langage clair, cela signifie que ces zones rurales, totalement laissées à l’abandon mais gorgées de main d’oeuvre, doivent être reconquises à tout prix et retirées à l’influence de la révolution, pour cela il faut les « intéresser » au capitalisme et les « intégrer » à la restructuration du capitalisme bureaucratique, lui-même au service de l’impérialisme.
Danone peut alors bien affirmer que son but n’est pas les bénéfices – en réalité son objectif n’est pas les bénéfices aujourd’hui, il s’agit d’un plan à long terme, d’une stratégie pour arracher du capital là où il y en a encore, aussi petit soit-il !
Franck Riboud, PDG de Danone, ne s’en cache d’ailleurs pas : « Je suis profondément convaincu que notre futur repose sur notre capacité à explorer et inventer de nouveaux business modèles et de nouveaux types d’entreprises. »
Tout ce plan impérialiste n’a donc aucun avenir et volera en éclats.
Les tentatives de sauvetage du capitalisme par ses tentatives d’extension dans la zone des tempêtes au sein des masses les plus pauvres des pays semi-coloniaux semi-féodaux ne répondent en rien aux besoins réels des masses. Ce qu’elles veulent, c’est le pouvoir.
Ce qui sert le peuple, c’est la guerre populaire pour la révolution agraire, pour l’anéantissement des despotes de la ville et de la campagne, pour la destruction de l’Etat au service de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique.
84% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition – leur situation pourra-t-elle changer avec quelques usines Danone?
Non. Au Bangladesh, les paysans pauvres (moins de 0.2 hectares) représentent 65% de la paysannerie, tandis que 21% n’ont qu’entre 0.2 et 0.6 hectares, 16,7% de paysans riches possèdent les deux-tiers des terres (et 75% des parlementaires sont des propriétaires terriens) : voilà l’actualité de la question agraire.
Résoudre la question agraire, c’est permettre la révolution de nouvelle démocratie, qui elle seule peut écraser les forces islamistes fascistes et chasser l’impérialisme.
Vive la guerre populaire mondiale !
Pour le PCMLM, novembre 2006.
Source : http://www.lescommunistes.net/~infos/
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