La manifestation d’extrême droite, environ 150 personnes, était regroupée au pied du futur centre d’accueil, une gendarmerie vide depuis plusieurs années. De notre côté, nous nous trouvions au pied de la mairie, en nombre légèrement supérieur. Les véhicules de beaucoup d’entre nous ont été fouillés sur le chemin de la manifestation. Nous aurions voulu approcher les fascistes pour les faire partir mais les gendarmes mobiles nous ont vite bloqués. On voyait les fascistes au loin avec leurs drapeaux tricolore et breton mais les gendarmes nous ont empêchés de les chasser. La veille de leur rassemblement, ils avaient écrit sur le centre d’accueil des slogans anti « invasion ».

Les fascistes sont ensuite revenus vers la mairie où nous nous trouvions. Ils venaient récupérer leur voiture, entourés du service d’ordre DPS du Rassemblement National armé de gazeuses. Les gendarmes nous repoussaient et ils nous ont gazés en tentant d’arrêter quelqu’un. Malgré les tentatives de provocation, ils ont perdu dans leur bataille un drapeau et n’ont pas pu aller boire au bar comme ils en avaient l’intention.

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Une partie de la population, ici et ailleurs en France, représentée notamment par l’extrême droite, refuse d’accueillir les migrants, de peur d’être envahie, remplacée, volée ou mise en concurrence. Les migrants représentent pour elle tous les dangers, tous les malheurs, toutes les causes de leurs problèmes. Elle ne les voit plus comme des êtres humains en détresse, comme des frères et sœurs à accueillir, mais des envahisseurs tout juste bons à couler en méditerranée à bord de leurs rafiots en plastique. Elle ne voit dans ces hommes et ces femmes s’entassant par milliers dans des campements insalubres que des nuisances dont débarrasser la voie publique.

Cette vision des choses est inhumaine, elle est également imbécile car elle passe à côté des causes de l’appauvrissement collectif, du mal-être général, des périls réels auxquels nous faisons face (destruction de la planète, guerres…).

Cette vision des choses oublie que nous descendons tous de migrants, et que nos enfants pourraient l’être à leur tour. Ils pourraient à l’avenir souffrir de ces frontières dont nous sommes si friands. La fortune, ne l’oublions pas, est réversible.

Plutôt que de nous serrer les coudes face aux principaux responsables de nos maux (les états, les multinationales, les chefs petits et grands, les tyrans domestiques…) une majorité d’entre nous préfère haïr les plus faibles. La communauté nationale, fiction dans laquelle coexistent exploiteurs et exploités, victimes et bourreaux, redevient, partout à travers le monde (au Brésil, USA, Italie, Russie, etc.) le refuge pour les peuples en mal de repères. Que ce refuge soit un piège, qu’il ait derrière lui des tas de cadavres, tout le monde semble l’oublier.

Les syriens quittent leur pays car leur dictateur veut à toute force maintenir l’unité de l’État hérité de la colonisation au prix de centaines de milliers de mort. Les irakiens ont quitté leur pays car des fous voulaient bâtir un État islamique. Les raisons des départs sont terribles et nombreuses. De partout viennent aussi des gens qui ne parviennent plus à subsister sur leurs terres ravagées par l’extension illimitée du capitalisme. Et que font les pays occidentaux ? Ils ferment leurs frontières et laissent les gens mourir à leurs portes.

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L’extrême droite ne cesse de pousser, depuis des décennies, à une restriction de l’accueil des migrants, que l’État, qu’il soit de droite, de gauche ou macronien, s’empresse d’appliquer. Le vote de la loi « asile et immigration » en est la dernière illustration.

Les conditions d’hébergement proposées par l’État et dénoncées par l’extrême droite pour leur soi-disant luxe, sont en réalité généralement tout sauf correctes, voire carrément pourries, tenant plus de la prison que de l’hébergement.

Combattre l’hostilité envers les migrants ne suffit pas, nous ne pouvons nous contenter des pseudos solutions concédées à certains migrants par l’État. Comme cela a déjà été fait dans d’autres villes, l’hébergement des migrants devrait être prise en charge collectivement, par le peuple, par tous ceux qui sont attachés à la solidarité entre êtres humains. Les migrants ont besoin de lieux accueillants, de personnes avec qui discuter, s’organiser, vivre. La froide et inefficace machine administrative ne suffit pas et ne suffira jamais.

La région redonnaise, désindustrialisée et en cours de désertification, regorge de bâtiments vides, alors qu’attendons-nous pour agir ?

Des participants à la contre-manifestation du 13 octobre à Allaire

Contact mail : vilaine(at)riseup.net