Pour contextualiser si besoin : c’est hyper répandu dans les luttes féministes de parler de « copines » pour se référer aux meufs avec qui on milite. En soi, ça paraît pas être un problème, notamment qd on sait que pr bcp de meufs, la « bouffée d’air » qui accompagne l’arrivée ds la lutte féministe est aussi souvent nourrie de nouvelles affections, amitiés, amours… D’autre part, c’est aussi une grande force du mouvement féministe (et LGBT d’ailleurs) d’être autant ancré dans la vie quotidienne, et de pas faire du militantisme triste de mecs hétéros qui se prennent trop au sérieux. Mais ça me pose quand même trois grosses questions :

  1. Tout d’abord, qui sont réellement les « copines » ?
    Paske bon, ça commence à faire qlq années que je traîne ds certains milieux militants, et j’ai qd même vachement l’impression que les affections/amitiés/amours y st tt aussi sélectives (aka misogynes, racistes, transphobes, etc.) qu’ailleurs. Et donc qu’entre exclusion, ostracisme et fétichisme, y’a qd même une sacrée proportion des « copines » qui st laissées sur le bas-côté la plupart du temps, sauf qd on a besoin d’elles comme faire-valoir (ou pour nourrir le chat).
  2. Est-ce que c’est pas aussi une façon d’infantiliser encore les femmes ?
    Je ne dis pas que le « sérieux » fade des gauchistes hétéros me fait rêver (même pas du tt, pr être honnête), mais je ne peux pas m’empêcher de parfois voir ds ce terme de « copine » une sorte de dérive qui mène au rabaissement misogyne de la camaraderie/solidarité féministes. (Là encore, je précise que c’est juste des questions que je (me) pose. J’ai bien conscience de la richesse et de l’importance des façons féministes de « ré-inventer » la politique, le militantisme, le vocabulaire, etc. !!!)
  3. Est-ce que ça ne créé pas des confusions entre copines (les « vraies », celles avec qui on boit des thés) et camarades (celles avec qui on milite), même si bien sur souvent y’a des gens qui sont les 2 en même temps (et qu’on peut même boire du thé en réunion militante) ?
    Parce que (et c’est surtt là où je voulais en venir aujourd’hui) : j’ai l’impression que les débats sur les questions de camaraderies, de solidarités, d’alliances, de complicités, etc., seraient quand même vachement + pertinents si on acceptait que : 3.1/ on n’a pas besoin d’être copines pour partager des « intérêts communs » en terme de lutte politique et s’organiser ensemble pour les défendre ; 3.2/ on peut avoir des intérêts antagonistes (tjrs en terme de lutte politique) et qd même parfois par ailleurs aimer boire des thés ensemble, se raconter nos vies et partager nos stratégies de survie, 3.3/ ne pas se considérer d’emblée « camarades » ou « alliées » c’est avant tout de l’observation de faits concrets, pas des « attaques » individuelles ; 3.4/ la confiance politique ça se gagne, c’est pas un dû ; 3.5/ la complicité/camaraderie, ça se construit, c’est pas un pt de départ. C’est un horizon politique vers lequel on peut vouloir tendre (et que parfois on met de côté paske la flemme). Et ça nous coûte toujours. 3.6/ au pire c’est pas très grave si on n’est ni camarades ni copines pr le moment : on peut aussi prendre acte et tracer nos routes, sans chercher de caution chez les opprimées ni de validation chez les opprimantEs, et ptet trouver des points de rencontre + tard ? 

Bref, je suis pas en train de dire qu’il faut seulement parler de « camarades » en fronçant les sourcils avec un air très sérieux, mais ptet qu’on peut rester vigilantes faces aux glissements que semble impliquer l’usage du terme « copines ». Je m’arrête là pr aujourd’hui. Bises. (et pour reprendre ce que disaient certaines militantes hier : lisez bell hooks quoi, elle est hyper pertinente, claire et pragmatique à ce sujet) Et comme évoqué ds une discussion semiprivée mais ça me semble utile de préciser : pr ma part, partager des « visions/stratégies politiques » est indispensable aux amitiés/affections/amours. Mais à mon sens c’est différent d’être forcémt « camarades de terrain » ds la lutte concrète.