Il est étrange de voire une plate-forme de soutien au mouvement qui traverse les antilles signée par le Parti Socialiste, alors que le maire de Nantes Jean-Marc Ayrault fait parti de celleux qui ont soutenu l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau [1] lorsque des associations ont porté plainte contre lui, visant ses thèses proche de la fin de « la culpabilité des européens quant à l’ex-colonisation » du président français. C’est le soutien du maire de nantes, de son ami Lionel Jospin [2], du milieu des « historienNEs » universitaires et le discours parti pris des médias qui ont empeché ces associations de pouvoir réagir publiquement aux thèses glissantes de ces intellectuels français autour de la traite des noirs.
C’est Jean-marc Ayrault toujours qui, bien qu’il jette tous les ans des fleurs dans la Loire en mémoire des massacres de la colonisation remet au goût du jour une sorte d’architecture coloniale dans le quartier à bobos de l’île de Nantes dont on chasse l’ancienne population pauvre, avec son « hangar à banane »… Le colonial, maintenant que le devoir de mémoire est prétenduement fait à Nantes, peut revenir à la mode. Merci Royal Deluxe! Ne nous attardons pas non plus à comparer la répartition de la population et de sa couleur dans les lieux de la municipalité, le lieu unique, son public, ses vigiles… Mais bon comme dit Môsieur Jean-Marc quand on le bouscule un peu sur la question des sans-papiers « On ne peut pas acceuillir toute la misére du monde », façon de ne pas trop se mouiller…

Suivons donc l’exemple des antillaisEs, qui n’attendent plus leurs éluEs ou leurs « patenaires sociaux »!

Cela est d’autant plus questionnant lorsque l’on voit comment la population des antilles a fini par se détourner de leur éluEs, qui dans leur tentatives de médiation (lisez récupération, c’est leur métier hein) du mouvement, n’ont pas réussi à en freiner l’élan. Et c’est bien parce que les personnes parties prenantes de ce mouvement ont une vision claire du rôle de ces personnes dans les rouages de l’économie coloniale locale. Les textes émanant du mouvement posent trés clairement ces constats, et ciblent précisement, au-delà de cette soit-disante crise, simple cycle de réajustement du capitalisme que nous allons payer cher, les raisons d’une colère qui prend ses racines dans toute une organisation sociale autour de la colonisation économique.
Le mouvement ne s’est pas attardée à négocier avec les sous-fifres locaux, sachant pertinnement que là où le pouvoir jouait vraiment, c’est bien plus haut. La stratégie de pourrissement que jouait le gouvernement ne pouvait qu’aboutir à une issue aussi dramatique.
Le discours des médias et des gouvernants renvoie une fois encore la culpabilité à cette « jeunesse » que tout le monde semble observer craintivement, en Grêce, dans nos banlieues, chez tous ces ennemis intérieurs, nous ressortant encore le mythes des « délinquants » alors que rien ne semble trés clair dans cette histoire, d’autant moins qu’il n’est pas facile de décrypter le discours toujours aussi réducteur, langue de bois et parti pris de ces mêmes médias.
Elie Domota a bien raison lorsqu’il demande aux journalistes où c’est possible, en occident, un mouvement qui rassemble autant de personnes dans la rue pendant autant de temps sans débordements [3]; quand ici on n’est pas autorisé par les « autorités « comptétentes » » de faire grêve et de manifester plus d’un jour pour rester dans le calendrier de négociation de l’État. Mais non, il faut attendre encore presque 2 mois le 19 Mars avant d’être convoquéEs dans la rue une nouvelle foi. Nous ne sommes pas des moutons que l’on sort au paturage quand il faut tondre un peu plus nos vies. Le mouvement antillais a démontré sa force et sa cohésion, mais, seul, il lui sera plus difficile de résister à toutes les stratégies que l’État applique dans ces situations, et qui risque bien d’encore plus mal finir.

Il n’y a rien a quémander, tout est à prendre, maintenant.

L’État aujourd’hui se retrouve dans une situation difficile. Il a beau promettre des miettes aux classes moyennes dans l’espoir de continuer à avoir leur soutien ou leur passivité / complicité silencieuse, il n’en reste pas moins que le mouvement populaire qui secoue les antilles montre qui sont les premierEs touchéEs par cette crise que l’on doit à nos élites, les populations pour qui les fins de mois étaient déjà bien compliquées à boucler. Encore une fois nous assistons à un mouvement large et fort de sa cohésion derrière un ras le bol commun, comme en Grêce, mais si l’État continue son jeu de la sourde oreille, quelle issue reste-t-il? Il sera bien facile ensuite de parler d’une violence des personnes qui luttent pour justifier l’intervention militaire.
Si l’État aujoud’hui semble privilégier la logique du pourrissement et de la répression, c’est bien parce que céder là bas aurait bien trop de conséquences ici, et parce qu’il a l’habitude de traiter ses colonies, « décolonisées » mais économiquement dépendantes et militairement occupées, par la force et le mépris.
Ici, il a déjà son cirque médiatique et son partenariat social pour bien cadrer la contestation et ses éventuels « débordements », quand il ne s’agit que de poser un rapport de force dans une lutte, ou d’explosions de colère dont la légitimité n’est pourtant pas à discuter. C’est pour cela qu’il est important de montrer activement que nous sommes solidaires de la population antillaise. Les rassemblements au côté de celleux qui depuis des années co-gèrent la situation, qu’illes soient partis de gauche, ou partenaires sociaux, ne risque pas de faire changer de tactique le gouvernement. C’est pourquoi nous appelons à l’occupation d’agences de tourisme, de tous les lieux symboliques (ou pas) possibles, de la rue et des lieux de travail, des écoles et des facs, pour soutenir l’action de la population antillaise, et reprendre le contrôle de nos vies, parce que les deux sont liés.

Seule la lutte (auto-organisée) paye!

[1] Qui donne même des interview au figaro reprises joyeusement (c’est dire) par le site alter-sousmarin-fachiste altermedia
[2] http://www.lexpress.fr/informations/les-indiscrets-fran….html
[1] guadeloupe la mort de notre ami Jacques Bino – https://nantes.indymedia.org/article/16330