Etude de texte

Etudions les « informations » contenues dans ce communiqué du Ministère de l’Intérieur, lequel se présente sous l’aspect d’un article du quotidien ‘libération’ signé de source A.F.P
Manifestement, mais en apparence seulement, le problème des autorités dans cette opération est que la charge des preuves est hautement inconsistante (il s’agit bien d’une opération, pre-annoncée plus tôt au cours de l’année). Ce déficit juridique notoire est ouvertement admis : « S’il n’y a pas de preuve formelle, notamment ADN, de leur implication directe {…} ». Il n’y a pas de « preuve formelle », entendons bien par pas de preuve : l’accusation porte au niveau d’un sentiment de soupçon quant aux intentions présumées. L’impression que l’accusation se porte uniquement sur un degré d’insinuation paraît être validé par les indications floues : « à vocation terroriste », « dans une perspective terroriste ». Toutefois, « le parquet considère disposer d’«indices graves et concordants» »: il n’est pas précisé si ceux-ci sont dévoilés ici, doit-on supposer que les éléments exposés en font partie ?

Etude des éléments exposés

1/ 5 des 9 prévenus étaient physiquement présents dans les départements de région parisienne où se sont déroulés les incidents. L’enquête se divise alors en 2 groupes : ceux qui « se baladaient dans le coin » et « ceux qui ne se baladaient pas dans le coin ». Pas de précision supplémentaire.

2/ Le « supposé leader » (disons plutôt l’ainé), issu d’une famille aisée, sort d’une «prestigieuse école de commerce». On lui reproche de ne pas avoir suivi la glorieuse orientation que la patrie aurait attendue de lui, carrière idéale détournée au profit de « l’action violente ». Or, il n’y a pas de preuve « d’action violente ». Jusqu’à preuve du contraire, il s’agit d’idées politiques. Le procureur admet qu’il est « permis » d’en avoir (des idées) : en cela il valide le principe de démocratie, doit-on le remercier de sa largesse ?

3/ Ces personnes sont dites « marginales » : elles vivent en ferme communautaire en cultivant la solidarité : est-ce un « indice grave » ? Cette ferme (Ariège, pas Afghanistan) servirait de « base arrière pour des actions violentes ». De quelle(s) « action(s) violente(s) » parle t-on? Quels fait(s) ? Un dossier désespérément vide.

4/ L’ainé serait l’auteur de l’ouvrage «L’insurrection qui vient» (ISBN : 2-913372-62-7, disponible dans toutes les bonnes librairies), ouvrage que des centaines d’internautes sont en train de lire à cette heure. Ce texte a par se qualité une valeur sociale et politique, littéraire et poétique ; y trouvant pour ma part un constat par moments brillant et lucide, j’en proposerai une critique littéraire personnelle. Ceux qui seraient à la recherche de recettes de cuisines explosives seront bien déçus : ce texte n’en contient aucune : choux blanc intégral. A la manière d’une touche impressionniste, cette diabolisation sert à dresser un portrait subjectif sur le simple mode « vous voyez bien le genre d’individus… ». Le comble est que cette vague évocation, en étant livrée en pâture médiatique, appelle à se suffire à elle-même. Est-il vraiment « permis » d’en avoir (des idées), si celles-ci s’écartent de « la majorité » ?

Une absence de « preuve formelle », en guise «d’indices graves et concordants», en l’état : 4 maigres éléments subjectifs qui ne renseignent aucunement une affaire criminelle. Comment faire accréditer des arguments qui ne tiendraient pas – du fait de leur inconsistance – pour un simple cambriolage ? Il ne reste plus qu’à prononcer le mot magique.

Manipulation du principe de « terrorisme »
Techniquement, la coupure d’électricité induite occasionne une interruption momentanée du trafic ferroviaire. Il n’existe pas de possibilité technique que le train déraille et occasionne un carnage. Entre un « retard occasionné» et « un carnage humain », il est profondément malhonnête de ne pas faire la distinction. Cela peut être qualifié « acte de malveillance », « vandalisme », certainement pas de « terrorisme ». Un parallèle éclairant : « la poudre » trouvée sur le manifestant devant le centre de rétention de Vincennes, présentée comme « un explosif », est par nature chimique un fumigène (destiné à se faire voir depuis l’intérieur du centre de rétention). Demandez plutôt à un chimiste. Alors qu’il n’y a pas d’acte de terrorisme constitué, alors qu’il n’y a pas de preuve formelle, alors que les « indices graves et concordants » ne sont pas précisés, l’insinuation seule se fait suffisante, en prévention d’un évènement fictif hypothétiquement en devenir. Le message est clair : « à situation d’exception, mesures d’exception : nous n’avons pas besoin de preuves, les soupçons seuls suffiront ». Cette opération de manipulation, sous-tendue par un principe d’exception préventive, constitue une avancée patente dans un agenda anti-démocratique, dirigé contre l’opposition politique parmi la population. J’accuse l’Etat de manipulation et ‘libération’ de complaisance.