Le Collectif Enfants Etrangers Citoyens Solidaires, fondé en mars 2004 à l’initiative de parents d’élèves de l’école Stalingrad à Nantes, c’est aujourd’hui l’histoire de parents, d’enseignants, de représentants d’associations, de citoyens, bref d’hommes et de femmes indignés qui n’ont cessé de se mobiliser pour la régularisation de familles d’origine étrangère. Des familles dont les enfants sont scolarisés, souvent depuis plusieurs années, dans les écoles, collèges et lycées de l’agglomération nantaise et du département.

Un an durant, de manif en manif, de pétitions en occupations d’école, nous n’avons eu de cesse d’attirer l’attention de la Préfecture sur la situation de ces personnes pour lesquelles parfois, devant l’urgence de la situation, nous avons dû trouver des solutions de logement là où les pouvoirs publics n’offraient comme perspective d’asile que la rue.
_ Ainsi, en octobre 2004, au seuil du plan hivernal, après que deux familles algériennes déboutées du droit d’asile aient dû quitter un logement obtenu par l’entremise de l’évêché de Nantes, nous avons décidé de mettre à l’abri ces familles dans les murs de la Maison des Syndicats. Une solution de courte durée qui s’est soldée, au petit matin du deuxième jour, par l’expulsion musclée des familles et des enfants conduits en garde à vue avant une libération inespérée, le soir même au terme d’une journée éprouvante de rapport de force avec la Mairie de Nantes et la Préfecture.
_ Récemment, devant la surdité chronique d’une Préfecture chargée d’appliquer la politique spectaculaire incarnée par le discours ultra-sécuritaire, démagogico-médiatique et raccoleur de Nicolas Sarkozy, nous nous sommes à nouveau tournés vers deux institutions, dont les représentants, Mrs Mareschal et Ayrault, nous semblent devoir porter la voix de tous ceux qui, de plus en plus nombreux, refusent le sort réservé aujourd’hui aux émigrants. A des hommes, des femmes et des enfants qui, depuis plusieurs années, ont trouvé dans les écoles et les quartiers de notre cité au-delà d’une protection et d’un asile, l’espérance d’une vie meilleure en cours de reconstruction.
_ En juin dernier, grâce à des soutiens de marque tels que Jacques Gaillot, Albert Jacquard et Michel Tubiana, notre lutte pour la régularisation des demandeurs d’asile nantais a trouvé un nouvel écho dans la rue, devant une clinique de l’Espérance vide comme tant d’autres édifices nantais. Il faut dire qu’à l’approche de l’été, la situation restait plus préoccupante que jamais pour au moins une soixantaine de familles déboutées du droit d’asile mises à la rue et privées de tout droit, y compris de ceux que notre société revendique pour des animaux.

Un an plus tard, nous refusons toujours d’accepter sans rien dire que nos enfants voient, du jour au lendemain, partir leurs camarades vers des destinations traumatisantes : la rue, un centre de rétention où la situation se dégrade de jour en jour et où la présence d’enfants est désormais un fait avéré, un pays plus ou moins inconnu où de réels dangers mettraient en péril la vie des enfants et de leurs parents.
_ Cet été comme tout au long de l’été 2004, malgré l’interruption des vacances, le Collectif est resté vigilant et a maintenu son activité en assurant des permanences et un soutien aux familles. Sans quoi, comme nous l’a rappelé Albert Jacquard : « Comment nos enfants pourront-ils vivre bien aux côtés de ces enfants qui sont méprisés, humiliés ? »

Frédéric CHERKI
Membre du Collectif Enfants Etrangers Citoyens Solidaires et parent d’élèves scolarisées à l’Ecole Louise Michel à Nantes