L’appelisme vu comme ensemble de pratiques contre lesquelles il faut s’organiser
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Catégorie : Local
Thèmes : Zad
Lieux : Le carnetZAD
L’appelisme, jargon militant favorisant l’entresoi ou mot fourre-tout utile ?
J’ai longtemps hésité et je continue à hésiter à utiliser le mot d’appelisme tant il a pu être obscur pour moi et peut continuer de l’être. Souvent je trouve qu’il fait partie de ce jargon militant qui favorise l’entresoi et crée un phénomène excluant pour toustes les nouveaux et nouvelles arrivant.es dans la lutte anarchiste.
Pourtant, je dois bien reconnaître que ce mot peut favoriser ma réflexion et mon expression de temps en temps. Comme tout mot fourre-tout, il a ses inconvénients et ses avantages. Rien qu’en existant, il rend visible ce qui pourrait sinon être invisible. Mais j’ai parfois l’impression que chacun.e a une définition différente de l’appelisme et que loin de favoriser la compréhension mutuelle, ce concept peut favoriser les quiproquos.
Par ce texte, je cherche à donner ma définition actuelle de l’appelisme. Cette définition a été variable dans le temps et a changé au rythme des rencontres et des récits et elle continuera de changer. Loin de vouloir être hégémonique, ma définition se veut une invitation à la discussion entre personnes qui ont une autre vision de ce qu’est l’appelisme.
L’appelisme est une insulte qui n’a rien à voir avec l’Appel
Ce n’est pas en lisant un texte de 2005, l’Appel, que l’on comprendra l’utilisation en 2020 du mot appeliste. Je n’ai d’ailleurs jamais lu l’Appel comme beaucoup de personnes qui utilisent le terme appelistes. Depuis, il y un ensemble d’histoires extrêmement complexe entre groupes anarchistes qui a eu lieu. Chacun.e a pu entendre certains bouts de ces histoires via le récit de protagonistes ou la lecture de brochures. Mais selon les versions entendues et les personnes rencontrées, on peut avoir des visions complètement différentes.
Ce texte ne se veut pas l’ambition de résumer ce qui a pu se passer à NDDL entre groupes anarchistes, cela me serait impossible¹. Je cherche plutôt l’essence théorique de l’appelisme c’est-à-dire à identifier des points communs entre ces groupes que l’on qualifie d’appelistes. Dans ma définition, on n’est jamais intrinsèquement appelistes mais on peut avoir des pratiques ou des choix que je qualifierais d’appelistes. Ces pratiques appelistes que je vais essayer de détailler dans la suite seront évidemment caricaturales. Il est peu probable qu’un groupe les cumule toutes ou du moins à des degrés très divers.
Il me semble important de dire à ce moment que je n’ai pas personnellement de passif émotionnellement chargé avec des groupes appelistes et que j’en ai peu cotoyé. Ce que je vais dire n’est au final qu’une construction théorique élaborée avec peu de contacts directs et beaucoup de on-dit. Cela pourra peut-être permettre à d’autres, avec plus de connaissances sur le sujet, de mieux comprendre comment une personne extérieure peut se représenter l’appelisme.
Voici schématiquement quelques pratiques que je qualifierais d’appelistes sur lequelles je reviendrai dans la suite :
penser plutôt en termes d’objectifs et d’efficacité sans réfléchir à ce que l’on peut sacrifier politiquement sur le chemin,
s’organiser uniquement avec des personnes avec qui l’on a des affinités,
ne pas faire suffisamment tourner les mandats ni prendre le temps long de partager nos savoirs-faire et compétences,
penser les questions d’oppressions systémiques quasi-exclusivement comme lutte globale à mener à l’extérieur et non également comme transformation des rapports personnels au sein d’un groupe affinitaire,
manipuler des réunions grâce à son aisance à l’oral,
romantiser la lutte et l’insurrection afin de faire rêver.
Derrière la notion d’appelisme, la volonté d’efficacité
Selon moi, la racine théorique de l’appelisme, c’est la volonté d’être efficace² d’un point de vue révolutionnaire. De ce point de départ peuvent découler beaucoup de choses de manière naturelles. Si l’on ne rencontre pas les bonnes personnes et si l’on ne fait pas attention à éviter les prises de pouvoir, cette volonté d’efficacité peut vite nous faire glisser sur une pente extrêmement dangereuse.
L’efficacité et la rapidité sont des notions construites socialement dans une société capitaliste et il est important de les remettre en question aussi. Accepter la lenteur pour faire les choses bien plutôt que de tomber dans le piège de l’efficacité à court terme devrait aussi faire partie des pratiques militantes.
Une organisation soudée en groupes affinitaires
On s’en rend compte facilement : on travaille beaucoup plus facilement et efficacement entre personnes qu’on connaît bien et avec qui on a l’habitude de travailler. Les groupes appelistes sont souvent très bien organisés au sein de groupes affinitaires soudés.
Le danger arrive quand on ne prend pas le temps, certes long, de discuter et de demander des retours à d’autres groupes ou personnes plus isolées et moins organisées. Au bout d’un moment, sans communications, l’incompréhension grandit et on se met à considérer les autres groupes comme des obstacles plutôt que des allié.es. La diversité des tactiques en prend un coup car souvent les groupes affinitaires se créent par unicité de tactique au sein d’un même groupe.
Organisation hiérarchique sans mandats tournants
Chacun.e arrive avec des capacités variées au sein d’un groupe. Faire tourner les mandats en dehors de ces affinités de capacités (par exemple celleux qui écrivent bien, qui dirigent bien un chantier, etc.), cela peut prendre du temps et ralentir le groupe le temps que les gens se forment et apprennent.
Pourtant, cette efficacité à court terme est problématique car loin de la société anarchiste que l’on souhaite construire. Dans cette future société, on cherche à éviter au maximum les phénomènes de spécialisations et d’expertises mais on souhaite plutôt partager les savoirs et les connaissances afin d’avoir un mode de fonctionnement le plus horizontal possible.
Peu de remise en cause des oppressions systémiques qui ont lieu en interne
Remettre en cause les oppressions systémiques qui ont lieu au sein même du groupe affinitaire peut foutre un sacré bordel et ralentir considérablement l’efficacité révolutionnaire à l’extérieur.
Ne pas prendre le temps de déconstruction des rapports de domination au sein d’un collectif, c’est laisser ces dominations systémiques se perpétuer.
Techniques appelistes en réunion et prises de pouvoir
On ne peut pas parler appelisme sans parler de prises de pouvoir. C’est la principale chose que beaucoup reprochent aux appelistes. Les réunions ou AG sont des lieux d’oppressions systémiques et sont aisément manipulables par les classes sociales qui sont à l’aise avec la prise de parole. Ne pas faire attention à cette réalité est déjà une oppression mais quelques techniques de manipulation actives sont encore plus graves.
Les techniques de manipulation en réunion que j’appelle appelistes sont les suivantes :
arriver à une réunion en ayant déjà pré-organisé une réunion à ce sujet en groupe affinitaire. Les appelistes arrivent alors en ayant les idées claires, une réflexion déjà construite et même quelques fois un texte déjà prêt. Celleux qui n’ont pas participé à la réunion préliminaire arrivent en position de faiblesse et la prise de pouvoir est évidente.
prendre la parole plusieurs fois pour énoncer la même idée quand on sent qu’on n’a pas été écouté. Cette manipulation est encore plus grave si cela est fait par plusieurs personnes d’un même groupe affinitaire voire si cela a été pensé à l’avance.
utiliser ses capacités d’énonciation pour discréditer d’autres groupes qui s’expriment moins bien.
Homogénéité sociale et maîtrise de la communication
On remarque souvent que les groupes appelistes maîtrisent bien l’écriture et la prise de parole en public. Même si cela est loin d’être systématique, il peut y avoir une certaine homogénéité d’origine sociale au sein des groupes appelistes et cela peut être expliqué par leur origine en tant que groupes affinitaires (on a souvent des affinités avec les personnes qui nous ressemblent et ont eu des parcours similaires).
Certains livres comme ceux du comité invisible donnent une vision romancée et lyrique de la lutte et de l’insurrection. La lutte ce n’est pas toujours joyeux et romantique et le cacher peut aboutir à des désillusions et être considéré comme de la manipulation.
Comment les groupes appelistes arrivent-ils à prendre le pouvoir ?
Le mouvement anarchiste manque souvent d’organisation collective et fait face à des réflexes individualistes. Quand un groupe soudé, efficace qui arrive en réunion avec une réflexion construite et qui communique efficacement à l’extérieur fait face à un mouvement désorganisé et peu préparé, la prise de pouvoir est inévitable.
Face à l’appelisme, organisons nous !
Chacun.e peut agir à un moment de manière appeliste (en ne faisant pas attention à telle prise de pouvoir par exemple). L’important n’est pas de désigner des ennemi.es, les appelistes, mais de réfléchir collectivement aux manières de faire les choses avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord et de les repérer.
Pour éviter des prises de pouvoir par des groupes se posant moins de questions sur leurs pratiques, apprenons à nous organiser différement et développons des outils d’organisations anarchistes afin de lutter à armes égales.
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Article publié initialement sur le site de la Zad du Carnet.
La Zad du Carnet est un lieu de lutte contre la bétonisation des terres. Pour plus d’infos sur la lutte au Carnet, consultez notre site web zadducarnet.org.
¹ De nombreux textes ont été écrit sur ce sujet comme par exemple Réflexions à propos de la ZAD : une autre histoire disponible sur Infokiosques.net.
² Le terme d’efficience serait légèrement plus correcte que efficacité dans ce contexte. L’efficicence, c’est l’optimisation du temps et de l’énergie déployée pour atteindre ses objectifs. On a choisi d’utiliser le terme d’efficacité pour des facilités de compréhension.
Illustration : Image extraite de la brochure Tourner autour, une critique de l’Insurrection qui vient disponible sur Infokiosques.net
Dommage de seulement effleurer cet aspect social, classe sociale, argent, pèze, brouzouf, carbure, thune, artiche, roro, finance, pognon, des appelos !
Merci beaucoup pour cette article.
Vous dites que « chacun.e a une définition différente de l’appelisme » je suis bien d’accord avec ça.
Je fais parti de celles et ceux qui utilisent le terme « appeliste » pour désigner un groupe précis. Je dirais même un réseau de groupes. L’Appel, écrit en 2001 par le comité invisible est un appel a s’organiser. Depuis, des gens y répondent et travaillent a mettre en réseau des groupes autonomes afin que ces groupes se renforcent les uns les autres, et puissent mener des initiatives communes.
Par exemple, pendant plusieurs années le journal Rebetiko était diffusé dans ce but. Rebetiko était un journal qui défendait l’autonomie et l’insurrection et qui était distribué gratuitement (par paquets) dans les squats, les lieux d’organisations politiques et autres endroits fréquentés par des militant.e.s. Le journal était imprimé et distribué dans une ambiance de clandestinité. Avec le journal, les chuchotements de celui ou celle qui venait l’apporter (on prépare une action le mois prochain, vous pourrez venir ?) L’organisation autour du journal Rebetiko a permis d’organiser des campagnes politiques, comme la campagne « s’organiser pour ne plus payer ».
Un réseau s’est constituer autour du projet d’organisation de l’Appel, du journal Rebetiko, du groupe d’écriture le « comité invisible ». J’appelle ce réseau les « appelistes » ou « le parti imaginaire ». Le réseau, pour s’organiser et gagner en force s’est tourné en priorité vers les groupes organisés, structurés, capables d’engagement et d’auto-discipline.
Je suis d’accord pour dire que l’appelisme n’est pas forcément lié a l’Appel. Pleins de gens apprécient l’Appel et ne font pas parti du réseau appeliste et inversement pleins d’appelistes n’ont jamais lu l’Appel ou ne sont pas d’accord avec.
Les appelistes constituent une véritable organisation politique. Illes détiennent des lieux dans plusieurs villes et se rendent visite les uns les autres, illes ont conscience d’appartenir a un même groupe. On parle parfois d’organisation en oignon, parce qu’il y a un noyau dur (mais celleux qui en font parti ignorent s’il existe un noyau encore plus restreint) et des cercles de personnes moins impliquée et de simples sympathisant.e.s. Je peux me planter sur des trucs, vu que je n’ai moi-même jamais été appeliste (ou alors dans le cercle le plus extérieur).
Être appeliste, ce n’est pas « mal » en soi. Les appelistes ont souvent réussi a déployer des rapports de forces impressionnants. Mais a quelles fins ? Dans mes rapports avec les gens de ces groupes, j’ai toujours trouvé les réponses floues. Je ne les ai jamais entendus dénoncer l’antagonisme de classe entre les gens qui travaillent et les gens qui détiennent les moyens de production, comme le ferait les marxistes. Je ne les ai pas entendus dénoncer le racisme ou le sexisme. Quand illes critiquent le capitalisme, c’est parce qu’il n’est pas désirable, parce qu’il est morne et ennuyeux : c’est le désert. (Voir une critique de cette position https://www.infokiosques.net/imprimersans2.php?id_article=759)
Au fil du temps, les appelistes ont su prendre a la lettre la proposition V de l’Appel « N’est mauvais que ce qui nuit a l’accroissement de notre puissance ». Tout les moyens sont bons, manipulations, doubles discours, trahisons, mensonges. Les appelistes définissent une stratégie commune, préparent les réunions et AG a l’avance et cachent leur appartenance a un même groupe.
Je peux me tromper sur des trucs, vu que les appelistes se cachent et sont peu honnêtes, c’est difficile de discerner le vrai du faux. J’ai parfois participé a des initiatives appelistes. Aujourd’hui, je ne leur fait plus du tout confiance, et je suis même prêt a les combattre autant que je peux.
mouais, le commentaire au dessus ressemble quand même a un mauvais rapport de la DCRI. (allez, un poil plus réaliste peut etre…) non, serieusement, etre critique de pratiques autoritaires dans nos milieux me semble indispensable, et le sujet a déja été bien documenté il me semble, par contre, je ne vois aucun interet a balancer nos petites tambouilles organisationelles a la face du monde, en associant des collectifs (donc des personnes) à des modes d’action ou des evennements particuliers, au mieux ça contribue a alimenter un pauvre folklore de l’entre-soi radical, au pire ça peut réelement mettre en danger des personnes qui se retrouveraient associées au propos.
même si je me doute bien que les keufs n’aprennent pas grand chose sur indy, je ne trouve pas très pertinent de balancer ce genre de suppositions plus ou moins floues dans l’ambiance de parano generale du moment, au moment où l’etat nous remet une tartine d’ennemi interieur au menu et que les jounaleux en mal d’inspiration rodent sur des sites comme celui-ci pour trouver des billes pour leurs articles sur les islamogauchistesultrajaunes qui elevent des pangolins dans l’ombres des épiceries de la Creuse
surtout quand la revue susmentionnée est morte depuis presque 10 ans, et que de memoire je pourrai citer une bonne dixaine de de titres qui gravitait dans la meme ‘constellation'(TM, all rights reserved) à l’époque.
bisous.
Ne jamais, jamais, se faire identifier ou apparaître (pour tenter de disparaître) sous cette identité d’ « appeliste »©® ou « appelisme »©® est précisément une tactique romantique ou stratégie idéaliste des appelistes©® qui est une reprise de certains milieux de communisation, autonome ou d’ultra-gauche
Pourquoi l’Appel est une impasse – Compte-rendu d’un groupe de lecture impossible
https://lesfleursarctiques.noblogs.org/?p=1619
Dans le cadre du groupe de lecture proposé par la bibliothèque Les Fleurs arctiques, nous avions prévu une lecture collective et commentée de l’Appel. Nous voici donc une dizaine d’âges et d’expériences divers, prêts à échanger autour de ce texte, comme nous le faisons de façon hebdomadaire autour de textes d’intérêt et de facture très divers depuis maintenant plusieurs années. Il nous faut peu de temps pour nous rendre compte que d’une part nous tournons en rond tellement ce qu’il y a à dire de ce texte est avant tout une affaire de forme, qui reste au fond toujours la même, et d’autre part nous percevons à quel point prendre au sérieux ce texte comme nous avons l’habitude de le faire pour d’autres, c’est déjà s’y soumettre, puisque c’est avant tout un texte qui asservit, qui enrôle, qui embrigade. Pour le reste, bien peu à se mettre sous la dent. Alors nous mettons fin à l’expérience, et, pour la première fois, un projet de lecture tourne court, et voici le comment du pourquoi de ce groupe de lecture impossible.
https://lesfleursarctiques.noblogs.org/files/2020/03/AntiAppel-A5-20p.p
Y’en a même pas un qui est foutu de donner la bonne année de parution d’Appel, paraît qu’il faut connaître son ennemi bah vous êtes pas très doués
bien essayé de noyer le poissons de l’appelisme dans la soupe autoritaire MAIS non chacun de nous ne peux pas avoir des pratiques appellistes (chacun peu en revanche avoir des pratique autoritaires, personnes n’est parfait) parce que pour etre appelistes il faut faire partie des amis, s’organiser autour de ces bases (arrière ou pas)
c’est un peu comme si on disait chacun peu etre fasciste(a la place de reconnaitre que chacun peu avoir des comportements racistes ou autoritaires) se qui n’est pas pareil que de s’organiser de façon nationalistes et totalitaire !
et c’est ce qui fait toute la différence
heureusement « tout le monde déteste les appelistes »
D’accord avec le commentaire précédent. Le texte a d’intéressant qu’il affiche les appelistes, mais il est un peu rapide et imprécis.
Notamment, les appelistes n’ont rien à voire avec l’anarchisme.
Aussi par exemple s’organiser avant une AG pour y porter des trucs en loosedé n’est pas spécifiquement appeliste. FO, le NPA, l’UCL et bien d’autres le font depuis longtemps. C’est une technique vieille comme les trotskystes ou les leninistes (voire les blanquistes dans le cas des adorateurs de l’appel). L’avant-garde éclairée quoi.
D’ailleurs ce texte publié par et sur le site de la ZAD du Carnet est écrit au nom de « Je ». On en vient à douter qu’il s’agit d’un texte collectif de cette ZAD. Qui l’a écrit? Qui a décidé de le publier sur le site de cette lutte? Y’a pas que les appelos qui ont des pratiques autoritaires après tout.
Comme dit dans le commentaire précédent, une de spécificité appeliste tourne autour de cette notion d’amitié, celle qui libererait du « bloom » (isolement/aliénation de le monde moderne, la « théorie de la jeune fille » (sic) entres autres dans tiqqun). Mais l’amitié n’a rien à voir avec l’affinité. La confusion entre les deux est un des problèmes de ce texte.
L’amitié est un lien affectif, qui du coup mène à tous les chantages affectifs possibles. L’affinité est une entente politique, qui peut mener à de apres débats, jusqu’à des ruptures, mais ou l’affectif n’est pas en jeux.
L’amitié dans le programme appelo-tiqqunien est la colonne vertébrale du programme des « communes » qui « désertent »… enfin quand on a les moyens de s’acheter des fermes et des épiceries avec son héritage…
Programme qui d’ailleurs se dit n’être « pas un programme », comme le parti serait « imaginaire », enfin ça c’est tant qu’on marche au pas et qu’on a les bons amis.
Pour répondre à « fezf », je crois pas que connaitre la date exacte d’un texte soit la preuve qu’on connaisse la merde qu’il raconte, l’important c’est de l’avoir lu non ?
Et puis pour finir, nique les racistes « anti-racialistes » des fleurs arctiques. Viendez pas faire votre retape sur la décrépitude des appelos, vous valez pas mieux. Si vous avez pas compris on repassera visiter votre vitrine.
Si ce n’etait pas pour la putride experience de gouvernance para-étatique des neo-marxistes du Parti Imaginaire à NddL entre fin 2015 et debut 2019;
– La grande partie des anti-autoritaires seraient encore absorvées dans La Force;
– Seraient en totale dependance de moyens, de rethorique, et de critique à l’égard des relations avec l’Etat.
– l’example pratique est sans doute la position des anti autoritaires zadistes, à l’exception de quelques peux qui ne sont pas allés plus loin que quelques poèmes satiriques à la radio.
– sans doute, les groupes anti autoritaires nantais, ont su critiquer la demarche institutionnelle…en mars 2018, une semaine avant les expulsions! (D’un group de soutien legal)
Pour continuer a soutenir le même type de demarches dans leur propre ville à certain point..
Mais ne soyez pas déçues, même il y a exactement 100 ans il y avait des anars qui applaudissaient les marches de l’Armée Rouge tandis que leurs compagnonnes se faisaient fusiller en Ukraine, au Baltic ou en Sibèrie.
Maintenant il faut juste que la deception anti autoritaire atteigne les millieux et les nouveaux dogmas academiques pour finalement Détruire les politiques d’identité (merci Chavez, merci Communist Party USA, merci Bouteldja).
Pensez avec votre tête, agissez avec vos mains.
« Y’a pas que les appelos qui ont des pratiques autoritaires après tout. »
Non, y’a vous aussi. En édictant la juste morale, en sélectionnant qui a le droit, ou pas, de participer à une lutte, selon une essence divine anarchiste qui lui serait tombée dessus à la naissance, ou pas. On n’a pas le droit de changer d’avis, pas le droit d’avoir des doutes, il faut être absolument comme il faut (d’ailleurs, qui l’a érigée, cette fameuse morale anarchiste, au final ?) pour pouvoir se trouver là.
Quand on pense que les gens ne peuvent pas changer, on va du côté des fascistes. Merci, et bon débarras
Merci pour ce texte.
Aucun texte n’est parfait et les comm ci dessus ne sont pas toujours très intelligents non plus, loin s’en faut.
Perso, je trouve qu’il est pas si mal ce texte et qu’il décrit assez bien ce que j’ai pu voir et ressentir à nddl.
L’argument « la fin justifie les moyens » est celui que j’adopterais en parlant de la stratégie appeliste. Être prêt.e.s à sacrifier des allié.e.s potentiel.le.s (ainsi que les idées de départ, qui sont alors instrumentalisées) pour parvenir à une finalité de « victoire » autoritaire est très dangeureux!
L’histoire de la révolution Russe est là pour nous l’apprendre. Bonjour la victoire… Bonjour la dictature. Adieu la liberté!
Tout anarchiste devrait trouver le temps de se doccumenter sérieusement sur cette révolution ou les anarchistes ont eu un très grand rôle avant de se faire traquer, déporter, assassiner, anéantir par les autoritaires.
Lire ce qu’a écrit Emma Goldman sur le sujet est un bon début.
Alors effectivement, le texte Appel c’est ni 2001 ni 2005 (c’est 2003), et si ne pas connaitre la date d’un texte n’est pas forcément un problème, donner une date au pif pour faire genre « je m’y connais », c’est tout de même gênant.
Cependant, toute la filiation Tiqqun / Appel / Comité invisible, si elle a ce côté sexy d’une écriture post-situ qui se la raconte, elle conserve tout de même bien des contradictions, justifiées après Tarnac par la « stratégie ». Pire, dans la pratique, ces gens-là assument en off leurs diveres manipulations, leur double discours et leur mépris général de ceux-celles qui ne sont pas de leur « parti » (pas si « imaginaire » que ça finalement). On peut deviner tout ça dans certains de leurs textes, notamment dans Appel (qui cherche des suiveurs, qui parlent à ceux qui les comprennent telle une secte, etc.), mais la pratique a largement dépassé la théorie à ce niveau-là. Et l’exemple de Notre-Dame-des-Landes n’en a été que le plus grossier, car on a retrouvé ces pratiques de merde dans presque toutes les luttes auxquelles on a eu affaire à eux (manipulations diverses, trahisons multiples – pour celles et ceux qui avaient confiance en eux en tout cas -, mépris des autres, élitisme assumé, etc.). Les appellistes, c’est en quelque sorte des neo-maoïstes, iels n’ont pratiquement rien à voir avec l’anarchisme, mais beaucoup plus à voir avec une sorte de reboot de maoïsme/stalinisme qui aurait compris l’obsolescence du parti politique traditionnel. Rien de bien réjouissant, donc.
À lire par ailleurs:
– Avant-Garde & Mission… la Tiqqounnerie (1999)
https://infokiosques.net/spip.php?article847
– « L’Insurrection qui vient », construction identitaire et alternative existentielle (2009)
https://infokiosques.net/spip.php?article766
– Tourner autour. Une critique de « L’insurrection qui vient » (2010)
https://infokiosques.net/spip.php?article1595
Salut juste pour préciser, c’est marqué assez clairement sur le site de la zad du Carnet que les articles ne sont pas l’expression de la ZAD mais des initiatives personnelles d’habitant.e.s du lieu. Manifestement, c’est justement pour éviter d’avoir une expression officielle de la ZAD qui ne refléterait que le point de vue de celleux qui écrivent. Je ne pense pas que ça évite le problème qu’il n’y ait qu’une partie des habitant.e.s qui écrivent, mais ça les empêche ptèt un peu de prendre le pouvoir à travers la communication. Ce serait bien de rappeler à chaque fois qu’un texte sort de ce site qu’il ne représente que le point de vue de l’auteurice.
Salut, merci beaucoup pour ton texte, qui soulève bien les problèmes qui se posent, pour commencer à les affronter. Il faut continuer dans ce sens là.
– c’est important par contre de très clairement le rappeler : les appelos ne sont pas des anarchistes, iels ne s’en revendiquent pas, et de fait n’ont pas ces pratiques là et leurs stratégies et visées ne sont aucunement orientés vers une potentielle transformation égalitaire, libertaire et socialiste de la société. Ils jouent du flou, qu’ils ont aussi en partie dans la tête.
Leurs pratiques sont pour partie bien opposées aux valeurs et modes d’organisation anarchistes. On les retrouve bien svt en position de quasi adversaires – au même titre que des militant.es à gauche d’autres Partis que le leur, en tout cas. Au nom de leur liberté intégrale.
– l’étonnant est qu’il ait fallu tant de temps aux gens pour s’en apercevoir. Ce qui n’es pas anodin :
– je ferais remarquer qu’une partie de leurs pratiques et leurs idées ont cours dans d’autres courants autonomes que le leur. Ca n’est pas souvent signalé mais d’autres tendances parmi nos groupes ont ces caractéristiques : culte de la spontanéité, assimilée à l’authenticité ; élitisme ; haute valorisation de la culture intellectuelle ; origines et reproduction des privilèges de classes ; informalité ; et d’autres éléments encore, sans exagérer. S’en rendre compte donne une partie de l’explication : les gens de cette mouvance sont et apparaissent comme des semblables.
– tu écris aussi : « Le mouvement anarchiste manque souvent d’organisation collective et fait face à des réflexes individualistes. Quand un groupe soudé, efficace qui arrive en réunion avec une réflexion construite et qui communique efficacement à l’extérieur fait face à un mouvement désorganisé et peu préparé, la prise de pouvoir est inévitable. »
Et c’est très bien vu. A la zad, les anarchistes n’ont pas su s’organiser en tant que tels pour faire front et s’allier. Ca pose bien les rapides limites du tout informel et individualiste. Il va bien falloir réfléchir à ça à l’avenir, chez les autonomes motivé.es (ou les anarchistes en général), car nous avons pas mal d’adversaire qui eux sont très organisés et préparés et te le feront TOUJOURS dans le dos. Alors si tu laisses faire, tu te feras avoir, c’est tout. Mais il me semble qu’on est prévenu.es depuis longtemps, non … ? (Ca donne envie d’ppleurer…) Esk il ne serait pas temps un peu de cogiter à nouveau sur l’histoire et d’arrêter de fonctionner dans le Présent, le Désir, l’Immédiateté, la Spontanéité (des majuscules pq ça aussi ça peut être des dogmes).
Ca montre aussi l’état de fragmentation du mouvement anarchiste, avec bien des groupes sans liens entre eux et incapables de penser intellectuellement et politiquement une unité dans la diversité, pour l’action. Pourquoi cette fragmentation? Ces comportements de sectes, ou du moins de groupes fermés ou satisfaits et repliés sur eux-mêmes ? Je crois que dans la réponse à ces questions se trouve une partie de la réponse aux problèmes soulevés ici.
Mais c’est bien, on avance, un petit peu … pas assez vite ! les capitalistes ou l’extrême-droite avancent bcp plus vite, et pas d’bol, on vit dans le même monde, rappelons le … . Il serait temps de penser un petit peu plus efficacité et organisation, mes p’tits bisounours, d’autres ne t’en laisserons pas vraiment le choix eux.
à z:
tu parle d’un « culte de la spontanéité », et plus loin d’un « dogme » de la « Spontanéité » comme d’un trait particulier de ces personnes/groupes (que « nous », on aurait aussi), mais, si je peux retrouver ça en grattant un peu dans leur propagande, y a rien, mais alors rien du tout, de spontané à s’organiser formellement en amont d’une AG, d’une réunion ou de n’importe quel moment d’organisation collective formel. au contraire, pour moi, leur mode d’organisation c’est la mort du desir et de la spontanéité, si t’es pas capable de faire les 54 réus de la semaine (et les reu preparatoires avec ta bande « affinitaire ») tendance ZAD 2016, pour ces gens, t’es juste un parasite, un obstacle a contourner d’une maniere ou d’une autre (« ta gueule, t’étais pas à la réu » « ta gueule, on en a déjà parlé en commission » ou « ta gueule, de toute façon on t’entends pas t’es dans le coffre ») sur le chemin de l’objectif stratégique entérinant la victoire triomphale (de qui et sur quoi, ça on sait pas trop, mais « c’est triomphal, c’est déjà pas mal, maintenant tu mange le ptit four et tu bois le champagne et tu te réjouis »).
à mon avis pigner sur un manque d’organisation collective pour « contrer » ces groupes, ça ressemble à taper encore sur les même, ces relou.e.s desorganisé.e.s, là-bas, qui « préfèrent » se geler le cul dans des cabanes pourries sans chauffage ni elec, etre pas propre, se trainer en stop pour aller mancher a nantes, galerer avec des problemes de came pas aussi bien vus que des problemes de cachetons legaux plus bourgeois, plutot que de venir a la réu ecouter causer les etudiant.e.s en socio, les squatteureuses organisées, et les ex-ingenieurses en desertion qui ont touste préparé la reu a l’avance, parce qu’une reu ça se prépare. si quelqu’un qui a moins de trucs que toi chie dans ton evier en disant que tu partage pas assez, tu peux pas lui repprocher de pas etre assez organisé parce qu’elle vient pas aux reus (ça c’est pas anarchiste, c’est une injonction a la mise en conformité), mais tu peux, déjà, partager (ça c’est le minimum, mais c’est meme pas tout a fait anarchiste), et meme, truc de fous, t’interesser a ce dont a besoin la personne (c’est ça s’organiser, pas faire des reus et enteriner qu’on ne peut etre un etre humain libre que si on tien une AG de 4 heures tous les 3 jours)
l’organisation collective, la preparation formaliste, c’est efficace et productif, c’est vrai, mais parce que c’est formaliste, si t’est pas bien dans la forme tu ne peut pas être pris.e en compte par magie. les AG c’est pas la panacée, et continuer a pigner que c’est parce que les gens viennent pas à la réu ou a la manif et que c’est leur faute si on est dans la merde, ça les fera pas venir plus, parce que ça regle pas le probleme de base qu’on est pas égalaux. ON N’EST PAS EGALAUX. et tu peux te targuer d’etre anarchisss’, si tu continue a imaginer le monde en laissant des gens de coté (ou en les blamant pour les conduites odieuses d’autrui) ton monde n’a pas grand chose de l’anarchie.
attention, je dis pas que les gens qui ne peuvent pas participer aux reus orales pour diverses raisons (et dont je fais partie) seraient des victimes et qu’il faudrait se demerder sans elleux ou quoi, au contraire, je pense, toujours, que la multiplicité des moyens d’actions, c’est tout le temps mieux, et que se contenter d’un « on devrait s’organiser exactement comme se groupe de batard.e.s pour qu’ils arretent de nous pourrir la vie » c’est pas terrible comme point de départ.
l’efficacité et la productivité c’est aussi des dogmes qui puent, ça mene vite fait a un monde ou « on » attend de toi que tu te comporte d’une certaine manière pour le bien commun sinon tu nuis à l’efficacité et la productivité, et ou « on » en a rien a foutre des raisons qui font que tu te comporte pas « comme il faut » parce que ça aussi ça nuit a la productivité et l’efficacité. et hop, la taule (ou le coffre).
Lors de la dernière A.G en plein air de notre grande métropole voisine, avec mon groupe de potesses et des personnes, on s’est, de façon frontale, foutu de la gueule des discours des syndicats et partis réputés les plus combatifs (coucou Solidaires – UCL – NPA – LO ) .
Un couple discret nous a ensuite abordé pour nous remettre des brochures ainsi que des exemplaires cartonné de ce livre « l’appel » !
https://nantes.indymedia.org/system/zine/2021/01/23/54722/a_nos_clients.pdf
ce petit livre intéressant de réponse aux appelistes, comité invisible, parti imaginaire etc a été ajouté en « pdf pirate » sur indymedia Nantes
Merci les pirates
Si y sont venus vers vous, c’est sans doute parce qu’ils ont vus que vous étiez arrogants, supérieurs et suffisants, … . Ils se sont dis : « tiens, ils sont comme nous »