[lannion] une agora des luttes pour les rassembler toutes
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Places: Lannion
[Lannion] Une agora des luttes pour les rassembler toutes
Si nos combats respectifs ont besoin de médias libres pour être exposés sans filtre, leur réussite nécessite aussi des lieux et des moments de rencontre. Le Front social Lannion-Trégor organise sa première Agora des luttes, le samedi 10 mars. Dans un contexte aussi préoccupant à l’échelle globale que locale. Explications.
Qu’il s’agisse de l’avenir des services publics, du sort des exilés, du droit du travail, du système assurantiel ou de l’environnement, tout converge vers le chacun pour soi. La présidence Macron est une séquence de plus dans cette longue offensive néo-libérale. D’une violence, cependant, aussi aiguë que l’accent qu’il manque à La République en Marche pour comprendson véritable objet.
L’ébullition qui vient ?
Presqu’un an après le tumulte électoral, il semble que le nuage de com’ se dissipe peu à peu.
La colère gronde des lycées aux facs contre le désengagement de l’Etat dans l’éducation, qui se traduit par un renforcement des inégalités du fait d’une sélection accrue.
La récente mobilisation dans les Ehpad et les services de soins à la personne, secteurs peu syndiqués, démontre que la frontière entre le dépit et l’audace est mince.
Malgré la surface prise par les discours d’extrême-droite concernant l’immigration, des milliers de bénévoles agissent par devoir d’humanité, défiant parfois l’autorité. Notamment dans le Trégor.
Le tableau de ce mois de mars 2018 serait incomplet sans observer l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Une victoire historique qu’il serait stupide de minimiser, même si convenons que le sort de ces terres reste en suspens.
À Bure, c’est l’absurdité même du système nucléaire qui est attaquée. L’insoutenabilité écologique du prolongement des centrales est mise en lumière par l’impossibilité de garantir un stockage des déchets sans nuisance.
Le Trégor en train de crever
La région lannionnaise semble aux premières loges pour observer et subir ce délitement généralisé. Géographiquement enclavé, le territoire s’est développé grâce aux investissements planifiés par l’Etat après-guerre pour y implanter une antenne du Centre nationale d’études et de télécommunications (Cnet, ancêtre de France Télécom puis Orange).
S’il a subi plusieurs crises d’ampleur depuis une bonne trentaine d’années, liées directement à des grandes vagues de licenciements chez France Télécom et Alcatel CIT (devenu Nokia), le Trégor semble aujourd’hui atteindre le stade de l’asphyxie. En témoignent les 82 suppressions de postes programmées chez Nokia et la fermeture de la liaison aérienne avec Orly.
Le vieillissement de la population comme le poids grandissant du tourisme dans l’économie sont d’autres indices inquiétants sur la vitalité d’un pays où le taux de chômage est déjà supérieur à la moyenne nationale.
Le déclin risque de s’accélérer en raison des logiques de rentabilité imposées aux services publics.
L’hôpital, premier employeur public et équipement vital s’il en est, voit des services être regroupés, des lits et du personnel du disparaître, au nom d’un éternel « retour à l’équilibre ».
La ligne ferroviaire vers Plouaret-Trégor et ses correspondances vers Brest et Montparnasse est menacée par la réforme de la SNCF et fragilisée par les déclarations à l’emporte-pièce d’élus locaux qui entendent maintenant faire rouler des bus vers Guingamp.
Les établissements du supérieur, IUT et école d’ingé, sont fragilisées par des regroupements de services administratifs à Rennes et des baisses de dotations qui influencent déjà le volume des enseignements.
En dehors de la ville-centre, les habitants des communes rurales observent la fermeture des bureaux de poste ou des perceptions. Des écoles sont regroupées, des postes d’enseignants sont supprimés. Le pouvoir est dilué dans des intercommunalités géantes, où les décisions sont prises en petit comité avant d’être enregistrées pour la forme dans l’hémicycle du conseil.
L’heure de rassembler
L’expression bataille du rail, de nouveau d’une brûlante actualité, trouve dans le Trégor un écho très particulier. En raison de la Résistance des cheminots puis du combat marathon de ses habitants pour sauver la voie ferrée qui raccorde ce bout de Bretagne au reste du pays et obtenir son électrification. Du Front populaire à Trégor Debout, mouvement syndical contre la désindustrialisation du territoire, les luttes sociales jalonnent l’histoire de cette région.
N’est-ce pas encore ici qu’un des premiers établissements scolaires, si ce n’est le premier, en l’occurence l’IUT, a été bloqué par ses étudiants contre la loi Egalité des chances de Villepin-Chirac, qui introduisait le Contrat premier embauche (2006) à la fin de l’hiver 2006 ?
Deux semaines avant la grève dans la fonction publique (22 mars) à laquelle ont annoncé se joindre les cheminots et peut-être certains secteurs privés, l’Agora des luttes sera l’occasion de tisser des liens et de s’organiser. Les sujets qui nous préoccupent intimement ont souvent la même cause que ceux de la voisine ou du voisin. Il s’agit maintenant de mettre les savoirs en commun (et ses inimitiés de côté) afin de riposter.
L’agora est un lieu ouvert à toutes et tous et non réservé aux militants endurcis. Elle sera réussie si chacun.e y vient accompagné de son voisin de pallier, de sa collègue de bureau ou de son camarade de classe. Le Festival des luttes organisé par les militants anti-projets miniers à Plougonver (22) chaque été depuis deux ans, ou le rassemblement estival de Notre-Dame-des-Landes montrent l’exemple.
L’agora fera intervenir, notamment, le Front social Lannion-Trégor, le Peuple des dunes de Batz à Bréhat, Douar Didoull, Grain de Sable, Stop Tafta-Ceta, Sortir du Nucléaire Trégor, les Buzug anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Attac Lannion, Stop Linky Côtes-d’Armor, Nuit Debout Lannion, AC ! Trégor ou le Collectif de soutien aux sans-papiers du Trégor-Goëlo, Solidaires, la CNT, La France Insoumise, Europe écologie Les Verts ou le Parti ouvrier indépendant et démocratique…
Le programme de l’Agora des luttes
Jeudi 8 Mars
11 h 30 – Centre-ville de Lannion, pendant le marché
Déambulation carnavalesque afin d’annoncer l’agora
Samedi 10 Mars
10 h – Ancienne bibliothèque des Ursulines
Café et réunion de coordination réservée aux collectifs et associations
Avec pour question centrale « Se rencontrer pour mieux lutter : quels moyens, quelles forces ? »
Auberge españole
Dès 14 h – Devant l’ancienne bibliothèque des Ursulines
Village des luttes, avec des stands tenus par des collectifs et associations, des animations (jeu des lois, criée publique, chamboule, etc.)
Goûter et vin chaud
15 h – Devant l’ancienne bibliothèque des Ursulines
« Grrrrrande tribune populaire de la justice sociale »
Par des saynètes, les acteurs des luttes et les participants feront dialoguer les luttes et jugeront des mesures politiques et économiques imposées.
17 h 30 – Départ devant l’ancienne bibliothèque des Ursulines
Carnaval à travers Lannion (parcours déclaré), venez déguisé.e.s pour finir en beauté !
« Café et réunion de coordination réservée aux collectifs et associations »
Ah bon ?! Si on ne fait pas partie d’une assoce ou d’un « collectif », on n’a pas accès à tout ? Ça ne commence pas bien ! Surtout quand on voit que La France Insoumise, Europe Ecologie, Solidaires ou ATTAC font partie du lot : ça ressemble beaucoup à une réunion de stratégie électorale…
Et la suite du programme est apparemment breton-bretonnante : pas la peine de nous parler de « rassembler les luttes » pour les limiter géographiquement…
Il s’agit d’une réunion de coordination sur le thème “Se rencontrer pour mieux lutter : quels moyens, quelles forces ?” Elle n’est pas secrète puisqu’elle est annoncée, mais il s’agit malgré tout de garder une certaine confidentialité. Les participants ne sont pas censés s’exprimer au nom de leur parti s’ils en ont un, (pareil lors des prises de parole lors de l’agora l’après-midi).
Ensuite, le Front social Lannion Trégor peut toujours être rejoint par les organisations ou personnes qui partagent ses valeurs et ses ambitions. Il ne s’agit pas de se limiter aux luttes locales, il sera d’ailleurs question de Bure ou de l’immigration, par exemple. Mais il s’agit tout simplement des forces en présence sur un territoire d’environ 100 000 habitants.
Le ver est dans le fruit.
Si je reprends le commentaire précédent et les précisions qu’il apporte, et qui ne font que rajouter une confirmation à mon sens à ce que j’ai écrit plus haut, on retrouve les mêmes limites que j’ai déjà énoncées, et qui sont revendiquées :
« Elle n’est pas secrète puisqu’elle est annoncée, mais il s’agit malgré tout de garder une certaine confidentialité. »
Une certaine confidentialité pour quoi faire ? Quand on a des cachotteries à faire, c’est qu’on se retrouve dans la même situation que les syndicats quand ils sont minoritaires : action « coup de poing », sabotages, blocages et autres actions totalement minoritaires et d’une inefficacité tout aussi totale ! Lutter, c’est avant tout chercher l’unité sur une base large pour mener une lutte la plus massive possible. Et ça commence par des AG ouvertes à tous ceux qui veulent lutter, pour discuter collectivement des perspectives et des moyens. Toute autre vision revient à nous ramener à un schéma où les « organisations » décident et où les « adhérents » sont gentils de suivre !
« Les participants ne sont pas censés s’exprimer au nom de leur parti s’ils en ont un ».
Je ne vois pas à quoi il peut bien servir de faire partie d’une association ou d’un parti si c’est pour ne pas dire qui on est en assemblées ! D’autre part, si on ne doit pas se revendiquer de son appartenance, pourquoi la réunion n’est-elle pas ouverte à tous ? Cette vision « conspirative anonyme » est tout sauf normale dans une lutte, et de toute façon l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. Pas ds partis ou des associations, même s’ils ont un rôle à jouer !
« Il ne s’agit pas de se limiter aux luttes locales ».
C’est pourtant ce qui est fait dans le texte ! Et dans la réalité, on ne part pas des luttes locales pour les élargir à un mouvement général, c’est TOUJOURS le contraire qui se passe ! Alors soit votre appel mentionne ce qui nous concerne tous – les attaques sociales répétées qui ne cessent de tomber en ce moment – soit vous enfermez votre lutte dans un cadre très restreint qui ne vise qu’à en réduire la visibilité et surtout la capacité à unir tous ceux qui veulent lutter. En bref, on retombe dans le cadre du sabotage de la lutte mené par les syndicats depuis très longtemps !
Enfin, que la Gauche et l’extrême-Gauche démocratiques soient les instigateurs de ce mouvement démontre qu’il n’est aucunement question de s’affronter ici à l’Etat et au capitalisme ! On est bien dans la « lutte-défouloir » sans aucune perspective réelle. Le but de la lutte, s’il y en a une, ce sera de sortir de ce cadre !
On va se répéter, mais le texte ci-dessus rappelle le contexte local. Mais peut-être connaissez-vous mieux le terrain que les personnes qui y vivent ?
Malgré vos phrases définitives, l’expérience trégorroise montre que des luttes locales ont réussi ou sont bien embarquées (ferroviaire, nucléaire, sable, mines…). C’est des expériences différentes de chacun, c’est-à-dire à partir du réel et du ressenti, que les militant.e.s ont décidé de fonder le départ d’une réflexion qui mènera peut-être a plus de coordination.
Encore faut-il lier les combats du quotidien et la remise en question du capitalisme. Car on part de loin.
Il n’est pas question d’écrire une liste de revendications ni de voter l’agenda des manifestations comme lors d’une CNE, pas plus qu’il ne s’agit de construire une liste pour les municipales (!). La matinée doit faire dialoguer des gens qui pour nombre d’entre-eux ne se connaissent pas, mais luttent déjà.
Ce n’est pas (encore) une assemblée générale. Et nul doute que vu l’hétérogénéité des participants, aucun secret ne le resterait bien longtemps. L’unité se construit pas à pas.
A l’échelle de Lannion, il n’y a pas, aujourd’hui, de luttes de pouvoir ou de chefferies. Des bisbilles internes, sans doute, mais peu de gens réfléchissent en termes d’étiquettes au sein du Front social, car les enjeux sont tout de même minimes.
“Vieux Sympathisant de la Gauche Communiste Internationaliste” est un commentateur hyper actif sur indymedia nantes où il passe sont temps à faire de longs commentaires contre tout ce qui n’est pas le combat tellement puuuuuuuur de : LA Gauche Communiste Internationaliste !
Vu qu’il ne lâche jamais le morceau, c’est pas trop la peine de se prendre la tête à lui répondre : il n’aime pas les initiatives qui ne sont pas “lutte des classes contre le capitalisme”, il les méprise même, et il aura toujours quelque chose à rétorquer. A un moment les admins du site lui ont demandé de se réguler, sans succès on dirait.