10 octobre à nantes : construction de la victoire
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Loi travail 2016Luttes étudiantes/lycéennesLuttes salarialesMouvementResistances
Lieux : Nantes
A Nantes, le 10 octobre, les lycéens sont mobilisés avant la levée du jour, avec plusieurs opérations de blocages à Guist’hau, Livet ou la Colinière. Blocages, comme souvent, réprimés par la police. En revanche, les humiliations habituelles commises par les forces de l’ordre sur la jeunesse sont contenues par la présence inhabituelle de syndicalistes en chasuble venus en soutien aux abords des établissements. La répression est donc administrative : des proviseurs menacent certains lycéens de sanctions qu’il s’agira d’empêcher collectivement. Quoiqu’il en soit, plusieurs centaines de jeunes convergent à 10H dans la manifestation, faisant brutalement gonfler le cortège de tête.
On rencontre des manifestants insolites dans la rue ce mardi matin. Deux ou trois flics d’Alliance semblent perdus au milieu de la foule. Ils seront hués et défileront à l’arrière, entre deux cortèges ayant pris soin de laisser une large distance vis à vis du syndicat d’extrême droite. La CFDT sortie de son formol, défile pour la première fois depuis 15 ans derrière des banderoles oranges. De son côté, l’Unsa a sorti son plus beau ballon gonflé à l’hélium.
Sans grande difficulté, la jeunesse force le Service d’Ordre de la CFDT – aussi mou que la direction du syndicat – pour prendre la tête de la manifestation. 10 000 personnes sont dans les rues. L’ambiance est tonique mais le parcours passe par de grandes artères bien vides et sous haute surveillance de flics en tout genre. La BAC s’amuse à viser les manifestants avec les lasers de ses armes, histoire de faire monter la tension. Les tags constellent à nouveau les murs, et le contraste entre le cortège de tête crépitant de fumigènes et de slogans et la foule orange et silencieuse de la CFDT située derrière, freinant de toutes ses forces le rythme du défilé, est saisissant.
Après un nouveau coup de chaud au niveau de la préfecture, la manifestation arrive au terme du parcours officiel, Cours des 50 Otages. La surprise annoncée pendant le défilé arrive. Tout commence. Des crieurs invitent les manifestants à participer à la construction d’une « maison du peuple », pendant que des tables sont installées avec des victuailles et que les banderoles renforcées font face à l’énorme dispositif policier. Un camion transportant l’ossature en bois de la future maison est déchargé en un rien de temps par une chaîne humaine qui s’attèle immédiatement à la construction. En moins d’une heure, la charpente d’une maison de quatre mètres de haut s’élève face à la préfecture, sous les vivats d’une foule hétérogène. Renvoyée à son inutilité fondamentale, la police s’énerve. La BAC tente une charge héroïque pour voler la nourriture préparée par une cantine de la ZAD. Une pluie de projectile répond à cette provocation, met en fuite les perturbateurs, et s’arrête immédiatement pour permettre à la construction de continuer sereinement. Bilan : un manifestant a le doigt fracturé par un coup de matraque.
Au micro, des manifestants rappellent l’histoire des Bourses du Travail – ces lieux d’émancipation ouvrières créés par les anarcho-syndicalistes à la fin du XIXe siècle –, racontent des épisodes de l’histoire insurrectionnelle locale et disent la nécessité de se doter de nouveaux espaces pour organiser la révolte. La « maison du peuple » est construite, et nargue l’hélicoptère. Après un moment de joie partagée la manifestation repart en chanson sur le cours, rythmée par un pas de danse. Le speaker de la CGT s’autorise des punchlines bien énervées. Quelques tirs de fusées de détresse ne parviennent pas à faire déguerpir l’hélicoptère et la fin du défilé se fait quasiment au corps à corps avec la police. Désagréable sensation. Arrivée au miroir d’eau, littéralement encerclée, la foule se désagrège en se donnant rendez-vous dans la rue le 19 octobre prochain. Pour la première fois depuis des mois à Nantes, il n’y aura pas eu un seul tir de grenades ni une seule interpellation.
Après le « mur de la résistance » construit par différentes composantes du mouvement dans le centre ville, cette grande « maison du peuple » érigée face à la préfecture incarne la nouvelle forme d’intervention politique qui s’expérimente à Nantes. Les liens qui se tissent cet automne permettront-ils, dans les semaines qui viennent, d’engager un rapport de force décisif ? A suivre.
Moi j’aurai préféré un grand concourt de château de sable unitaire. Inutile de préciser que là aussi il n’y aurai eu aucune arrestation, ni aucun tir de grenades…
C’est curieux comme chaque article attire en commentaire son lot d’insultes et de critiques sous diverses formes. Les blasé-e-s et les déprimé-e-s de la vie, vous n’êtes pas obligé-e-s de déverser votre bile amère sur chaque initiative qui se crée. Un grand bravo aux personnes qui ont pensé cette immense maison du peuple, c’était vraiment super beau. J’espère vivement qu’on pourra vraiment disposer d’un tel lieu pour s’organiser, se croiser, se causer, créer du commun et de la joie de lutter qui fait cruellement défaut à certain-e-s. A bientôt dans l’château!!
Être blasé, voire déprimé, est-ce un handicap pour les « jeunes » déterminés ?
Ne me dîtes pas que vous aussi vous recherchez des « actifs dynamiques » ?
Bon y’en a marre de nantes révoltée, tu sers à qu’dalle. Rien qu’à ramener des blessures aux plus malchanceux des manifestants
Lucet ? Sérieux ?! C’te caution grotesque de l’impertinence estampillée service public ?
D’où est-ce que je vais lâcher mon abonnement tel le moins cher du marché ?! D’où la seule fois que je peux remplir le frigo je vais boycotter lidl ? Et Amazon pour les exceptionnelles fois où je me fais plaisir avec un bouquin introuvable ici à nantes.
Mais dans quel monde vous vivez, le rsa avec des apl si t’es pas à la rue c’est 700 balles à tout casser pour quatre semaines. Quatre semaines bordel !!
Les seuls liens qu’il y a tisser c’est la faim, et moi j’ai faim et quand j’ai faim : marcher je ne peux point.
Par contre un jour forcément le premier, pauvre ou riche qui se met à me causer soit comme macron , soit comme un insoumis bien mis, je le plante et moi avec.
Ça être Révolté