La « Justice » veut expulser Golgoth-A-XXX en plein hiver

Au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Grenoble s’est tenu le 21 janvier 2004 un procès intenté par Monsieur Alain Ogier, propriétaire indivis de la maison du 14 rue Paul Doumer à Grenoble, pour en expulser les habitant-e-s, nous.
La demande est claire : expulsion immédiate, s’il vous plaît. Mais tout à fait mon bon monsieur acquiesce Monsieur Coutin, Président du TGI.

Nous apprenons le 4 février 2004 que Golgoth-A-XXX est expulsable sans aucun délai. La loi donnant une liberté assez phénoménale aux juges quant à l’appréciation ou non de la « voie de fait », protégeant bien évidemment la sacro-sainte propriété privée, Monsieur Coutin, pour fêter sa proche retraite, estime ceci : « si l’entrée dans les lieux par effraction fait l’objet de contestation, il est constant qu’à aucun moment, les défendeurs n’ont pu se prévaloir d’un titre à l’origine de leur occupation. Leur volonté de s’approprier, en dehors de toute légalité, l’immeuble en cause constitue bien une voie de fait qui, en dehors de toute effraction, peut se définir comme un comportement s’écartant si ouvertement des règles légales qu’il autorise le recours à des procédures d’urgence. Les circonstances rappelées ci-dessus et l’attitude des défendeurs justifient que soit supprimé le délai de deux mois édicté par la loi du 9 juillet 1991 ainsi que le bénéfice de la trêve hivernale ».
Signalons au passage que sa décision semble avoir été motivée du fait que bien que vivant économiquement sous le « seuil de pauvreté », nous sommes des squatteur-euse-s ORGANISE-E-S. Et quoi de plus criminel, quand on est pauvre, que de s’organiser collectivement pour sortir de l’exploitation capitaliste et de l’assistanat étatique ?

« Il convient de relever que les explications fournies lors des débats et les indications provenant de sites internets ou de brochures, également versés aux débats établissent que le “squat” devient une opération voulue, réfléchie et programmée » explique le juge Coutin. En gros, si nous subissions la vie, si nous étions dans la merde jusqu’au cou sans nous plaindre, sans broncher, sans comprendre, ça irait. Mais là, vous comprenez, on s’en sort, on s’organise, on ne mendie pas on se sert !

Les richesses existent, en France on jette nourriture et vêtements dans des containers après les avoir aspergés d’eau de javel ou tailladés, on laisse des maisons à l’abandon pendant des années et il suffit qu’elles soient illégalement occupées pour que leurs propriétaires y accordent subitement un intérêt quasi-vital à les entendre…
Nous vivons dans une société du mérite et de l’exploitation. La sueur de ton front ou ton origine familiale peuvent te permettre de vivre dans cette société.
La République, sa démocratie, ne sont que des croyances post-religieuses qui laissent la population dans un état de soumission et d’ignorance qui nous révulse. Et vous voudriez que nous participions à votre monde ? Vous pouvez toujours rêver. Nous continuerons à vous nuire, tel-le-s des golgoths en furie.

Les habitant-e-s de Golgoth-A-XXX
(Grenoble, mi-février 2004, golgoth-a-xxx@squat.net)