Après avoir chassé le dictateur Ben Ali, la population tunisienne, et particulièrement la jeunesse, continue son combat et sa marche vers la liberté. Une partie de la population, notamment les plus pauvres, rejette le système de partis au pouvoir et refuse de se laisser enfermer dans des joutes électorales. En continuant sa lutte, la population tunisienne peut profiter de cet élan de liberté pour arracher de nouveaux droits : répartition des richesses, sécurité sociale, laïcité affirmée, libertés politiques. L’enjeu essentiel est de construire et renforcer les formes d’auto-organisation et de résistance syndicale, communale, dans les villages et les quartiers.

La lutte du peuple tunisien a fait tâche d’huile dans d’autres pays arabes (Algérie, Égypte, Yémen, etc.) même si les circonstances ne sont pas les mêmes. On peut dire que la révolte tunisienne a commencé avec le soulèvement de la population du bassin minier de Gafsa, en 2008, alors qu’il y a peu de luttes syndicales dans les autres pays où les gouvernements ont pris soin de briser tout mouvement d’opposition. En Tunisie, les appels à la grève générale ont permis de donner une assise sociale à la contestation : certains patrons se sont faits virer, des assemblées se tiennent. Il en est ressorti des formes d’auto-organisation pour assurer la vie quotidienne de la population. Ce sont ces formes d’auto-organisation qui ont aussi permis de résister à la répression des milices.

Globalement, dans la plupart des pays et notamment en Égypte, c’est une révolte de la jeunesse, contre le régime et contre la hausse des prix. L’armée n’a pas encore fait le choix de lâcher le gouvernement en place, au moins de ne pas intervenir. Pourtant, rien ne laisse présager d’une issue plutôt que d’une autre, même si nous pouvons craindre de nouveaux bains de sang comme c’est le cas aujourd’hui.

Ce qui motive ces soulèvements ce sont les privations de liberté, la violence, la répression, la dictature mais aussi la hausse des prix, les inégalités sociales, la misère et l’exploitation. On peut dire que cette situation est vécue par l’ensemble des classes populaires de la planète. La révolution a commencé en Tunisie. Où s’arrêtera-t-elle ?

Il nous faut dénoncer les discours médiatiques et la complicité des hommes politiques pour qui la solution ne peut être que dans la poursuite du système existant. Pour eux, la vacance de pouvoir est synonyme de chaos. Ils ont peur des capacités d’auto-organisation des populations et de leur capacité de réalisation.

Les populations en insurrection aspirent à l’égalité et à la liberté, qui ne seront possibles qu’en rejetant toute forme d’exploitation et d’oppression, quelle soit économique, politique, religieuse, sexuelle, morale.

Il est temps de construire une société libre et égalitaire sans se laisser voler sa révolte par les partis politiques et/ou religieux. L’exemple de l’Iran doit, à se titre, être riche d’enseignements. De même, en Algérie, la population avait dû lutter contre la violence du parti toujours en place et contre les islamistes. En Irak, les luttes syndicales et politiques se développent sans se laisser enfermer dans la guerre entre impérialisme américain et islamisme politique. Cette guerre de pouvoir se fait toujours au détriment de la vie, de la liberté des populations qu’ils oppriment ou tentent d’opprimer.

L’espoir suscité par la révolution tunisienne offre une troisième voie pour ces pays et leurs populations : bâtir une nouvelle forme d’organisation sociale basée sur la liberté, l’égalité, la solidarité et le refus des systèmes de pouvoir et de domination. Dans ce combat, les populations des pays arabes et du monde trouveront toujours les anarchistes pour leur apporter leur soutien et leur aide.

À nous tous d’apporter tout le soutien nécessaire à ces luttes, à faire pression sur les intérêts des gouvernements et des patrons et de prolonger cette vague de contestation révolutionnaire.

Fédération anarchiste

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