Pourquoi préserver télénantes du groupe ouest-france ?
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Catégorie : Local
Thèmes : MédiasNantes-7Ouest-franceOuest-ranceTélénantes
Lieux : AngersNantes
Plus que jamais, le contrôle de l’information est devenu l’enjeu numéro un de la transformation sociale. La réaction l’a bien compris : de Rupert Murdoch aux « petits » empires médiatiques français (Bolloré, Bouygues, Lagardère,…), le pouvoir se trouve dans les médias. Les béquilles d’un capitalisme sénile ont pour nom le Figaro, le Monde, Libération, TF1 ou même parfois France Télévision. De l’urgence de bâtir et développer nos propres outils de communication, d’information véritablement citoyenne.
A ce propos, la réforme de l’audiovisuel public annoncée par Sarkozy l’an passé, fait du prince, a déclenché une juste levée de bouclier de l’opposition au sens large, de certains gens de presse également. On a même pu entendre des socialistes sortir de leur minables joutes intestines pour fustiger le retour à l’ORTF ou le cadeau publicitaire fait aux amis du président : Bouygues ou Bolloré. Ils se sont réveillés tardivement, laissant Bayrou et le Modem prendre un temps la tête de la contestation.
Un an presque jour pour jour après l’annonce de la suppression de la publicité sur France Télévision et alors que la réforme entrait en vigueur, Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes et président du groupe socialiste à l’Assemblée, formulait ses voeux à la presse locale, à Nantes. Evoquant les bienfaits de la diversité dans les médias il a tout de même avouer « travailler au rapprochement entre Nantes 7 et Télénantes ».
Les deux chaînes partagent actuellement, bien inégalement, le même canal hertzien et TNT. L’une est commerciale, avec pour actionnaire de référence le tentaculaire groupe Ouest France : Nantes 7 ; l’autre de statut associative et financée par les collectivités : TéléNantes.
Nantes 7
Cette télé privée est depuis sa création lourdement déficitaire et ne parviens pas à équilibrer ses recettes publicitaires avec ses coûts. On voit déjà les dérives que cela crée sur les programmes, de plus en plus publireportages sur tel entrepreneur méritant, les programmes hybrides entre publicité et magazine, où le recul critique attendu de la part de journaliste a depuis longtemps disparu. J’évoquerai aussi ces « talk-shows » débats où indépendamment de la qualité des discussions, on se retrouve avec, en guise d’intervenant-chroniqueurs, une ribambelle de journalistes de près ou de loin affiliés au Groupe Ouest-France (1).(de Presse Océan, du gratuit 20 Minutes,etc.). De l’énorme place faite au Football et au club de Nantes, aux programmes courts low-costs achetés à des boîtes parisiennes, à l’absence quasi complète d’enquête journalistique, est-ce là le genre de télé qui vous plaît ? C’est pourtant ce qui nous est servi 19 heures par jour et en boucle sur Nantes 7.
TéléNantes
Etant jeune réalisateur de documentaires, je ne peux être complètement objectif dans cette affaire. Un lien affectif m’attache à la télé dite « associative » TéléNantes, c’est en effet l’unique chaîne à avoir diffusé mon premier film critiquant ouvertement la politique régionale en matière d’aménagement (projet de nouvel aéroport). Toutefois, je ne crois pas me tromper en exprimant l’inquiétude de tous les acteurs émergents de l’audiovisuel en région. Nous attendions beaucoup de Télénantes pour soutenir et accompagner nos projets, nous aider à nous professionnaliser et à vivre de notre métier.
La gestion fermée de la chaîne ne nous satisfaisait généralement pas et sa manière de singer les grandes télévisions, de formater les débats, d’imposer « des cases » en agaçait plus d’un. C’était malgré tout jusque là notre télé. Elle permettait d’espérer à nombre d’intermittents du spectacle de faire des cachets, de participer à des réalisations audacieuses, innovantes, fraîches. Dans le climat culturel actuel, ce n’était pas négligeable.
TéléNantes était donc bien imparfaite, encore loin de la chaîne rêvée par les spectateurs-citoyens exigeants, mais c’était déjà une petite chaîne locale de service public.
Fusionner Nantes 7 et TéléNantes.
L’information que n’avaient pas sorti les quotidiens Ouest-France et Presse-océan, sur le projet de rapprochement des deux chaînes, sème donc le trouble. On la doit à Com & Médias (2). L’article explique que depuis six mois, les élus et la direction de Nantes 7 « discutent en toute discrétion d’un rapprochement qui pourrait aboutir à une fusion. Une opération qui paraît nécessaire, aussi bien pour Ouest France qui subit les effets de la crise publicitaire que pour les collectivités qui s’attendent à une année difficile » (3).
Ce sont donc les élus qui discutent de l’avenir d’une association dont les subventions font saliver le groupe privé, sans aucune consultation publique évidemment. Le privé à failli, n’a pas su trouver de modèle économique viable, il vient donc, c’est une vieille histoire, pleurnicher auprès des pouvoirs publics. Fort à défendre les principes du libéralisme, Ouest-France touche là ses limites. Le groupe du vieillissant François-Régis Hutin s’éloigne chaque jour un peu plus de ses valeurs proclamées.
Déjà hégémonique sur l’information régionale Ouest France ne doit pas nous refaire le coup de TV10 Angers, petite chaîne câblée para-municipale détruite par le CSA et le projet ANGERS 7(4) en 2007.
Au nom de la nécessaire diversité des médias, de leur indépendance, il nous faut faire reculer Ouest-France, les élus des collectivités vraisemblablement égarés, et ensemble réclamer Justice & Liberté(5) pour TéléNantes.
Merci de faire tourner l’information dans vos réseaux, de questionner vos élus. Une pétition va circuler dans les jours qui viennent pour réclamer la sauvegarde et l’essor de notre chaîne locale de service public.
Julien Merlaud
Apprenti-réalisateur
Militant des Pieds dans le PAF
(1)Sipa Ouest-France renforce son influence dans l’Ouest (SNJ) sur ACRIMED : http://www.acrimed.org/article2693.html
Ouest-France étend son empire (Observatoire Nantais des Médias)
http://www.acrimed.org/article2254.html
(2) l’article est disponible sur mon blog http://rousty.over-blog.com/article-27238752.html . Tiré de Com&Médias sur http://www.marketeam.fr/
(3) Op. cit. Propos tenu par Antoine de Tarlé, président de Nantes 7.
(4) Angers 7 est la soeur jumelle de Nantes 7, partageant charte graphique, contenu éditoriale, etc…
(5) La devise de Ouest France.
pendant ce temps, les universités (exemple info-com’ à nantes) classistes et/mais publiques (?!) forment les futurs soldat(e)s médiatique de la guerre sociale.
Tout peut continuer longtemps.