Allo Saint-Bruno, bobos

Comment le passé ouvrier du quartier Saint-Bruno n’est plus qu’un lointain souvenir

Gentrification : « terme venant de l’anglais « gentry » désignant le processus par lequel le profil économique et social des habitants d’un quartier se transforme au profit d’une couche sociale supérieure ». Synonyme familier : boboïsation.

Aux détours d’une balade dans le quartier Saint-Bruno, on peut tomber sur : le « Central Park » rue de New-York, la « Closerie d’Alembert » rue d’Alembert, « Hermes 2 » et le « Saint Georges » rue René Thomas, le « Murano » rue du Vercors, le « Patio » et le « Carré des Halles » au square des Fusillés … Un peu partout dans le quartier fleurissent les grands panneaux promouvant une nouvelle résidence « prochainement ici ». D’une similarité troublante, les résidences présentées sur ces panneaux sont « de standing », généralement blanches, carrées, bordées d’espaces verts aux allées peu chaleureuses. Quelques coups de fils aux promoteurs immobiliers (BNP Paribas, Bernard Teillaud) nous confirment que la clientèle attirée n’a pas de problèmes de fins de mois, le prix du m2 flirtant avec les 4000 euros. Bien entendu, afin d’éviter à la municipalité PS-Modem-Droite de Grenoble d’être hors-la-loi, et afin d’alléger la liste des 13 000 demandeurs de logements sociaux de l’agglomération; chaque projet compte son petit pourcentage de logements sociaux.
Derrière les panneaux, quand les grues ne tournent pas déjà afin de faire pousser le béton, les pelleteuses s’appliquent à faire disparaître les anciens bâtiments, témoins d’un passé ouvrier et populaire.

Le quartier Saint-Bruno ? Ancien noman’s land marécageux, s’étendant historiquement de la ligne de chemin de fer au Drac, le quartier s’est développé au moment de la révolution industrielle et de l’installation d’usines (tels que Raymond Boutons, Établissements Joyas, Bouchayer-Viallet, Lustucru, les ganteries…) profitant de terrains à moindre coût. Au début du XXème siècle, la population du quartier, gonflée par l’exode rural et l’arrivée massive d’étrangers, compte 75% d’ouvriers et d’employés modestes. A cette époque, « la convivialité était très forte. Les soirs d’été, les gens se retrouvaient dans les rues, assis sur une chaise devant leur maison, et devisant tardivement entre eux des potins du quartier. » La vie était rude, le travail pénible et long, le confort souvent inexistant : WC sur le palier, pas de commodités, ni chauffages, ni baignoires; mais « il existait une grande solidarité, celle des gens modestes. » (1). Des grèves dures à répétition , aboutissant à quelques avancées pour les ouvriers (repos hebdomadaire, augmentations, congés payés), ainsi que des manifestations contre l’extrême droite en 1934 et une participation active à la Résistance; donnent au quartier une réputation de « rebelle » et « frondeur ».

Le déclin des industries

La seconde guerre mondiale a commencé à ronger l’outil industriel, les manques de main d’oeuvre et de débouchées des années 1950 – 1960 ont fini de l’affaiblir. Les grandes entreprises (hormis Raymond Boutons) ont fermé les unes après les autres, abandonnant leurs bâtiments. Au début des années 1980, « les patrons qui on fait la prospérité du lieu sont partis vers le centre ville ou la banlieue résidentielle tout en gardant la propriété de nombreux bâtiments. Le quartier devient encore plus populaire. » (2) Et cosmopolite, notamment par une importante immigration d’origine nord-africaine. Quelques squats occupent les anciennes usines; les logements vacants sont vite réoccupés en raison de leur faible coût; et quelques artisans maintiennent une activité.

Mais parallèlement au départ des industries traditionnelles a commencé à émerger sur le site voisin du Polygone un pôle de nouvelle technologies, au départ autour du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) et du nucléaire. Ce qui entraîna une batterie d’autres entreprises et institutions (CNRS, STMicroélectronics, Synchrotron, Minatec…), et donc l’arrivée de régiments d’ingénieurs, cadres supérieurs ou techniciens cherchant à habiter sur place. Ce qui ne déplaît pas forcément aux « anciens » du quartier.

Paul Faure, 81 ans, membre de l’Union de quartier et surnommé « l’historien du quartier », est né ici et « préfère le Cours Berriat à la promenade des Anglais. » Comme d’autres personnes âgées rencontrées, il ne voit pas d’un mauvais oeil le développement scientifique et technologique et l’arrivée de nouvelles populations. Pour lui, cela permettra de rajeunir la moyenne d’âge des habitants et de redonner du dynamisme au « quartier qui est depuis plusieurs années plongé dans une certaine torpeur ».
Un boulanger du Cours Berriat partage ce sentiment : « le quartier meurt petit-à-petit, les commerces ferment les uns après les autres, et j’ai de moins en moins de clients. Avant c’était beaucoup plus vivant. » Mais une patronne d’un bar – également cours Berriat – de se demander : « je ne sais pas si les habitants des nouvelles résidences vont venir chez nous. En tous cas pour l’instant on voit pas trop de nouveaux. On se questionne pour le futur. »

Pour la patronne d’un bar voisin des nouvelles résidences de la rue du Docteur l’Hermitte, la réponse est amère : « Avant il y avait l’usine Lustucru en face du bar, le café était très souvent rempli, surtout par des ouvrières. Maintenant, il y a les nouveaux immeubles; j’en ai pas encore vu un venir boire un coup. Ils payent tellement cher, comment voulez-vous qu’ils viennent dans le bar ? »

Saint Bruno, c’est plus bon marché (à part sur la place)

Et c’est vrai qu’ils payent cher : anciennement connu pour son marché immobilier bon marché pour Grenoble, le quartier figure maintenant dans le peloton de tête des prix élevés: avec 2640 euros par m2 en moyenne pour l’ancien et 3500 euros pour le neuf (3), il talonne, suite à une hausse de plus de 100% en cinq ans, les quartiers bourgeois de l’Ile Verte et de l’Hypercentre. Selon un agent immobilier, les acheteurs du neuf correspondent à deux profils : soit ce sont des personnes âgées habitant déjà dans le quartier et voulant réinvestir dans le neuf; soit ce sont plutôt des couples ou familles travaillant sur le Polygone.

Jean a la soixantaine passée et habite dans le quartier depuis quarante ans. Autour d’une mousse dans un bar cours Berriat, c’est difficile de l’arrêter quand il parle du Saint-Bruno d’avant, de ses premières années passées ici. Quand on aborde le présent, les nouvelles résidences, il est par contre moins loquace et lâche seulement l’air triste : « maintenant c’est tout pour le fric; le reste n’a plus sa place. A l’époque, on était plus pauvre mais le fric pourrissait pas tout. »

A l’époque la ligne de chemin de fer, surnommée la « barrière » au croisement avec le Cours Berriat séparait deux mondes : « A l’ouest de la barrière, c’était le quartier populaire, pauvre, ouvrier, méprisé par les « gens de l’est », plus embourgeoisés, plus collet monté. A l’ouest, on portait le bleu de travail, à l’est on arborait cravate et chapeau. » (4)
Aujourd’hui, il n’y a plus de barrière, mais une surévaluation du train, et plus de distinction entre les deux côtés. Alors qu’après guerre, il y avait 55 cafés sur le Cours Berriat (entre la barrière et le pont du Drac), aujourd’hui il n’y en a plus qu’une dizaine. Aujourd’hui, hormis la place et ses alentours, le quartier n’est pas vraiment vivant : ambiance calme et lisse. Après guerre, derrière la gare, on trouvait de vieux entrepôts et une brasserie « La Frise ». Aujourd’hui, il y a Europole, le quartier d’affaires de Grenoble.

Vous êtes-vous déjà promené dans Europole ? Avez-vous ressenti une once de bien être ? Grandes tours de verres, restaurants de luxe, école de commerce « Grenoble Management », palais de justice, trottoirs et espaces verts froids, World Trade Center, 8 enseignes de banques différentes en 200 mètres : ici rien ne semble être fait pour les humains, tout pour les requins décidés à n’avoir de vie qu’économique.
En tous cas, c’est une ambiance radicalement opposée à celle du Saint-Bruno populaire d’antan. Ce qui peut laisser dubitatif face aux positions de Paul Faure et du reste de l’Union de Quartier : comment peut-on être à la fois fier d’un passé ouvrier et populaire et se réjouir d’Europole ? Comment peut-on accepter qu’il n’y ait plus aucune place pour les anciens « héros » du quartier – les gens modestes ?
Pour les élus, c’est clair : avec Europole, c’en est fini des ouvriers. Ainsi Pierre Kermen, Vert ancien élu adjoint à l’urbanisme déclarait-il : « Nous voulons que ce quartier soit celui de la mixité, où des étudiants pourront côtoyer des chercheurs et des avocats. » (le Daubé, 15 août 2002). La mixité oui ! Mais entre gens bien, sans les pauvres ! Reste juste à « humaniser Europole » « ajouter une touche de convivialité » (le Daubé, 15 août 2002), c’est-à-dire à rajouter quelques plantes vertes et des bancs – oui mais pas trop grands pour éviter que des « personnes indésirables » viennent s’y installer.

Un avenir en-cadré

L’avenir du quartier, c’est donc ça : des chercheurs, des étudiants, des avocats, des industriels. C’est has been, le bleu de travail, les petits jardins ouvriers, les cafés populos remplis d’ouvriers à six heures du matin, les solidarités entre personnes pauvres. Le présent, le futur, c’est de vouloir être la métropole du XXI ème siècle, la « silicon valley à l’européenne » capable d’attirer les investisseurs. L’avenir, c’est d’avoir les mêmes magasins, les mêmes bâtiments, les mêmes aspirations, les mêmes publicités que toutes les autres « métropoles », mais avant tout le monde – puisque on est à Grenoble…
Dans cette optique, il fallait donc relifter ce coin de la ville, stratégique car proche de la gare et du Polygone scientifique, afin d’offrir aux cadres débarquant sur Grenoble une image branchée et moderne correspondant à leurs attentes. Travail commencé avec la réalisation d’Europole (débuté dans les années 1980), poursuivi aujourd’hui par la construction de dizaines de résidences de standing, et achevé demain avec la réalisation de GIANT (Grenoble Isère Alpes Nano Technologies). Ce vaste projet comprend – entre autres – la requalification urbaine du Polygone scientifique et de la cité Jean Macé, autre ancien quartier ouvrier également réputé très convivial, « dernier village gaulois » (5), destinés à devenir un « agrandissement du centre-ville ».

Dans cette optique, il fallait donc donner également une bonne image aux cadres ne faisant que passer par Grenoble grâce à la rocade, et donc raser en grande partie la friche Bouchayer-Viallet pour en faire un nouveau quartier mêlant également habitats, bureaux, et espaces culturels et de loisirs.

Dans cette optique, il fallait donc remiser toutes les traces du passé ouvrier aux oubliettes et les transformer en faire-valoir pour un quartier « sympa ». Les élus et architectes des nouvelles résidences ne manquent donc pas une occasion pour rappeler « l’histoire ouvrière de ce quartier » et décident le maintien à côté du neuf de tel ancienne tour industrielle, telle ancienne enseigne d’usine afin de « conserver l’identité du quartier ». Joli pied de nez qui n’est pas pour déplaire à la nouvelle population bobo du quartier. Saint-Bruno, qui reste encore pour toutes les personnes rencontrées un quartier « où il fait bon vivre, malgré tout » compte en effet nombre d’habitants sensibles à ce passé comme aux thématiques écologistes, comme en témoigne les 30% de votes Verts aux dernières municipales. Ce qui ne manque pas d’agacer Jean : « Tout le monde parle de l’écologie, du bio, du passé, du respect, des traditions, mais tout sonne faux. C’est comme la Talemelerie [ndr : une chaîne de boulangeries] : ils disent qu’ils font du pain en respectant la tradition, ils essayent d’imiter une ambiance d’antan et en fait c’est une grosse boîte, avec des serveuses qui disent tout le temps pareil; et on voit partout exactement les mêmes en ville.»

C’était mieux avant ?

Bien entendu il ne s’agit pas de magnifier un passé ouvrier laborieux, dur, basé sur l’exploitation d’une masse de petites gens pour l’enrichissement de quelques grands patrons. Encore moins de porter aux nues des industries particulièrement actives dans l’« effort de guerre » : fabrication d’obus à Bouchayer-Viallet, approvisionnement de l’armée en pâtes (Cartier-Millon) ou biscuits (Brun), fabrication de canons chez Joya, ou de pièces pour les tenues des militaires (Raymond Boutons ou Terray).

La transformation de Saint-Bruno, outre d’être un bel exemple de boboïsation d’un quartier populaire, est symptomatique d’un changement d’époque. Aux ravages de l’alcoolisme, on préfère aujourd’hui les ravages de la télévision et de la vie numérique. Si le confort est à la portée du plus grand nombre, il est généralement accompagné des affres de l’individualisme, du repli sur soi, des dépressions ; et de la baisse des solidarités et de l’entraide.

Promouvant l’idée que la technologie est la solution de tous nos problèmes, les responsables pensent pouvoir guérir le mal par le mal et relancer de la convivialité et de la solidarité par Internet. La Mairie de Grenoble a donc lancé le site « peuplades » (sponsorisé par la BNP Paribas (voir encart)), afin que des voisins puissent se rencontrer et se demander des services sur le Web puisque que l’urbanisme, et l’époque ne permettent plus de le faire dans la rue. Plus qu’un remède sans doute faut-il y voir un constat d’échec.

Benoît Récens
Printemps 2008

(1) Quartier Saint Bruno, Mémoire grenobloise d’hier et d’aujourd’hui, Editions Alain Sutton, 2007
(2) 100 ans entre le pont du Drac et la barrière, élèves du collège Fantin Latour, 1985
(3) Nouvel observateur, décembre 2007
(4) Quartier Saint Bruno, Mémoire grenobloise d’hier et d’aujourd’hui, Editions Alain Sutton, 2007
(5) Jean Macé, les Abattoirs, Mémoire pour demain,

Encarts :

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La BNP parie haut

Quasiment toutes les nouvelles résidences actuellement en construction dans Saint-Bruno (à part sur le site de Bouchayer-Viallet) sont des projets immobiliers de Meunier Rhône-Alpes, une filiale de la banque BNP Paribas. Comme d’autres banques investissant le secteur immobilier, elle essaye de tirer un maximum de profits de la crise de l’immobilier : en tant qu’agent immobilier grâce de grosses marges sur les opérations immobilières, puis, en tant que banque, grâce à une forte augmentation des montants des prêts effectués. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir une politique de compression des coûts des salariés entraînant impératif de rentabilité, pression, stress, très peu d’augmentations de salaires (+0,8%) (1). Les dividendes des actionnaires de la sixième banque mondiale (en terme de chiffres d’affaires), épanouis par les 7,8 milliards d’euros de bénéfices de 2007, ont par contre augmentés de 8%.
Une entreprise qui entretient de très bons rapports avec les pouvoirs locaux, comme en témoigne la présence de Michel Destot à l’inauguration d’une nouvelle agence grenobloise le 16 mai 2008.

(1) (http://www.humanite.fr/2008-04-22_Politique_BNP-l-insup…aries )

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Comment boboïser une ville ?
Michel Destot et les élus de la ville de Grenoble semblent avoir lu de près les dix commandements pour boboïser une ville, écrits par le très bon journal local amiénois Fakir, qu’on peut retrouver sur son site www.fakirpresse.info. On se contentera ici d’en citer un :

« Commandement n°5 : La Culture tu chériras
C’est par la Culture, surtout, tu le sais bien, que les quartiers s’embourgeoisent. D’abord parce que, à l’instar des étudiants, les photographes, maquettistes, peintres, gens de théâtre, journalistes, etc. font d’excellents intermédiaires : ni vraiment du peuple, ni tout à fait de la bourgeoisie, et un peu des deux. Ensuite parce qu’on n’attire pas les gentrificateurs avec du vinaigre : il leur faut ce supplément d’âme artistique. Enfin parce que le consensus régnant autour de la Culture, de son industrie, de son cosmopolitisme, de ses sanctuaires, neutralise les rapports de force sociaux, déguise les desseins financiers sous les oripeaux du « cool » et du « sympa ».
Quel populiste s’opposerait à l’implantation d’un théâtre ou d’une bibliothèque ? Pourtant, l’Opéra Bastille à Paris et le Musée de la Charité à Marseille furent les fers de lance dans la « reconquête » immobilière de ces quartiers. »

Une analyse à méditer pour Saint-Bruno, connu pour ses nombreux lieux artistiques et culturels plus ou moins alternatifs, dont certains (comme La Bobine, ou les Bas Côtés) sont d’ailleurs menacés par des projets immobiliers de « résidences de standing ».

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Le quartier arabe ?

« Quand tu vas à Marrakech ou à Alger, que tu dis que tu viens de Grenoble, on te demande « de Saint Bruno ? ». Saint-Bruno, c’est connu à l’étranger… » Pour ce patron d’un bar à chicha place Saint-Bruno, la réputation du quartier dans le Nord de l’Afrique est un peu biaisée : si le quartier – en fait uniquement la place et ses alentours – est très animé par les populations maghrébines, de moins en moins habitent ici et beaucoup viennent en fait d’autres endroits de l’agglomération (Fontaine, Echirolles, l’Alma, la Villeneuve…). Pour lui, aujourd’hui, les communautés se mélangent très peu, ce qui semble se confirmer dans les relations tendues entre l’Union de Quartier (composée uniquement de blancs) et la population maghrébine. Il regrette l’époque de son enfance, dans les années 1980, où le quartier était beaucoup plus populaire, les loyers bon marché et les relations entre les différentes communautés bien plus sympathiques. « Dans les petites rues autour de la place Saint-Bruno, il y avait du linge qui séchait sur des cordes tendues entre les immeubles… Ca ressemblait à Naples… et puis le tram est arrivé et ils ont dit que « ça », ça faisait sale… »

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Saint Bruno en chanson

« C’est un quartier mal foutu,
un peu flou sur les bords
un grand tricot de rues
déchiré vers le Nord
Un quartier pas bégueule
Sans frime et sans apprêt
Un quartier fort en gueule
Ou l’bourgeois s’fait discret (….)

Overdoses d’autos
l’abbé Gregoire digère
La tête à Saint-Bruno
les pieds dans les eaux claires
Pour flâner rue Chorrier
Il faut beaucoup d’espoir
Touristes circulez
Y’a vraiment rien à voir. (…)

Le marché Saint-Bruno
Agite ses appeaux
Les marchands d’oripeaux
Se partagent le gâteau
C’est truffé de fabriques
Mélangées aux maisons
Les entrepôts s’imbriquent
Et dessinent l’horizon

Assommoirs débonnaires
Bistrots ripolinés
Suivent le boeuf des affaires
Au rythme des tournées
c’est un quartier lèv’tôt
Qui boit pas que de l’eau
petit blanc du matin
N’arrête pas le Pèl’rin

Grand territoire bâtard
Saint Bruno ocre et vert
L’gazon chauve de ton square
Va-t-il passer l’hiver
Tu fais pas l’distingo
Tu mélanges les souches
mais ton charme fait mouche »

Extraits d’une chanson de Patrick Boirot
sur Saint Bruno, date inconnue (avant 1985)