Le Clandé joue la Oxacana ou l’amalgame du Midi.

Le lieu de la pièce : Le « Clandé » ancien bouge toulousain, qui depuis dix ans est un squat d’activité dévolu aux associations et collectifs tels que celui du soutien au Chiapas ou Act Up.
Situé rue Quéven à l’orée des grands boulevards, il avait même favorisé l’installation d’un bistroquet au nom enchanteur : « Le Père Peinard ». Nom annonciateur de barricades…
Or voila que le 26 octobre 2006 une quinzaine de messieurs de la police dans le rôle des forces de l’ordre, l’huissier dans le rôle de l’huissier et un représentant de la Ligue contre le cancer dans le rôle du propriétaire s’avancent pour virer trois personnes en flagrant délit de « marginalité ». La scène d’exposition vous l’avez !
Passons à l’intrigue…on apprend que début septembre trois SDF ont jeté par-dessus le parapet d’un pont un jeune étudiant. Celui là en est mort. La mairie toulousaine a donc organisé une chasse à « la marginalité agressive » et interdit le camping sauvage. L’occupation prolongée du domaine public y est réprimée aussi. Autant dire que la BAC va bientôt chasser l’Hirondelle. Vous sentez le climat. Enfin, camper dans Toulouse, faut admettre c’est être… sauvage !
Les occupants du Clandé n’ayant pu emporter lors de leur expulsion leurs propres affaires plus très propres,n’ont guère apprécié la manière discourtoise d’être mis hors les murs. Assez rapidement quelques centaines de personnes occupent la rue. La police charge (c’est assez banal en somme) mais n’obtient qu’en réponse l’édification d’une barricade. Ce qui explique pourquoi le journaliste de la Dépêche du midi de concert avec son rédacteur en chef ait trouvé ce titre frappant : « La révolte des SDF » que quelques mamies ont interprété en « Des volts chez EDF »(désolé François !) Mais le dit journal en page 2 se surpasse avec une manchette du feu de dieu, on dirait du Hugo : « Les SDF sur les barricades ». Et là on trompe plus Mamie !
In fine et poco agitato la foule réinvestit le squat …en poussant la porte : Le Clandé est de nouveau ouvert. Un concert a lieu le vendredi et le lendemain les chorales révolutionnaires y chantent en cœur « Las Barricadas »en hommage à la commune de Oxaca.
Harpagon entre alors en scène et résume les événements : Le journal a souhaité faire un amalgame et pour s’en convaincre il suffit de poursuivre la Dépêche avec en page 3 : « Pavés sur le commissariat » ce qui te fout une ambiance Sarkosiste! Un peu plus et le bus de Marseille passait par là ! La dépêche sur les barricades, ça permet a peu de frais d’avoir des envoyés spéciaux dans les banlieues du centre, mais sans bouger du centre ville.
Autant le quotidien s’est plut à exagérer les événements au Clandé, autant la situation à Bellefontaine, une banlieue est sujette à étouffement tellement elle est brûlante. En effet les caillasages, voitures brûlées sont en augmentation. Chez les journaleux on appelle ça : Recrue décente des imbécillités ! Pardon je bafouille, recrudescence des incivilités !
Les squatteurs quant à eux expliquent que les deux histoires sont somme toute assez différentes, bien que les SFD subissent les rigueurs de l’économie politique tels que Adam Smith l’a exposé en parlant de l’équilibre de Loi de l’offre et de la demande : L’offre du logement se faisant rare il faut bien ouvrir sur demande… des logements vides!

Squatto un poco agitato…

C.G.