[nantes] débat autour des contre-sommets avec le collectif dissent
Thèmes : Contre-sommetsResistances
Lieux : Nantes
Vendredi 19 février à 20 H à B17 - Débat avec le collectif Dissent autour des contre-sommets
Le collectif Dissent propose des rencontres pour préciser et approfondir la réflexion politique autour des contre-sommets. Dans différentes villes et pays, des rencontres sont organisées. Après une courte introduction et une présentation de ce qui a été discuté lors des réunions précédentes, nous pourrons décider ensemble des sujets que nous voulons aborder
REFLEXION MILITANTE
Stratégies et perspectives des militantEs radicALESaux
dans le mouvement anti/alter-mondialisation
10 ans après Seattle…
Beaucoup de choses se sont passées depuis que des milliers d’activistes ont sérieusement perturbé le sommet de l’OMC à l’automne 1999. Nous n’oublions pas la fusillade de Gotheborg, l’assassinat de Carlo Giuliani et les nombreuSESx blesséEs et emprisonnéEs, ainsi que les moments de solidarité, les processus politiques partagés et la résistance collective.
Dans le cadre des mobilisations de contre-sommets, des alliances et des réseaux ont réussis à rassembler plusieurs courants politiques, mais souvent, ils ont disparu aussi rapidement qu’ils étaient apparus. La participation à des contre-sommets semble être devenue une habitude, permettant principalement de se rencontrer et de solidifier nos réseaux. Mais au-delà de l’événement lui même, comment encrer les protestations contre les sommets dans les mouvement sociaux et les luttes quotidiennes?
Nous constatons que la dynamique des contre-sommets semble s’essouffler, les critiques et les frustrations se multiplient. Qu’est ce que l’on veut/peut faire dans ce contexte ? Nous ressentons le besoin de faire le point sur ce qui nous fait poursuivre les contre-sommets.
Qui sommes nous?
Nous sommes issuEs de la sphère des groupes Dissent existant ou ayant existé dans diférents pays d’Europe. Nous nous sommes rencontréEs pour construire une structure commune, partager des pensées, des astuces, des expériences, pour développer des perspectives, proposer des stratégies politiques et être ainsi capables d’agir ensemble. C’est une tentative de cr?er un processus continu de discussion qui ne soit pas déterminé par un rythme extérieur imposé par l’agenda des sommets des dominantEs. Dans ce but, nous voulons démarrer une série de rencontres, de discussions.
Nous n’avons pas comme idée un bavardage stérile ou une réunion d’ancienNEs combattantEs mais une approche pratique dans le but de favoriser les résistances futures et la mise en réseau au niveau local et international. De telles rencontres se sont déjà tenues ? Paris et à Fribourg.
Nous voulons prendre le temps d’analyser la situation, prendre du recul pour savoir ce que l’on veut faire ? Où en est-on avec les contre-sommets et la contestation globale ? Que veut-on garder des contre-sommets classiques ? Qu’a-t-on besoin de modifier, améliorer, changer ou supprimer…?
« Réflexion militante »
Nous proposons des rencontres pour préciser et approfondir la réflexion politique autour des contre-sommets. Dans différentes villes et pays, des rencontres seront organisées. Après une courte introduction et une présentation de ce qui a été discuté lors des réunions précédentes, nous pourrons décider ensemble des sujets que nous voulons aborder. Quelques idées en vrac:
* Quels liens entre les contre-sommets et nos luttes?
* Quelle pr?paration des contre-sommets ? Comment impliquer plus de monde ? cette pr?paration?
* Sous quelles conditions cela a-t-il du sens de coopérer avec des organisations réformistes, des ONGs, des syndicats, ainsi qu’avec des organisations de gauche ayant une structure hiérarchique? Comment dans de telles « alliances », des prises de décision et une organisation non hiérarchique peuvent être initiées ou renforcées ?
* Quelles attentes nous avons par rapport aux contre-sommets? Quels résultats réels ? Comment éviter l’instrumentalisation de nos protestations par les gouvernements et par l’extrême droite?
* Comment voulons-nous gérer les questions de genre dans nos « alliances », villages et actions? Comment combattre le sexisme ? l’intérieur et ? l’extérieur de nos structures?
* Villages: ? continuer ? La mise en pratique de l’autogestion est-elle un but? Quel est notre impact politique sur ce point? Un espace d’échanges et de pratiques d’autogestion ou une base de départ vers les actions ? Comment éviter l’encerclement et le contrôle des militantEs ?
* Actions : Quels liens entre les diff?rents types d’actions ? Comment se renouveler, surprendre? Comment mettre en pratique la compl?mentarit? des tactiques ? Peut-on/veut-on bloquer ou perturber le sommet? Doit-on se soumettre ? leurs contraintes g?ographiques et temporelles ou choisir nos propres terrains et moments d’action?
* Diffusion de nos idées: comment nos critiques et perspectives radicales peuvent être diffusées sans être altérées? Comment porter une parole commune ? Comment se positionner par rapport aux médias, entre la conférence de presse ? tout va et ne pas parler aux médias? Quels types de médias pour quelle communication?
Cette énumération n’est pas un ordre du jour, mais juste quelques exemples. Nous espérons publier sur internet des comptes-rendus de ces rencontres (pour le moment sur www.dissent.fr et www.gipfelsoli.org et en différentes langues). Sur ces sites web, peuvent également être envoyés des bilans et propositions.
Nous souhaitons organiser en mars / avril 2010 une réunion internationale où ces discussions seront reprises afin de discuter d’actions futures.
Dissent ! Paris
Chaque année, une minorité de chefs d’État exerce sa gouvernance sur la destinée du globe au cours de sommets multilatéraux (G8, G20, OMC, FEM, OTAN…). C’est un Yalta permanent, avec son cortège de flics et de militaires pour quadriller les zones entourant les lieux de réunion. Ils s’y
donnent rendez-vous avec l’histoire, font croire qu’ils s’intéressent au sort des populations et convoquent les médias pour vomir leur déclarations d’intentions douteuses et leurs promesses
fumeuses. Et quand bien même leur vocation serait d’améliorer le sort des populations, ils n’auraient pas notre sympathie. Ils sont le pouvoir, la domination, l’impérialisme, tout ce qui se
conjugue avec capitalisme et totalitarisme. Ils sont les despotes du monde moderne, les garants du talon de fer [The Iron
Heel, Jack London, 1908].
Ribambelle de flics écossais – Zone d’activité de Stirling (G8 en Écosse)
Témoins de leur puissance, les journalistes diffusent le spectacle, le mettent en valeur et entretiennent le mythe des élites responsables. En marge des sommets, des centaines voire des milliers
de personnes se retrouvent, acteurs de la contestation, pour exprimer «démocratiquement» leur mécontentement. En vérité, ils/elles assurent le show, mettent de l’ambiance dans les sommets. Les
contre-sommets, ça fait aussi partie du grand théâtre. Les puissants nous donnent rendez-vous régulièrement, en présence des caméras et de la police, pour participer au jeu démocratique. Les
organisations s’y déplacent, s’y montrent, y paradent, pour exercer leur droit à communiquer. Propagande et contre-propagande sont les deux versants d’un même pouvoir, celui de faire tourner la
machine. La dictature n’existe pas sans «démocratie». Voter, manifester, discourir, sont autant de moyens d’entretenir le mythe de la démocratie et les meilleures façons de renforcer le
capitalisme. Car c’est en faisant croire au peuple qu’il peut influer pacifiquement sur la marche du monde que les puissants en gardent le plus sûrement la maîtrise. Ils ont le monopole de la
violence, qui l’emporte toujours sur la non-violence. Il n’y a pas de sommet sans contre-sommet : en donnant aux manifestant.e.s la possibilité d’assiéger l’endroit où ils se réunissent, les
puissants mettent en scène leur vulnérabilité, font croire qu’ils sont accessibles, attaquables. En réalité, si les puissants avaient à craindre les assauts des altermondialistes, ils se
réuniraient depuis longtemps dans des bunkers ou sur des porte-avions en pleine mer. La contestation est manipulée et on le sait.
À partir de là, il faut savoir pourquoi les contre-sommets ont leur utilité. Il est important de s’y rendre, parce qu’à défaut d’avoir un sens en terme de remise en cause du pouvoir, les
contre-sommets fournissent un formidable terrain d’entraînement à la guerilla. Et dans cette optique seulement, la présence de centaines d’activistes au sein d’un bloc permet d’expérimenter des
techniques collectives de lutte et de se confronter à la diversité des formes de répression. Chaque contre-sommet, tenant compte des spécificités locales, autant en termes géographiques qu’en
termes d’organisation policière, permet d’améliorer notre pratique de l’auto-défense et de la guérilla. Ils ont des bases d’entraînement, nous n’en avons pas.
Les flics surveillent – Auchterarder (G8 en Écosse)
Notre priorité est d’appréhender la réaction et de l’étudier, de redonner du sens et une existence aux pratiques de guérilla déjà expérimentées dans d’autres pays, notamment en Amérique du Sud.
Si l’objectif ne doit jamais être la confrontation directe avec l’ennemi, qui sera toujours plus fort que nous, il est indispensable néanmoins de connaître les moyens de résister à un assaut ou à
toute autre opération de répression si elle se produit, c’est-à-dire de connaître leurs techniques pour mieux les anticiper, y résister ou les contourner. Renforcer les solidarités en offrant à
chacun.e la sécurité du collectif permet aussi d’expérimenter des stratégies et techniques d’attaque, de se familiariser avec certains outils offensifs ou de protection. En cela le bloc constitue
une forteresse ayant cette capacité formidable de se fondre dans l’espace urbain et de disparaître lorsqu’elle devient trop vulnérable. Mieux que toute structure en dur, une foule organisée peut
constituer une barrière infranchissable à un instant t et se volatiliser à un instant t+1. Le bloc constitue une zone d’autonomie temporaire, déterritorialisée, offensive et
«pédagogique».
La retransmission du spectacle – Auchterarder (G8 en Écosse)
En prenant appui sur les outils existants, tel que le manuel de Marighela [Manuel du guérillero urbain, Carlos Marighella, 1969], nous devons
être en mesure de définir nos propres stratégies organisationnelles, ou tout au moins des principes de fonctionnement. L’idéal serait, à l’image des stages de désobéissance organisés pour la
lutte non-violente, d’organiser des stages de formation aux pratiques de défense collective, qui doivent s’organiser localement par affinité, sans être médiatisés ni diffusés par le biais des TIC
[T.I.C. : Technologies de l’Information et de la Communication].
Se débarrasser des portables, n’utiliser que des mails sécurisés et ne pas y laisser apparaître les modalités et les rendez-vous, choisir ses potes et ne jamais mettre dans la confidence les
ami.e.s ou la famille, prévoir des habits de rechange ou tout autre moyen de se transformer ou dissimuler ce que l’on emmène avec soi, sont autant de choses élémentaires que chacun.e sait mais
que nous sommes encore trop peu à mettre en pratique. En terme des pratiques, le manuel de Marighella peut s’avérer bien utile, même si notre situation n’est pas comparable avec celle de la
guérilla brésilienne :
Affrontement – Rostock (G8 en Allemagne)
Il ne doit pas nous apparaître ridicule ou exagéré de s’inspirer des situations de guerilla et de révoltes armées, car le meilleur moyen d’anticiper ou de se préparer est d’imaginer le pire. Le
pouvoir prend les choses très au sérieux et forme ses flics comme s’ils devaient faire face à une guerre civile. Dans les formes que prend la répression à l’égard des radicaux, on retrouve des
méthodes et des traitements que pourraient subir les dissidents d’un régime totalitaire. C’est pourquoi, le meilleur moyen de se prémunir de ces méthodes dictatoriales est de se former en
conséquence, dans l’optique où l’inimaginable se produirait.
Mieux vaut prévenir que guérir. Mieux vaut se préparer que se laisser surprendre…