Et l’on peut d’ores et déjà noter deux tendances, quitte à jouer sur les mots : le post-radio et la postradio. D’un côté, la revalorisation de la création radiophonique, avec silenceradio.org (belgique) ou arteradio.com, et de l’autre, la création proprement postradiophonique, avec postradio.net, la bien nommée.

Le post-radio
Arte Radio et Silence Radio proposent un nouveau rapport au son : remettre l’éventail de la création sonore à sa juste place. « Silence Radio est un laboratoire, un bazar, un magasin acoustique qui propose à l’auditeur de nourrir son imaginaire, explique Irvic D’Olivier, cofondateur de Silence Radio. Elle répond aux attentes de notre société. La radio n’est plus écoutée en famille, mais individuellement. »

Archipel du Cap-Vert. Oreilles ouvertes, Henri Morelle nous emmène à 20 centimètres d’un orifice dans une roche calcaire poreuse. L’eau s’engouffre. La roche respire (« Succion dans un récif rocheux »). La création sonore ne se limite pas à la prise de son brut. Sur Arte Radio, partez « à la campagne » avec Emma Walter (arteradio.com). Après 15 années passées à Paris et en banlieue, toute la famille se met au vert ; nouveaux voisins, nouvelle vie.

« Le post-radio est une tentative d’appréhender de nouvelles formes de langages, d’expressions sonores et de mode de diffusion qui se propagent au-delà d’une volonté de contrôle, de propagande ou de discours. »

La postradio
L’antenne de postradio, à l’inverse, nous bombarde d’une succession de détournements sonores, empruntés à tous les médias (radios, télés, internet, cinéma, littérature…), et de musiques alternatives, dans un but explicitement subversif. Une sorte de grand zapping postradiophonique.
« Les médias nous noient dans un flot de paroles, affirme l’un des co-fondateurs de postradio.net, et l’idée de postradio est de rassembler ses pépites, captées ici et là pour leur drôlerie mais principalement pour leur message, leur enseignement, et de les articuler selon une politique précise et déterminée : inciter les gens à mieux (savoir) vivre, à sortir de leur vie de routine, et nous sortir ainsi peu à peu de la misère sociale, existentielle, grandissante, qui en découle. Si possible ! Quant à la musique, elle est sélectionnée pour enfoncer le clou, par ses paroles ou sa fraîcheur. Que des chansons pépites elles aussi, classiques ou d’avant-garde, dont nous prive évidemment le formatage des radios commerciales. »

Autant dire que postradio ne mâche pas ses mots, et s’affirme comme un dépassement, par leur détournement même, des médias traditionnels conservateurs et de « leur propagande aliénante ».
« On espère bien qu’en révolutionnant quelque peu la radio, on révolutionnera aussi la vie d’un maximum d’auditeurs. Mais pour ça, évidemment, on ne reçoit aucune aide, aucune soutien (sinon amical, de nos « fans »), et on est même à la recherche de nouveaux collaborateurs ! — et de nouveaux auditeurs ! »

S’adressant malgré eux à un public averti, et privilégié, les postradios continuent donc d’oeuvrer souterrainement à l’avenir de la radio (sinon mieux), en attendant leur heure… prochaine… de grande écoute !