Le projet de surf park en suspens ?

Entre Nantes et Saint-Nazaire, à Saint-Père-en-Retz, des investisseurs ont le projet de construire un surf park à 10 km de l’océan depuis 2018.

Les chiffres font tourner la tête : piscine de 200m de long sur 85 de large, coût estimé à 15 millions d’euros, 400kWh de consommation énergétique soit l’équivalent en une heure de la consommation d’un foyer moyen en un mois, 50 000 m3 d’eau potable pour remplir le bassin, 9 hectares de terres agricoles bétonnisées, etc…

Face à l’absurdité écologique du projet, l’opposition s’est vite organisée. Le collectif ZAP la vague appelle en juillet 2019 à une semaine d’occupation. Les militant.es se retrouvent attaqué.es par des fachos sans que les gendarmes réagissent et doivent changer de lieu. Cela n’a pas empêché le collectif de rappeler à un week-end de convergence des luttes en Septembre 2019 qui inspirera les week-end de confluence des luttes du collectif Laisse Béton.

Après une semaine de chantiers organisée en octobre 2019, les opposant.es apprennent que le projet est repoussé d’un an : prévu initialement en 2020, il est repoussé alors en 2021. L’occupation n’est plus nécessaire et les modalités d’action changent. A Nantes, des marches pour le climat passent devant le cabinet d’un promoteur du projet en décembre et janvier.

Depuis, le Covid-19 est passé par là et le projet est repoussé à 2022 et les promoteurs se font discrets. Surtout après que le département et le préfet ont demandé des précisions sur un projet encore très flou. Le collectif nantais contre le surf park reste alerte en cas de nouvelles informations. N’hésitez pas à vous abonner à leur newsletter en envoyant un mail à zaplavague [at] protonmail.com.

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Squat féministe à Strasbourg : la pigeonne

Mais on a pas dit que c’était les luttes de l’Ouest ? Strasbourg, on ne sait pas vraiment où c’est, certain.e.s la situent de l’autre côté du Rhin, cette frontière qui n’a rien de naturelle (spéciale dédicace aux biorégionalistes !). En fait non, c’est toujours dans ce qu’on appelle la France ou plutôt la fRance ! Peu importe, rien de tel que de créer des ponts géographiques et militants pour nous rendre encore plus fort.e.s ! C’est pourquoi des personnes du squat La Pigeonne de Strasbourg sont venues afin de nourrir les liens déjà existants entre nos luttes et de participer aux réflexions en cours.

A la Pigeonne, ce sont des femmes et personnes queers, féministes, précaires, exilées et marginalisées à plusieurs niveaux qui occupent un bâtiment délaissé depuis plusieurs années. Depuis le 27 février 2020, La Pigeonne est devenue un squat d’habitation et d’organisation en mixité choisie (sans hommes cisgenres, c’est-à-dire sans hommes dont le genre ressenti correspond au sexe assigné à sa naissance). En tant que femmes et personnes queers, nous sommes cibles de violences à la fois physiques, sexuelles, économiques, sociales et administratives. Nous subissons davantage la pauvreté et la précarité. Nous revendiquons notre droit inconditionnel à avoir un toit. Nous trouvons aberrant d’être à la rue, de manquer de soins ou de nourriture tandis que les possédants gaspillent et continuent de s’enrichir. La précarité n’a jamais été un choix pour personne. Elle est le résultat d’une volonté politique, organisée et réaffirmée des dominants pour entretenir une classe exploitable. Ni les institutions ni les patrons ne veulent notre autonomie. Au contraire ils participent quotidiennement à notre précarisation.

Dès lors, nos priorités sont de nous mettre à l’abri, de construire des solidarités entre nous, de dénoncer ensemble une société patriarcale et un système économique qui sacrifie les plus vulnérables. Pour une transformation sociale et l’émancipation de toutes les femmes et personnes queers, nous privilégions des initiatives faites par nous et pour nous.

Face à l’incompétence de l’État, la violence de ses institutions, et sa répression policière sexiste, queerphobe et raciste de plus en plus violente et systématique, nous nous organisons. Nous occupons l’espace qu’on nous refuse.

Sur les ZAD aussi, nous arrachons aux puissants des espaces qu’ils veulent s’approprier et détruire pour leur unique profit. Sur les ZAD et dans les squats, nous combattons concrètement le principe de propriété privée. Nous reprenons les richesses qu’on nous vole et qui sont nécessaires à notre survie. La vie collective et solidaire s’y organise dans une perspective d’autonomie.

Le capitalisme exploite les femmes et minorités de genre, les personnes racisées, les pauvres et la nature pour le profit de qui ? toujours les mêmes : des hommes cis blancs riches. Sur une ZAD, on lutte contre un projet d’aménagement ET son monde raciste, sexiste, homophobe, transphobe, classiste, validiste, spéciste… On constate néanmoins que même dans ces milieux, les oppressions de tous types perdurent. Les exemples ne manquent pas, des agressions au racisme ordinaire… On peut entendre que les femmes ne devraient pas ouvrir de squat ou participer aux actions et ça passe ! Un mec cis blanc peut prendre l’accent africain et ça passe ! Un mec cis blanc peut agresser une personne trans ou une femme et ça passe ! Sans parler de comportements beaucoup plus « ordinaires » comme ne pas participer aux tâches quotidiennes, prendre beaucoup la parole en réunion et ainsi invisibiliser d’autres personnes et leurs idées ou encore remettre la faute sur les personnes oppressées qui n’ont « qu’à prendre la place »… Beaucoup d’entre nous se disent anarchistes.

L’anarchisme c’est lutter contre tout rapport de domination en fait, c’est pas « juste » ni dieu ni maître. Autant conscientiser les rapports de domination qui se jouent quoiqu’il arrive même au sein de nos milieux et travailler à les combattre. « Pour avoir des privilèges, pas besoin de faire l’aumône, tu nais avec ou sans même si t’es anarcho-autonome » comme dirait le groupe de rap Mosca.

Parce que nous ne détruirons pas le capitalisme sans détruire le racisme, le classisme et le patriarcat, nous continuerons de travailler à créer des ponts entre nos luttes, à décortiquer tous les schémas d’oppression et à se battre contre eux, même si c’est parfois douloureux. L’avenir des luttes est dans la convergence.

Anti Capitalisme Anti Patriarcat
ACAB cependant
ZAD et squats partout

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Pierre prend des vacances, pas nos camarades !

Le dernier week end de confluence nous a permis de rencontrer des camarades de la ZAD de Roybon en Isère. Pour les remercier, un petit état des lieux de leur lutte s’impose, particulièrement dans le contexte qui est le leur aujourd’hui !

Cette Zone A Défendre, dont l’occupation physique va fêter son sixième anniversaire en Novembre-Décembre prochains est née et vit dans la forêt de Chambaran depuis 2014. Elle résiste à l’implantation du sixième Center Parcs Français, dont André Vallini, à l’époque président du Conseil général de l’Isère, avait appuyé le projet porté par le groupe « Pierre et Vacances » : Modernité & Développement oblige.

J’suis dans mon Jacuzzi, t’es dans l’autonomie

C’était donc 200 hectares de forêt qui devaient être impactés par un projet détruisant, retournant, creusant, bétonnant la terre sur 123 hectares pour y construire de superbes petits cottages, un bowling, des restaurants ,des commerces et une zone aquatique protégée par une énorme bulle géante maintenue à 29° toute l’année.
On aurait pu bientôt se laisser glisser sur les superbes tobogans-jaccuzis-hydrobétonnés-à-impulsions-électroluminécentes, le tout naturellement à « impact écologique positif » pourrait-on dire aujourd’hui [1]. Bref, l’allégorie de la bulle libérale autocentrée et autosuffisante (type Mall américain), bulle d’asphalte dystopique coulée au milieu d’une forêt classée en tant que Parc Naturel et Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF). Rien que ça, et le tout pour la modique somme de 390 millions d’euros payés par la collectivité.

Prise de terres

Ce bijou d’industrie touristique aurait pu voir le jour si le 30 novembre 2014 de dangereux anarcho-autonomes tout rouges, mangeant des couteaux et tenant des enfants entre leurs dents (ou l’inverse) n’avaient pas eu l’idée de pénétrer illégalement sur les lieux, prenant en plus « La Marquise » (bonjour la symbolique !), maison forestière en dur renommé « La Maquizad » pour l’occasion.

La semaine suivante, les opposant.es empêchèrent la poursuite des travaux et les entreprises retirèrent leurs engins de chantier. Malheur, 40 hectares de forêt avaient été préalablement massacrés.

Rappelons quand même que si les tenants de l’action directe parviennent comme souvent à une efficacité certaine, le contexte d’une bataille légaliste depuis 2007 leur à aussi permis de s’ancrer sur les lieux : la PCSCP [2], association locale émettant des recours contre lesautorisations administratives de la préfecture depuis 2010. La conjonction d’une diversité de tactiques était en vigueur, légales comme illégales [3].

Coté juridique : la fin d’un énième GPII, l’abandon d’un projet destructeur est il une victoire ?

S’en est alors suivi une longue traversée du désert juridique pour les porteur.euses de ce Grand Projet Inutile voulant s’Imposer (GPII), baladé.e.s de tribunaux en tribunaux, essuyant les refus, jusqu’à ce que mercredi dernier, on puisse observer avec admiration le dernier jeté d’éponge de Pierre et vacances, tant la longueur des recours juridiques mêlée à la ténacité des copaines Zadien.e.s était décourageante ! Conséquence ? La lutte acharnée finit par payer : bravo les copaines et ZAD PARTOUT !

Mais l’abandon d’un projet est il suffisant pour crier victoire lorsque l’on tente en même temps d’inventer nos vies hors du système ultra-capitaliste, dont l’impérialisme exige en permanence de transformer chaque parcelle de nature et d’humanité en planche a billets ? Pas si simple : pour certain.e.s Zadien.e.s une victoire ressemblerait plus à l’autonomisation écologique définitive de cette zone occupée, plutôt qu’a un départ immédiat conséquent à l’abandon d’un projet ridicule, départ qui laisserait en plan cinq années d’approfondissements et d’inventions d’une vie expérimentale avec, et à l’intérieur de la nature dans la forêt des Chambaran.

Continuités de la lutte et appel à soutien.ne.s

Si jusqu’au 8 juillet 2020, date de la rédaction de cet article, aucune procédure d’expulsion n’était connue des Zadien.ne.s vivant sur les lieux et que les rapports avec la gendarmerie locale étaient relativement inexistants, il est logiquement à attendre que pour les copaines sur zone, les choses risquent de se corser sous peu : une procédure d’expulsion est à attendre, et dans quelques semaines voir jours, l’intervention des bleus à craindre.

Malgré cela et vous l’aurez compris, l’idée d’une zone d’autonomie définitive trotte depuis quelques temps dans leur tête, et de jolies inventions en cours ne demandent qu’a se poursuivre : pour exemple, le potager en permaculture ne souhaite pas autre chose que de continuer à donner ses légumes, les ateliers en tout genre à être tenus, et les cabanes à être construites (d’ailleurs un appel est passé pour la construction en mixité choisie d’une cabane non mixte !). L’idée c’est donc déjà de continuer d’œuvrer à la construction d’une zone propre énergétiquement, dans un confort de vie pas négligeable, à la fraîche entre les grands pins protecteurs.

Alors viendez nombreux.ses pour soutenir les copaines sur zones le plus tôt, et le plus longtemps possible !

ZAD PARTOUT.ES !

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Des nouvelles de la ZAD de la Dune au 30/07/2020

Un mégalo, une ZAD, un jardin

Le 6 octobre 2019, après une belle manifestation ayant déambulé dans les rues de Bretignolles-sur-mer en Vendée, ayant rassemblé environ 2500 personnes, des participant.e.s décident de rester sur les lieux après une assemblée de quelques minutes seulement. L’occupation d’un terrain privé voué à l’expropriation ne durera pas moins de six mois, et s’auto-baptisera la « ZAD de la Dune ».

Contexte

Ce projet contre lequel habitant.e.s et Zadien.ne.s se sont battu.e.s, était celui d’un port de plaisance, comprendre : la construction d’une marina de 900 anneaux réservée naturellement, à une élite locale et vacancière. Un port en pleine terre dont la construction allait « artificialiser » une zone naturelle « remarquable » classée ZNIEFF II [4] et loi littoral de 15 hectares. Concrètement, cette « artificialisation » (l’autre mot pour dire saccage environnemental) allait consister à ouvrir une dune en deux sur 600 mètres de long vers les terres, 150 de large et jusqu’à 15 mètres de profondeur. Le tout pourquoi pas à la dynamite [5], et dont les gravas devaient être jetés dans une ancienne carrière remplie naturellement d’eau douce et pleine de vie, à quelques centaines de mètres de la dune. Simple, basique.

Et en plus, entre autres joyeusetés – comme une accélération de l’érosion sédimentaire – un risque assuré de salinisation des nappes phréatiques, dans un département en zone sécheresse un an sur deux, voir en « état de catastrophe naturelle » pour les mêmes raisons…

Mais comme souvent, (sauf depuis l’annonce du gouvernement de 78 Zones A Détruire « Clés en mains » pour l’implantation de gros projets industriels dans toutes les campagnes françaises), l’idée de construire un port de plaisance entre deux communes en possédant déjà un [6], n’est pas qu’une fantaisie du maire de Brétignolles, Christophe Chabot.

Il s’agissait en fait d’un projet de longue date contre lequel des associations comme Surfrider Fondation ou la Vigie, association locale dont le président sait se mettre à l’abri comme il faut, se battent depuis une vingtaine d’années en formulant des recours juridiques auprès du tribunal administratif de Nantes. Recours dits « non suspensifs » n’empêchent en aucun cas l’avancée des travaux.

Si, comme il est nécessaire de le rappeler, la conjonction de plusieurs modes d’action dans une lutte augmente considérablement les chances de victoire [7], la tendance des légalistes et du militantisme « citoyenniste » à monnayer la lutte via une longue culture du compromis [8], peut porter préjudice aux militant.e.s plus radicaux dans les contextes tendus. Cependant, la longueur procédurale générée par les recours de Surf Rider Foundation, a ouvert un espace d’action permettant le lancement d’une occupation physique et déterminée par les copaines de la Dune.

Et justement ! Le 23 septembre 2019, pris d’une frénésie destructrice sans doute très virile, et sous couvert de la communauté de communes dont il était président, le maire de Bretignolles connu pour ses coups foireux et pressions officieuses sur le voisinage, décide de lancer les travaux préparatoires. La dune est ravagée : 9000 m³ de sable sont arasés, et des centaines d’arbres sont arrachés, broyés et laissés en tas comme des trophées le long des routes avoisinantes. On admirera la taille des biceps du bonhomme, ayant outrepassé fièrement le cadre préfectoral pour aller jouer dans une dune avec les pelleteuses de ses potes…

Très mauvais plan cependant : les locaux et activistes sont en rage et leur détermination redouble d’intensité.

Naissance de la ZAD

Le 6 octobre des appels sont lancés pour passer à l’action. Le lendemain, après la manifestation dont est née l’occupation d’un terrain attenant à la dune, quelques motivé.e.s bloquent à 5h30 les engins de chantier. Il leur suffira de s’asseoir sur la route devant l’arrivée des bulldozers pour que, après quelques chamailleries avec les flics, le chantier soit arrêté pour la journée.

Le surlendemain le jeu est à peine différent quoiqu’un peu plus corsé, la mairie ayant pris soin d’embaucher une compagnie de sécurité (Actilium Sécurité, type pseudo-gros bras vidant des boites de nuit), le chantier illégal et « non sécurisé » ne permettant pas aux gendarmes pourtant en nombre d’y pénétrer. Ces derniers se contentant de traîner les opposant.e.s (aussi plus nombreux.ses) par les cheveux, le long de la route menant à la dune à protéger..

D’une dizaine de personnes le premier jour, on passe à 60 le deuxième. Soixante personnes qui deviendront le double, le triple, jusqu’au millier et plus lors des premières portes ouvertes. Effervescence vigoureuse, fourmillement d’âmes rassurant, des locaux et des locales venant apporter nombre de soutiens matériel et logistique. Les cabanes collectives ou individuelles fleurissent avec d’autres structures : Chienville, 8’6, Chatoto, l’ACABaboum, la cuizine, la salle comm(d)une et le PhareOuest,se dressant contre vents et marées, le tout en moins d’un mois.

Bientôt les bâtiments en dur attenant au terrain sont pris à l’abordage et renommés. D’abord l’HP (Haut Potentiel), puis Fuck You, en réponse à l’ancien QG des pros-ports réapproprié par les Zadien.ne.s, Le Porchenil… Plus tard les bâtiments d’une colonie de vacances entière située à quelques centaines de mètres du terrain, cette dernière ayant provoqué la panique de la mairie qui n’attendra pas longtemps avant d’ordonner son évacuation et sa destruction, là aussi à coup de pelleteuse, spécialité locale apparemment.

Précision, les bâtiments avaient été préalablement vidés par les Zadiennes, laissant Chabot et sa clique crier victoire sur un tas de gravas, après avoir expulsé des fantômes. On s’apercevra que dans son empressement, la mairie avait laissé les carottages, échantillons de terre ayant été nécessaire à une étude géologique prise très au sérieux, vu l’endroit où ils se trouvaient stockés.

Ici encore la ténacité et l’acharnement des copaines Zadien.ne.s ayant passé l’hiver dans la boue, sous les tempêtes et les pluies, à payé. C’est bien encore grâce à elleux, à l’occupation nuit et jour de cette zone que les travaux tant rêvés par Chabot et quelques bourges (ou bougres) locaux, ont été laissés en plan.

Expulsion : (Voir la belle tribune de la ZAD de la Dune pour plus d’infos)

La ZAD trouvera même des copaines qui y resteront durant la période de confinement, jusqu’à ce que le 8 avril, la mairie main dans la main avec la préfecture de Vendée, prétextent une altercation ayant eu lieu le matin entre deux copains et deux touristes roulant sur une route interdite à proximité de la zone, pour évacuer tout le monde.
200 Gendarmes, un hélico, des drones pour une vingtaine de camarades présent.e.s, des milliers d’euros d’argent publique dépensés, et la stratégie de la vérification d’identité générale imposée à tou.te.s les occupant.e.s et la laissant vide, fut bien appliquée.

« Main dans la main avec la préfecture », parce que cette pseudo vérification d’identité à permis aux flics d’éloigner les quelques personnes pouvant potentiellement s’opposer à sa destruction, destruction perpétrée et officieusement programmée par la maire : environ 70 locaux se rassemblèrent à son appel pour brûler les cabanes, défoncer les camions des Zadien.ne.s et s’emparer de leurs animaux pour en tuer certains par la suite, tous et toutes munies d’une attestation dérogatoire formulée par cette dernière en tant que « Participation à l’intérêt général sur demande de l’autorité administrative ».Méthodes de fachos, donc, motivées par Chabot, sous l’autorité bienveillante de la préfecture.

Abandon

Le 10 juillet 2020, au lendemain d’une réunion de la communauté de communes du pays de Saint Gilles les mairies ont enfin fait leur choix : Christophe Chabot, le petit maire de Bretignolles, à la fois feu président de la com’com’ et glorieux entrepreneur d’entreprises de vérandas en plastique et autres spécialités ès béton armé, s’est enfin pris un aller-retour en bonne et due forme : son ambition de cumuler à la présidence de la communauté de communes est stoppée net de même que ses lubies urbanistiques, et les 40 millions d’euros d’argent publique insuffisants à la construction du projet serviront à autre chose.

Un moratoire est prévu par le nouveau président de la communauté de communes, avec éventuellement un référendum. On connaît le vide de sens qui fait le terreau de la novlangue politicienne ainsi que l’obsolescence de leurs outils dits « démocratiques » : François Blanchet ne s’est évidemment pas prononcé clairement contre la construction d’un port à Brétignolles, et le référendum est une vieille technique dont nous ne sommes pas dupes. Quant au moratoire, il pourrait tout aussi bien permettre de temporiser jusqu’à la révision un peu plus capitalo-verte-compatible d’un projet du même type et tout aussi absurde.

Cette novlangue via laquelle on tronçonne le sens des mots et les réalités qu’ils décrivent, comme on tronçonne les arbres centenaires sans aucune considération. Un licenciement massif pour faire du fric s’appelle désormais « un plan social », le « mensonge » n’est plus qu’une « contre-vérité » lorsqu’il concerne des velléités politicardes, une énième histoire de corruption devient une « affaire » comme celles nombreuses des Balkany, et le saccage d’une zone naturelle à la dynamite permettra l’instauration d’un port « sans aucun impact environnemental » (canard 18/09/19).

Non, Chabot et fac-similés, votre logique de compensation écologique est une mascarade, planter des arbres par dessus l’asphalte ne suffit pas pour faire une forêt !

Lignes de fuites : En cendres, tout devient po(u)ssible

Fuir le capitalisme et sa société autophage [9] dans laquelle on nous plonge à grand coups de matraques et autres stratégie du choc, c’est commencer par exemple à (re)construire nos liens avec « la Nature », aussi bien qu’ avec – ou entre – nous tout.e.s,et ce très concrètement,contre la logique violente de séparation (d’autres diraient « prédation » ou « dépossession ») de ce qui nous fait Humain.e.s et nous force à tendre vers les limbes dématérialisées de l’utopie libérale.

Quelques exemples entre mille : séparation entre nous et la production de notre nourriture, dépossession de nos corps au profit de schémas physiques créés par le monde de l’entreprise, dépossession de l’attention et du soin que nous devons porter à celleux qui nous ressemblent, (responsabilité accaparée par un Etat raciste, sexiste, spéciste…), qu’iels viennent de l’autre bout du monde, du trottoir d’en face, ou de l’abattoir BIO du coin…

En somme une logique qui nous sépare la réalité, de Notre réalité, au profit d’une imagede celle-ci, à la fois spectaculaire et absurde : le monde n’est pas une publicité d’entreprise qui nous propose-impose des « expériences » dans un cadre marchand obligé, narcissique et mortifère.

Bref. Contre le spectacle et son monde, nos mains, nos vies, nos émotions, nos corps, et la mama Tierra ! Enfin… Pour en revenir à Bretignolles, si l’avenir d’une Zad expulsée, brûlée en plein confinement par des imbéciles fascisés à coup de BFM et Zemmour, légitimés par l’appel officieux du maire, le tout sous le regard bienveillant et l’aide matérielle de la préfecture de Vendée devait être quelque chose, ce serait par exemple cela :

Une légende raconte qu’un beau jour de mai, la fin du confinement permettant à nouveau de légaliser au près des flics notre liberté fondamentale de déplacement, un habitant nostalgique serait revenu voir les cendres des cabanes, voir la couleur jaune ocrede cette terre séchée par un printemps presque caniculaire, voir si quelques traces d’une vie grouillante durant les jours d’hiver persisteraient encore : il découvrit avec stupeur que rien de tout cela n’était visible !

Sur la terre déshabillée par des mois de piétinements vivaces, de légumes passés et jetés aux poules, de graines mal digérées par EliZADeth (la truie libérée d’un élevage qui n’hésitait pas une seconde à pratiquer l’auto-réduction animale dans les réserves et les plats des Zadien.nes) de graines encore d’herbes aromatiques à légaliser, tombées des mains de celleux roulant leurs pétards, ou mêmes de quelques pépins échappés subtilement des toilettes sèches, de tout cela était né un jardin. Un jardin ayant poussé de lui même, sauvage et autonome. Comme nous.

Et puis, en quelques semaines, les Brétignollais.es et Bremois.es n’ayant pas perdu de temps, des enchevêtrements de cucurbitacées et de potirons d’un mètre de circonférence, sont nés des pieds de tomates et autres légumes. Et sur les cendres mêmes des cabanes qui avaient elles aussi poussées comme des champignons, un un potager collectif et gratuitest né. (Et Toc !)

Si l’on vient, on pourra se rendre compte des liens et amitiés tissés entre des voisin.e.s qui ne se connaissaient même pas quelques mois auparavant, certain.es s’investissant dans le jardin alors qu’iels n’avaient jamais osé mettre un pied sur la ZAD, on pourra filer deux trois coups de pattes et repartir avec force légumes,on pourra aussi se rappeler des soirées autour du feu à guetter les fafs en refaisant le monde, des après midis passées à jeter de la boue sur les voitures de flics faisant les kékés pendant les phases de ré/pression policières, on pourra discuter manif, radis, patates et autonomie politique…Sortie du capitalisme en fait.

Alors, sous ces conditions, on peut s’autoriser à crier victoire. On se satisfait de l’abandon d’un autre projet ridicule, et on se rappelle qu’on emmerde le vieux monde et ses angoisses d’exponentialité futile, ainsi que tous les irresponsables qui tentent encore de le faire tenir avec leurs mains mégalomaniaques à grand concours de bite, alors qu’il s’effrite et fuit de partout.
Qu’iels se rappellent qu’on arrêtera jamais le printemps avec quelques pelleteuses. Surtout pas le nôtre. « Tierra y Libertad » comme disent les Zapatistes !

ZAD PARTOUT.E.S

« Vous coulez du béton ; On crèvera la dalle ! » (Suvann Photographies)

P.-S.

Le journal des luttes a été écrit par des personnes ayant participé au week-end de confluence des luttes des 26-27 juin 2020.

La confluence des luttes de l’Ouest regroupe de nombreux collectifs comme la ZAD de la Dune, Terres Communes, Nantes Contre le Surf Park, Métropole en Lutte, Extinction Rebellion, ZAD Mobile, XR Nantes, réunis le 11 Décembre à la Maison du Peuple de Nantes, etc.

Pour plus d’informations sur la confluence, consultez son site web laissebeton.org et/ou abonnez vous à la liste de diffusion laissebeton[at]lists.riseup.net ici

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Notes

[1De l’expression de C.Chabot petit chef de Bretignolles sur mer en Vendée, ayant fait des pieds et des mains pour construire un port à bourgeois.

[2] association Pour les Chambaran sans Center Parcs

[3] Voir Peter Gelderloos, Comment la non-violence protège l’état, Editions Libre

[4] Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique de type II, qui « intègre des ensembles naturels fonctionnels et paysagers, possédant une cohésion élevée et plus riche que les milieux alentours » (site de l’INPN)

[5] Deux bancs de roche primaire très denses empêchant l’entrée des bateaux sur le tracé devaient être dynamités, puis remplacés par des récifs artificiels pour créer un chenal, permettant aux voiliers pas trop gros de rentrer à contre courant, lorsqu’il n’y a pas trop de vent et pas trop de coefficient, sans racler le fond. Enfin pas trop…

[6] Saint-Gilles-Croix-de-Vie et les Sables d’Olonnes

[7] Peter Gelderloos, Comment la non-violence protège l’état, éditions libre

[8] Des positionnements anarchistes divers et critiquables mais qui tentent de s’émanciper de la posture citoyenne (du « citoyennisme ») : on peut lire une brochure sur infokiosques, ou des articles ici et .

[9] Qui se mange (ou consomme – consume) elle même. Pour les curieux.ses voir Anselme Jappe, La société autophage. Capitalisme, démesure et autodestruction, La découverte, 2017
et/ou pour le connecté.e.