Une nosologie statique partiale et obsolète ? (ou quelques réflexions décalées sur « Le masque des psychopathes » – voir le lien plus bas).

« Le masque des psychopathes ». Tout ça fleure bien le freudisme, avec son cortège de limites et de préjugés. Avec les religions monothéistes et les sectes économico-politiques (libéralisme, communisme et consorts), la psychanalyse est l’une des trois piliers de l’ordre  économique et patriarcal. Par ici en francophonie d’indo-europe, c’est fou comme c’est rependu d’être spécialement accrochéEs à ces vieilles croyances, en dépit des montagnes de littérature féministe (en particulier radicale) qui a tordu le cou théoriquement à ces démons.
Sans être essentialiste, depuis maintenant une bonne trentaine d’années les connaisseurEs renseignéEs (non dogmatiques) ont bien fait la part du social, du biologique au delà de cette nosologie binaire psychopathes (fraîches)  VS névrosé.
Et puis, qualifier de « malade » quelqu’unE, moi ça me dégoûte pas mal. Même si c’est un masculiniste.
Car soit c’est une insulte déplacée (pas fou le bourdon), soit c’est la porte ouverte à l’exonération de responsabilité (Johnny Olida « je t’aime tant que je t’ai tué »), soit les deux à la fois. Mais ça retombe again and again dans cette manie (masculine ?) de diviser en deux et de coller une belle étiquette sur chaque moitié. Froid / chaud, creux / saillant, mec / nana, mère / putain … ça en passe et des meilleures. Wittig a bien expliqué ça, dans les 1970’s elle également.
Autre truc, toutEs autant que nous sommes, je crois, nous avons des comportements qui changent à chaque instant, chaque jour. Comportements qui pourraient tout à fait être vus, selon l’heure, le lieu et l’entourage, comme correspondant à bon nombre des postes du Tableau décrit pour les psychopathes. A quand le « border-line » qui serait le modèle du macho avec tatouage « à ma maman » sur le bras, ou du bisounours de façade qui se pogne sur des photographies du mariage dans Kill-Bill ?
Là-dessus, il y a la carrosserie et le moulin, comme dirait l’autre. Car oui, les humainEs ne sont pas toutEs fabriquéEs pareil et ceci dépasse et se croise avec l’excellente dénonciation des faits sociaux qui produisent les « hommes grands et femmes petites » (spéciale dédicace à Priscille).
Notre biologie joue, et heureusement ! Nous avons des rythmes, des ressources endocrinologiques et neurologiques, qui certes sont « engrammées » par ces faits sociaux, mais (n’en déplaise à Freud, Marx et Bouddha) ont leur influence, leurs effets, leurs défaillances. C’est vrai que la culture masculine valorise les rapides, entreprenantEs, efficaces, costaudEs, j’en passe et des ni meilleures ni pires. Mais làà encore, ceci n’est pas un tout à division binaire. La machine et les tuyaux jouent également, pour sûr.
De plus, et faudrait pas non plus l’oublier, même si nous sommes construitEs socialement, marquéEs génétiquement, différenciéEs biologiquement, nous barbottons dans un univers qui également varie dans le temps et l’espace. Qu’il fasse chaud ou froid est considéré selon l’animal humain comme aphrodisiaque ou bromurifiant. Qu’il pleuve et les unes restent sous la couette tandis que d’autres vont à la pêche aux moules.
Sans parler du repas qui reste sur le ventre ou stimule les randonneurSEs, des pollutions diverses (des savonnettes aux téléphones, par exemple) qui boostent ou assomment, et de la dose de sommeil qui à même mesure mais de l’une à l’autre aiguillonne ou crève à plat.
Enfin, et bien que nous fassions toutEs « tout ce qu’on peut », il y a cette impossibilité à être objectif, neutre (dans un train qui roule), libre de carcans moraux. J’ai les miens évidemment !

Ainsi, excusez le peu, je ne peux que voir un profond marquage moraliste hétéro-théolo-binariste dans un critère de psychopathie tel que « 15- Vie sexuelle impersonnelle, banale et peu intégrée » ? D’abord parce qu’il est possible, n’en déplaise à Wilhelm Reich, de NE PAS avoir de vie sexuelle du tout, et de très bien s’en porter.

Ensuite parce que la « vie sexuelle » ça se forge surtout à la main (organe corporel le plus employé sexuellement dans le monde, selon certaines statistiques) et en solo, sans pour autant mériter l’asile.

Aussi parce que si on partage du sexe avec d’autres être consentantEs, et dans le plus grand respect, c’est pas forcément qu’on s’aime, qu’on veut se connaître (que ce terme est ubique !), qu’on se reverra un jour, qu’on doit être d’accord sur ceci et ensemble contre cela,  qu’on va être solidaire à l’avenir, etc. non, bien que ça paraisse « fou » à telle ou telle, il est parfaitement louable d’avoir du cul pour le cul, point-barre. On peut même s’en payer une tranche voire s’en faire payer une tranche, en toute honnêteté et sans pour autant être aliénéE.

Pour tout dire, c’est en général le couple que je trouve malsain. Ce couple hétéronormé qui assassine sa compagne 180 fois par ans et trucide 800 de ces jeunes personnes appelées « enfantEs » (éthymologiquement incapable de parler, mais à qui on demande sans cesse de se taire) et que leur fétichisme pousse à considérer comme « sienNEs ».

Pour conclure, je voudrais renvoyer à un texte qui m’a émue, datant déjà du XXe siècle, par La Petite Murène et qui s’appèle « Les maîtres-nageurs sauveteurs de la relation cassent la croûte » et qui est là : http://lapetitemurene.over-blog.com/405-index.html

Bises à toutEs et aux autres.

Paule.
    

http://hortensedulac.wordpress.com/2013/08/01/le-masque-des-psychopathes/