Les unes disent que c’est pour la protection des prostituées de rue, mais personne n’est dupe des énormes profits qui font déjà saliver les industries du sexe qui, fidèles à leurs habitudes, s’appuient sur des femmes et des groupes pro-prostitution néo-libéraux pour essayer de donner plus de légitimité à leurs projets.

D’autres femmes très concernées par la prostitution au sein de leur communauté ne l’entendent pas ainsi. Elles estiment qu’un tel projet accroîtra les risques de prostitution forcée, de traite et d’exploitation de certaines communautés. C’est le cas du Réseau d’Action des femmes amérindiennes de Colombie-Britannique (où se situe la ville de Vancouver hôtesse des J.O. de 2010). Voici ce que ce groupe, qu’on n’entend pas souvent dans les débats publics, pense de ce projet et de la prostitution elle-même:

«À titre de femmes autochtones du Territoire occupé salish de la Côte, nous, l’Aboriginal Women’s Action Network (AWAN), vous implorons de porter attention aux voix des femmes autochtones et des groupes de femmes qui font valoir les intérêts de nos sœurs, nos filles, nos amies et de toutes les femmes dont les voix n’ont pas été entendues dans l’actuel débat médiatique au sujet de la prostitution et de bordels légalisés pour les Jeux Olympiques de 2010.

«Nous, l’Aboriginal Women’s Action Network, rappelons particulièrement les intérêts des femmes les plus vulnérables – les prostituées de rue, dont un grand nombre sont des jeunes femmes et des jeunes filles autochtones. Nous souffrons d’une longue histoire multi-générationnelle de colonisation, de marginalisation et d’expulsion de nos mères patries, ainsi que d’agressions généralisées qui ont poussé beaucoup de nos sœurs dans la prostitution. Les femmes autochtones sont soit contraintes à la prostitution, soit amenées là par la traite intérieure, soit forcées d’envisager cette possibilité. Comme l’âge moyen d’entrée des filles dans la prostitution est de quatorze ans et que la majorité d’entre elles y arrivent avec des antécédents horribles d’agressions de tous genres, nous parlons également au nom des enfants autochtones ciblés par les clients et par les proxénètes (pimps). Les filles autochtones sont pourchassées et placées en situation de prostitution, et leurs agresseurs échappent à toute accusation d’agression sexuelle contre des enfants ou de viol d’enfants. Ces prédateurs, omniprésents dans notre société, rôdent impunément dans nos rues et profitent des enfants autochtones les moins protégées (…)».

On peut lire la Déclaration intégrale de ce groupe de femmes amérindiennes:

En français: http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2826

En anglais: http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2823

Un groupe d’anciennes prostituées de Vancouver fait campagne également contre ce projet. X-PALSSS – c’est le nom du groupe pour « Ex-Prostitutes Against Legislated Sexual Servitude » – soutient qu’un tel projet, ne donnerait pas plus de sécurité aux prostituées, accroîtrait la prostitution et la traite des femmes et surtout des adolescentes. Elles s’y opposent vivement, et à titre de personnes qui savent ce qu’est la prostitution, elles mettent en garde et demandent à la population canadienne de s’opposer à la décriminalisation de la prostitution, des « pimps » et des clients.

On peut lire (en anglais): http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2830