« Ce que les porte-paroles de cette logique [capitaliste] ont reproché, et continuent à reprocher, à tous ceux qui ne participent pas assez à cette marche vers l’avant, comme les paysans et les peuples extra européens, c’est leur mentalité « archaïque », « immobile », « fermée ». Et si ceux-ci ne veulent pas s’ouvrir, on les y oblige : toute la longue histoire de la colonisation extérieure et intérieure par la logique capitaliste a consisté dans l’ouverture forcée, à travers la violence ou la persuasion, des réalités « closes » qui se suffisaient à elles-mêmes et qui préféraient l’auto-subsistance au marché mondial, le poisson péché devant la maison aux poissons surgelés, le bar du village à la télévision, les pâtures communales au travail dans l’usine, l’hébergement dans la famille aux maisons de retraite, la fête du quartier à la discothèque, les objets durables à l’obsolescence programmée, l’allaitement au sein aux laits Nestlé. » (Anselm Jappe, Capitalisme, société ouverte ? Abécédaire critique, Esprit [sic] n°445, juin 2018)