Le dit «?retour du religieux?» est un phénomène planétaire, certainement plus tonitruant que fondamental, mais avec de lourdes conséquences pratiques, comme des vies entières soumises à sa domination, des événements atroces et des quotidiens mutilés. De plus en plus isolée et théologiquement affaiblie à travers les siècles, la religion se fait paradoxalement et conséquemment, plus agressive. Elle fait du bruit, elle fait de la politique, elle se sent en perpétuel danger, elle montre les crocs face au péril, entretient et diffuse son vécu persécutif imaginaire. […] Les temps ont changé. Nous pensions que le rationalisme techno-scientiste avait d’une certaine manière «?remplacé?» la religion dans le domaine de la gestion sociale et politique de la «?vérité??» et de la morale, ce n’était pas entièrement faux, dans certaines parties du monde. Ce n’était pas entièrement vrai non plus, nulle part, en fait. Nous avons imprudemment baissé la garde et pris nos rêves pour des réalités, car il est certainement plus réconfortant de s’imaginer victorieux. Mais les religions avançaient à pas de loup (de loup géant) parallèlement au rationalisme froid et scientifique, qui, quant à lui, avançait avec tambours et trompettes, chacun avec sa propre fulgurance, se complétant pour reconstituer les aspirations et les nouvelles promesses des arrières mondes de la postmodernité, ainsi que pour offrir un peu de chaleur et d’irrationalité aux laissés-pour-compte spirituels du capital et de l’État sous toutes leurs formes, désormais incapables d’assurer à eux-seuls la perspective d’un avenir radieux au nom duquel faire accepter un présent mortifère. [EXTRAIT]

 

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