«Renouer avec l’action directe» : enquête sur ces sabotages attribués à l’ultragauche

Une vingtaine de sabotages d’antennes-relais et de destructions symboliques ont été recensés depuis le 1er avril. Pour les services de renseignement, ces actes non revendiqués portent la signature de la mouvance contestataire.

Dans les montagnes du Jura, trois antennes-relais de l’opérateur Orange sont incendiées en moins d’une semaine. En Bretagne, c’est un pylône téléphonique planté dans un champ qui est ciblé par un feu allumé à l’aide de palettes de bois… A chaque fois, la piste criminelle ne fait aucun doute. Les actes ne sont pas signés, mais la symbolique des cibles — des outils de télécommunication — soulève des interrogations : qui sont ces mystérieux saboteurs qui frappent sur l’ensemble du territoire ? Quelles sont leurs revendications ?

En moins d’un mois, « plus d’une vingtaine » d’actes de sabotages ou destructions symboliques ont ainsi été recensés en France, selon une note confidentielle du service central du renseignement territorial (SCRT) datée du 23 avril. Et les agents y voient clairement la main de l’ultragauche. « Les éléments les plus radicaux des mouvances contestataires radicales […] poursuivent leur logique d’intensification des actions de dégradations, en ciblant prioritairement les services de l’Etat, l’énergie et les télécommunications, ainsi que les symboles de la finance ».

Malgré l’absence de revendications, les attaques ont pour point commun de viser « des cibles historiques de la mouvance d’ultra-gauche » : des agences bancaires à Lyon ou à Toulouse, des véhicules d’Enedis à Montpellier, un géant du BTP à Niort, un McDonald’s dans la Drôme ou une sous-préfecture à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)… Et surtout des antennes-relais, étonnamment visées en ces temps de crise sanitaire. Dans la nuit du 1er mai encore, l’une a été brûlée dans l’Isère, le troisième dans le département en un mois.

Les services de renseignement soupçonnent l’œuvre de groupuscules contestataires depuis la multiplication d’appels aux sabotages sur des pages Facebook et blogs affiliés à la mouvance. Le 30 mars, un inquiétant manifeste appelant « à renouer avec l’action directe » avait été publié sur la page d’un collectif autonome lillois. Avant d’être largement relayé.

Dans les montagnes du Jura, trois antennes-relais de l’opérateur Orange sont incendiées en moins d’une semaine. En Bretagne, c’est un pylône téléphonique planté dans un champ qui est ciblé par un feu allumé à l’aide de palettes de bois… A chaque fois, la piste criminelle ne fait aucun doute. Les actes ne sont pas signés, mais la symbolique des cibles — des outils de télécommunication — soulève des interrogations : qui sont ces mystérieux saboteurs qui frappent sur l’ensemble du territoire ? Quelles sont leurs revendications ?

En moins d’un mois, « plus d’une vingtaine » d’actes de sabotages ou destructions symboliques ont ainsi été recensés en France, selon une note confidentielle du service central du renseignement territorial (SCRT) datée du 23 avril. Et les agents y voient clairement la main de l’ultragauche. « Les éléments les plus radicaux des mouvances contestataires radicales […] poursuivent leur logique d’intensification des actions de dégradations, en ciblant prioritairement les services de l’Etat, l’énergie et les télécommunications, ainsi que les symboles de la finance ».

Malgré l’absence de revendications, les attaques ont pour point commun de viser « des cibles historiques de la mouvance d’ultra-gauche » : des agences bancaires à Lyon ou à Toulouse, des véhicules d’Enedis à Montpellier, un géant du BTP à Niort, un McDonald’s dans la Drôme ou une sous-préfecture à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)… Et surtout des antennes-relais, étonnamment visées en ces temps de crise sanitaire. Dans la nuit du 1er mai encore, l’une a été brûlée dans l’Isère, le troisième dans le département en un mois.

Les services de renseignement soupçonnent l’œuvre de groupuscules contestataires depuis la multiplication d’appels aux sabotages sur des pages Facebook et blogs affiliés à la mouvance. Le 30 mars, un inquiétant manifeste appelant « à renouer avec l’action directe » avait été publié sur la page d’un collectif autonome lillois. Avant d’être largement relayé.

L’auteur compare le confinement à « une assignation à résidence collective » et dénonce « un contexte répressif ». C’est pourquoi, estime-t-il, les militants doivent profiter de cette période confuse pour « multiplier les offensives ». Le recours aux méthodes violentes est sans ambiguïtés. « Il faut faire acte de résistance concrète, pas symbolique […] Pour réaliser un sabotage, pas besoin d’être en nombre important ou d’expérience, l’action directe est à la portée de tous », écrit encore l’activiste, estimant que les émeutes sont inutiles en ces temps de pandémie. Le document est accompagné d’une photo en noir et blanc montrant un homme piéger une voie ferrée…

Une dizaine d’enquêtes judiciaire en cours

La publication a depuis fait des émules, comme en témoigne ce mode d’emploi sur « comment démonter des antennes-relais ». « L’imputabilité des faits à la mouvance d’ultragauche de la vingtaine de faits constatés depuis le 1er avril reste une hypothèse très sérieuse justifiée par la concomitance des actes avec les appels à l’action directe, les modes opératoires et les cibles choisies », en concluent les agents du renseignement territorial dans leur note du 23 avril intitulée « Ultragauche : les appels à l’action directe suivis d’effets ».

Une dizaine d’enquêtes judiciaire sont en cours, principalement confiées aux sections de recherche de la gendarmerie, pour faire la lumière sur les sabotages. Pétards, incendies, coupures de câbles… Les modes opératoires sont variés, mais démontrent une organisation efficace. Dans le Nord, une antenne a même terminé au sol, la base du pylône déboulonnée. Si les blogs affiliés à l’ultragauche, tels « Sans attendre demain », relaye avec gourmandise ces actes de dégradations, aucun ne les revendique formellement. Et les investigations piétinent, faute d’identifier les auteurs. « L’ultragauche a l’expérience, souligne un gradé de la gendarmerie. Ils ne laissent pas de trace, sont difficiles à remonter, mais tout mène à eux. »

La concentration des sabotages contre les pylônes revêt plusieurs symboliques. « Elles permettent aux entreprises de continuer à fonctionner et facilitent le télétravail, note un enquêteur. Elles sont donc des cibles pour ceux qui luttent contre le capitalisme. » Preuve de l’importance économique de ces pylônes, le gouvernement a pris, dans le cadre de la loi d’urgence sanitaire, des dispositions pour faciliter leur implantation. Ce qui énerve les militants radicaux.

« Un écho » des événements de l’été 2017

« Le confinement fait pousser les antennes-relais comme des champignons (toxiques) après la pluie », peut-on lire sur le blog anarchiste « Attaque ». Selon le renseignement territorial, ces antennes-relais sont aussi perçues comme un supposé outil totalitariste de surveillance en ces temps de confinement. Elles sont ainsi accusées de faciliter « le pistage numérique » dans le cadre du projet d’imposer un « tracking » des malades du Covid-19.

Les services de renseignement se demandent si cette vague de sabotages ne serait pas « un écho » des événements de l’été 2017. Sous le concept de « juin dangereux », une douzaine d’attaques contre des cibles du secteur de l’énergie et de la téléphonie avait été revendiquée par des groupes anarchistes. Selon la note confidentielle, le concept d’« action directe » se répand aussi dans les pays européens, notamment en Italie et aux Pays-Bas, où des dégradations d’antennes-relais viennent d’être constatées. Or les réseaux d’ultragauche sont connus pour entretenir des liens étroits avec leurs équivalents étrangers…

Cette recrudescence d’actions malveillantes pourrait-elle pousser la justice antiterroriste à se saisir ? À ce stade, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et le parquet national antiterroriste (PNAT) suivent attentivement l’évolution du phénomène. « L’ultragauche est morcelée en groupuscules et ne coordonne pas ses actions, relève une source au sein des services de renseignements. Cette absence de revendication semble correspondre à sa stratégie qui consiste pour l’instant à rester sous le seuil de l’association de malfaiteurs terroriste. Ils ne se considèrent pas encore prêts et ne veulent pas se retrouver sous le radar du PNAT, qui déploie des techniques d’enquêtes plus offensives ».

Risque de créer « un effet cliquet »

Le sujet est sensible pour les policiers et magistrats antiterroristes, encore hantés par le fiasco de l’affaire Tarnac. En se saisissant d’une affaire, ils prennent le risque de créer « un effet cliquet » et de se voir accusés d’assimiler tout opposant politique à un terroriste.

En Isère, le procureur de Grenoble, Eric Vaillant, avait été le premier magistrat à demander à être dessaisi au profit du parquet antiterroriste après la série d’incendies visant des casernes, locaux de radio publique et autres mairies depuis trois ans et revendiqués par l’ultragauche. En vain. Cette fois, il se montre plus prudent sans revendication formelle.

« L’ultragauche est bien sûr une piste, confie Eric Vaillant. Il peut s’agir d’anarchistes avec un but politique. Mais cela peut être aussi des complotistes dont l’ambition n’est pas d’attaquer l’Etat. » En Grande-Bretagne, des cas de sabotages d’antennes-relais 5G ont été reliés à des illuminés : ils voyaient une corrélation entre le déploiement de cette technologie et la circulation du coronavirus…

http://www.leparisien.fr/faits-divers/renouer-avec-l-action-directe-enquete-sur-ces-sabotages-attribues-a-l-ultragauche-03-05-2020-8310015.php