Scandale dans le landerneau politique : les « Socialistes » décident que leurs élus n’accorderont pas de parrainage pour l’obtention des 500 signatures nécessaires pour présenter un candidat à la présidentielle, à un candidat autre que celui désigné par le PS.

Cette décision tout à fait logique est empreinte du plus élémentaire bon sens.

Voyons les faits.

A « Gauche », on peut, au bas mot, recenser environ 6 ou 7 candidats à la présidentielle. Nous avons vu ce que signifiait un éparpillement des voix au premier tour : c’est l’échec assuré du candidat de Gauche le plus susceptible de figurer au 2e tour, autrement dit le candidat PS. C’est aussi la place assurée au FN en finale.

Aucune organisation n’a tiré les leçons d’un tel « échec », la preuve ? Elles s’apprêtent à multiplier les candidats, de fait de « dispersion ».

Aucune ? Pas tout à fait, concrètement une, le Parti Socialiste… et il agit en conséquence

Les Socialistes ont beau être des « traîtres », des « sociaux libéraux » et autres… ce qui est exact, ils sont passés maîtres dans l’art de la stratégie électorale… ils savent compter… et, logiquement, quelles conclusions devaient-ils tirer d’une telle situation ? Celle que tout un chacun tirerait à leur place.

Leur décision est électoralement la bonne.

Faut être clair : soit on joue le jeu électoral, soit on ne le joue pas.

Parmi celles qui refusent de voir le FN au 2e tour aucune organisation ne se donne les moyens électoraux d’éviter ce cas de figure. En effet, il ne faut pas rêver : la vie politique électorale est ainsi faite, le système électoral est ainsi fait que, au 2e tour ça se jouera entre l’UMP, le FN et le PS… et pas autrement.

Sérieusement, qui peut imaginer un autre cas de figure dans l’état actuel des choses ? Mais chut, ne réveillons pas les rêveurs !

Il est exclu qu’il y ait un autre cas de figure, et ce n’est pas l’enthousiasme naïf de nombre d’ « alternatifs » ou de « révolutionnaires » qui va changer les choses. Malgré leurs chartes, déclarations, affiches, meetings, tracts, ils seront inévitablement minoritaires et hors jeu après le 1er tour, peut-être même avant …

Il est vrai que la Présidentielle est, entre autre, un « défilé de mode » à l’échelle nationale. Vouloir participer à un défilé de mode est parfaitement respectable,… mais alors il ne faut pas mélanger les genres et demander au système électoral plus qu’il ne peut donner, plus qu’on ne peut en tirer, plus que ce pour quoi il est fait.

Dans cette problématique, le Parti Socialiste ne considère pas l’élection comme une simple manière d’apparaître, mais aussi et surtout comme un moyen d’accéder au Pouvoir… Il agit donc en conséquence en mettant le maximum de chance de son côté… Qui peut, électoralement le lui reprocher ?

Mais me répliquera-t-on « Ce n’est pas dans le plus pur esprit démocratique et comme le disent certains une atteinte au pluralisme ».

Mais que viennent faire la démocratie et le pluralisme quand des intérêts vitaux pour des bureaucraties, le Pouvoir, l’accès à la gestion du système marchand, sont en jeux ?

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Au moins, désormais, les choses sont très claires et seuls les imbéciles et les naïfs ne comprendront pas.

Nous sommes entrain d’expérimenter ici les limites de ce que les politiciens appellent la « démocratie » et qui n’a rien à voir avec ce dont on parle en terme général dans les cours de philosophie ou d’instruction civique. Il y a ici des intérêts bureaucratiques vitaux en jeux. Le PS en a pris conscience et agit de manière parfaitement rationnelle.

« Allons bon, maintenant tu défends le Parti Socialiste » va-t-on me rétorquer. Pas du tout, je ne fais que reconnaître ce qui est.

1- Que le parti socialiste est dans un rapport de force qui lui est favorable et que logiquement il en profite,
2- Que le système électoral est ainsi fait qu’il piège les petites organisations et verrouille l’ensemble du système politique.

Alors que faudrait-il faire ? Personnellement ma position est claire : ne pas participer aux élections. Que vous y participiez ou pas, le résultat sera de toute manière le même : vous serez minoritaires et le candidat qui passera ne vous conviendra pas et continuera à gérer ce système qui nous conduit à la catastrophe.

S’exagère ? Allons, soyons sérieux… Regardez ce qu’est la vie politique depuis des décennies.

« Mais alors, ce serait s’exclure de la vie politique ». De celle là, bien sûr… mais quel intérêt d’y participer ?

S’exclure de la vie politique électorale n’est pas s’exclure de la vie politique au sens large, la vraie, celle qui n’est pas basée sur des faux semblants et des promesses, au contraire c’est retourner à l’essentiel de ce qu’est le politique… mais encore faut-il faire la démarche et s’extraire de la gangue politicienne dans laquelle pataugent toutes les organisations politiques y compris et surtout celles qui se disent de « rupture » mais qui consacrent l’essentiel de leurs forces militantes à la préparation d’élections… qu’elles perdront.

Mais encore ?

Pour faire court, je renvoie à :

« VICTOIRE DE LA POLITIQUE, MORT DU POLITIQUE »

« SUR LES STRUCTURES ALTERNATIVES »

« DECADENCE » ; « TRANSITION »

Patrick MIGNARD