Esclavage et modernité
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Esclavage et modernité
1.
Dans le monde «libre», les peuples sont composés de citoyens dont chacun est son propre maître – et donc aussi son propre esclave qu’il lui appartient d’entretenir Et s’il n’a pas personnellement de quoi le faire, il doit le vendre un certain temps par jour. Et comme avec le fric ainsi gagné, il peut l’entretenir, ils passent ensemble le reste du temps.
2.
Oui mais, il y a un hic: pour pouvoir vendre son esclave, il faut un acquéreur, parfois une petite Société, le plus souvent une Grosse dite «Société Anonyme» (pour préciser qu’on ne sait qui est derrière) qui a besoin d’esclaves à qui elle fait faire des choses dont elle a elle-même besoin. Ce qui implique que chaque citoyen a pour sa part besoin que son esclave soit formé et que son maître soit éduqué. La période qui correspond à cette éducation et à cette formation n’est autre que l’enfance. De là que les enfants n’ont rien à dire du fait que, de naissance, ils ne sont pas encore vraiment des Hommes.
3.
Cela dit, en tant que maîtres les citoyens sont supposés avoir reçu une même éducation vu qu’en démocratie, tous sont égaux devant la Loi, tenus de respecter les «autres» et «les bonnes moeurs»; alors que, en tant qu’esclaves, ils sont loin de tous avoir la même formation.Et comme la «valeur» d’un esclave s’évalue en fonction de cette dernière, il s’ensuit que les citoyens sont loin d’être égaux devant le fric. Ceux dont la formation est rudimentaire fonctionnent comme pièces détachées d’ensembles conçus par d’autres dont la formation est plus sophistiquée – et qui sont donc leurs supérieurs, et mieux payés en tant que tels par la S.A. qui les engage – laquelle a pour fonction d’écouler les produits qu’elle a fait faire. Et de ramener de quoi payer tout le monde – et se payer elle-même – tous fonctionnant sous une menace: les employés d’être licenciés et les employeurs de tomber en faillite !
4.
Ainsi, à première vue, on pourrait croire qu’entre la base et ses dirigeants, la différence serait purement quantitative. Mais, pour les S.A., il n’en est rien car, alors que pour leurs salariés le temps «libre» et le temps de travail sont séparés – le premier servant somme toute à tolérer le second – pour les meneurs de S.A., ou de gouvernements, ces deux temps ne font qu’un. Il traitent de leurs affaires aussi bien au resto, qu’au golf ou dans leur ranch – et ils se livrent entre eux à des parties d’échec. Trustant leurs S.A., ils se servent de chacune d’elle comme d’un pion qu’ils poussent en avant, ou sacrifient – la planète entière leur servant d’échiquier grâce à la mondialisation de sa «mise en valeur» – les règles de ce jeu étant fixées par les politiciens, en concertation bien sûr avec les hooligans de la finance qui leur procurent de quoi se faire réélire. Bref, chez ces gens-là, on n’a pas le temps de s’emmerder !
5.
Concrètement, sur l’échiquier, les pions sont donc les travailleurs eux-mêmes. Si l’entreprise qui les engage se déclare en faillite, ou se délocalise, ils se retrouvent sur le pavé. De là qu’ils ont le sentiment de devoir être raisonnables. Ce que, depuis l’école, ON leur apprend à être, ou, comme ON dit, à «garder les pieds sur terre» – une terre qui n’arrête pas de se «développer» et de laquelle il faut apprendre à «rester au courant» pour rester monnayable!
6.
Or, dans le même temps, ON les incite à se montrer humains, bienveillants envers leur prochain – devoir moral pour tout le monde. Ils ne peuvent donc que s’indigner devant les inégalités, les injustices flagrantes. Sur base de quoi, ils élaborent une stratégie: sachant que les entreprises ne pourraient pas se passer d’eux, ils se syndiquent, organisent des manifs, des mobilisations générales, font grève sur le tas, dressent des barricades, incendient des bagnoles. Bref, c’est la lutte des classes.
7.
Et ça fonctionne. Les syndiqués obtiennent certaines satisfactions. Ils peuvent enfin mieux profiter des fruits de leur travail – tout en gardant «les pieds sur terre», bien entendu ! Et ce qu’ils obtiennent suite à leurs «luttes», ils l’attribuent à leur pugnacité. Ils en viennent même, petit à petit, à ressentir une certaine fierté. Y a qu’à les voir se faire périodiquement cirer les bottes et parader dans le tiers-monde ! Lequel, par rapport aux meneurs de jeu, se retrouve somme toute dans la situation où eux-mêmes se trouvaient naguère encore chez eux. Mais pourquoi s’indigneraient-ils de cette inégalité-là ?? Elle leur semble toute naturelle vu qu’à leurs yeux ces gens sont des «sous-développés» qu’il faut songer à développer. Et en attendant, il serait bon de les aider à supporter leur misérable condition. Ce qui implique que des meneurs de jeu se montrent généreux en finançant des entreprises caritatives. Et, dans une mesure raisonnable, les «bonnes âmes» obtiennent satisfaction. «Conquêtes» d’où sortent les MSF et autres ONG.
8.
Mais, cela dit, il faut se rendre à l’évidence: toutes les «conquêtes » susdites, loin d’empiéter sur le domaine de ceux qui n’ont pas le temps de s’emmerder, leur garantissent tout au contraire un avenir florissant, chaque avantage «concédé» étant source d’emplois nouveaux dont ils vont profiter pour multiplier et pour diversifier leurs entreprises. Et – cerise sur le gâteau – les tenanciers de la Haute vont se servir des nouveautés mises à portée du plus grand nombre pour inventer le crédit à la consommation – sachant bien sûr que, ce faisant, leurs bénéficiaires deviennent implicitement complices de notre Société dite « de consommation» qui n’est, somme toute, rien d’autre qu’un amalgame de Sociétés S.A. fondées sur la «croissance économique» nécessaire à la bonne marche des affaires et à la satisfaction les besoins croissants des citoyens. Lesquels éprouvent en effet un besoin d’autant plus grand «d’évasion» qu’ils sont chacun de plus en plus coincés chez eux par la circulation automobile. A quoi la télé, les médias, les séries, les suspenses et autres www.prout-prout.com doivent d’ailleurs leur fabuleux succès.
9.
En résumé: tout le monde se bat pour pouvoir résoudre ses problèmes, et profiter de la vie le mieux possible, chacun chez soi, chacun pour soi. Une fabuleuse bataille pour se faire chacun un maximum de fric considéré par tous comme source de satisfaction de tous les besoins. De là que chacun doit se spécialiser, faire des choses qui ne le concernent pas en tant que telles. Comme, par exemple, des Palais de Justice, des bombes à neutrons ou des défilés de mode.
L’alternative
1.
L’un des effets de ce mode de vie est mondialement reconnu comme désastreux: la mise à mal de la planète – déforestation, mort ou séquestration des espèces animales, océans poubelles et tout-à-l’égout, pollution atmosphérique, lacération de la couche d’ozone, fonte les pôles – autant d’effets qui ont donné le jour à des écologistes dont le programme commun se résume à: Le «bien-être», oui ! Les nuisances, non !
2.
Autant dire qu’ils vont dans le mur car il va de soi que, comme disait Einstein, «les problèmes ne peuvent pas être résolus par les modes de pensée qui les ont engendrés» – Einstein confirmant ainsi le constat de Max Stirner: «Ce n’est pas en la réformant que d’une absurdité on fera jamais une chose sensée!»
3.
Bref, la solution c’est d’arrêter de tourner autour du pot: si la nécessité de se faire du fric engendre celle de maintenir la croissance dont tout le monde sait qu’elle est la cause de la dégradation de la Terre entière, il n’y a qu’une solution envisageable: celle d’en finir avec le fric! Et, à cette fin, faut s’arranger pour faire perdre confiance en lui en tant que moyen d’existence. Ce qui implique – à la guerre comme à la guerre – d’en perturber le trafic, d’en couper les lignes de communication, de boucher des serrures, de colmater les fentes à cartes bancaires, de lancer des virus dans le www etcetera. Ce qui exige, bien entendu, d’être assez nombreux à le faire pour être contagieux, de s’organiser pour profiter des manifs et autres mouvements sociaux en ayant à l’esprit: Mieux vaut boucher que lancer des pavés.
4.
Objectif de cette stratégie: générer un besoin de survivre sans pognon qui exigera de nous entendre pour trouver d’autres moyens d’assurer notre subsistance. Sachant d’avance que tous les engins que le fric nous oblige de produire et d’entretenir, que tous les espaces aménagés à cette fin, que toutes les énergies nécessaires au fonctionnement de cette colossale machine sociale n’auront plus la moindre raison d’être, que tous les Bush, Blair, Bill Gates, Rothschild et Compagnie devront fermer leurs gueules et que les veaux vaches cochons couvées pourront enfin sortir de leurs batteries. Partant de là de toutes nouvelles pratiques ne manqueront pas d’être mises en ?uvre qui ne risquent pas d’être tristes.
Le train-train quotidien va bientôt dérailler,
qui veut rester dedans n’a qu’à bien s’accrocher.
Et cela dit:
Que qui peut puisse !!
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