Un mouvement étudiant prend forme en Grèce, pour contrer les projets libéraux du gouvernement concernant les universités. À l’instar du mouvement français, de nombreuses facultés sont occupées. L’essentiel du personnel lutte avec les étudiant-e-s.

Les mobilisations étudiantes grecques s’amplifient. C’est le plus important mouvement étudiant depuis les années 1970. À l’origine, les projets du gouvernement, à replacer dans le contexte libéral européen. Contre ces plans, des mobilisations ont débuté en mars, mais c’est depuis la victoire du mouvement étudiant en France, et la tenue du FSE à Athènes, que l’action a pris de l’ampleur, depuis quinze jours en particulier, avec des grèves enseignantes reconductibles selon les facs (à l’initiative du syndicat unique du supérieur, le Posdep), et une activité étudiante inconnue depuis 1974.

Comme preuve de la radicalisation en cours, de très nombreuses occupations ont été votées : début juin, environ 210 départements sont occupés. Face à ce mouvement de fond, la droite suit l’exemple français : discours provocateur et violence policière. Les télés ont fait silence jusqu’à cette semaine.

Les enseignant-e-s, conformément aux consignes syndicales, votent, AG par AG, en faveur de la proposition de grève illimitée.

L’un des principaux mots d’ordre des étudiants est « ici, on fera comme en France ». Comme l’affirme, dans sa phrase de conclusion, le communiqué voté par la coordination étudiante d’Athènes à l’attention des travailleurs, « ce mot d’ordre exprime notre engagement de continuer la lutte du mouvement étudiant jusqu’à la victoire. Nous appelons à la convergence dans cette lutte pour l’éducation, le travail et pour notre vie toutes les composantes de l’éducation nationale (enseignants et lycéens) et tous les travailleurs ».

Le mot d’ordre principal est : « non à la loi-cadre » proposée par le « Ministère de l’Education et des Religions ». Cette nouvelle loi-cadre (proposition par une commission d’experts en vue de devenir une loi ce Juillet et rentrer en vigueur dès Septembre) propose la « modernisation » du système de l’enseignement supérieur grecque. A savoir :

-L’introduction du syllabus/livre de référence payant. Aujourd’hui en Grèce l’Enseignement (Primaire, Secondaire, Tertiaire/Supérieure) est gratuit et public. Ceci est un droit assuré dans la Constitution grecque (article 16). Ni minerval, ni livre, ni syllabus sont payants. Selon la loi cadre, ceci est un mode distribution dépassé qui encourage la stagnation et le monopole. Selon cette proposition il faudrait avoir un choix des livres payants. Les AG des étudiant-e-s sont collectivement contre cette proposition.

-La reconsidération de « l’asile académique ». Aujourd’hui l’asile assure la liberté d’expression et de circulation d’idées dans tous les lieux académiques. Ainsi la police ne peut aujourd’hui entrer dans les lieux académiques que dans des cas extrêmes (accord unanime d’une Commission d’Asile). es AG voient ici un danger démocratique et une potentielle limitation de leur pouvoir de contester les politiques au sein de leur établissement.

-Limitation des possibilités de doubler 2 ou 3 fois, selon la faculté.. Aujourd’hui les étudiants en Grèce peuvent rester aux études le temps qui est nécessaire pour passer leurs examens. Ainsi nous avons les phénomènes des « étudiants éternels ». Toutefois selon les Service Statistique Nationale, 60% des étudiants doivent travailler à côte de leurs études parce que leurs parents ne peuvent pas assurer leurs dépenses de base. Ceci explique pourquoi beaucoup d’étudiants prennent plus de temps aux études. D’ailleurs le système d’éducation a était fait ainsi pour répondre à ce phénomène. Selon la loi-cadre, ces étudiants sont des fainéants et coûtent trop à l’Etat. Pour cela il ne faut pas donner des opportunités illimitées pour doubler une année et un cours. Les étudiants ne pourront faire que 2 ou 3 ans de plus, après cela c’est l’exclusion. Pour les étudiants qui travaillent des bourses sont proposées mais contre 40 heures de travail par mois au sein de l’Université (dans la bibliothèque ou ailleurs). Les AG nationalement sont contre.

-La révision du budget des Universités. Ainsi celles-ci doivent, d’une part, à l’avance faire des contrats de 4 ans (par opposition au financement direct qui est le système actuel) avec les Ministres des Affaire Economiques et, d’autre part, elles doivent chercher des compléments budgétaires, du sponsoring. Donc des fonds privés. Les AG se disent résolument pour l’Enseignement Gratuit et Public et donc contre toute proposition des collaboration avec le privé.

L’introduction des Managers dans chaque faculté. Selon la loi-cadre le chaos bureaucratique des Universités en Grèce doit être solutionné.. Ainsi il propose l’introduction d’un Gestionnaire dans chaque secteur et direction de l’Université. Les AG sont contre parce que cela introduit la conception de l’enseignement business. A savoir que l’institution l’institution scolaire doit être gérée de la même manière qu’une entreprise.

Avec ces reformes institutionnelles le ministère de l’éducation et le gouvernement essayent de :

– Faire émerger un nouveau modèle du salarié pas cher et flexible, qui sera en même temps discipliné et productif, c’est-à-dire d’un salarié qui ne coûtera pas cher, ne réclamera pas l’amélioration des conditions de vie et de travail, et sera complètement intégré aux normes du marché et de la concurrence des entreprises.

– Imposer le fonctionnement de l’université avec des critères privés et économiques, et remettre en cause le caractère public et gratuit de l’éducation et l’intégration des fractures de classe.

Les étudiant-e-s en lutte et le personnel solidaire luttent pour :

– Des titres universitaires unifiés donnant le droit au travail à tous les jeunes, sans morcellement et sectorisations.

– Le droit à un travail stable pour tous, pour des salaires dignes et pour le droit à la sécurité sociale pour tous.

– Non aux rapports de travail précaires

– Éducation publique et gratuite pour tous. Livres, Logement, restos U gratuits pour tous les étudiants. Augmentation du budget social pour les étudiants

– Rythmes d’études humains

Source : liste coord.mat-univ34@alternatives34.ouvaton.org