Terre sainte ou enfer vivant ? ecocide israélien occulté
Catégorie : Global
Thèmes : Actions directesArchives
Lieux : Tours
De la rivière du Jourdain au bassin de la mer morte en passant par les hauteurs du centre de la Cisjordanie,où se trouve concentrée la population, jusqu’aux collines fertiles qui bordent à l’ouest le territoire israélien, des études récentes menées en territoire occupés palestiniens montre une dégradation de la pollution de l’environnement. Un labyrinthe de colonies, de zones industrielles, des décharges sauvages, des camps militaires, des routes fortifiées, des barrières électriques et un énorme mur de béton, ont été installés par Israël en Cisjordanie depuis 1967. Ce maillage s’est intensifié depuis 2000 et détruit le vie dans cette terre ancienne.
Des actions de destruction menées par les colons et les soldats, les rejets des usines et des colonies, les confiscations de terre pour étendre ces colonies et les routes qui y conduisent, le pompage de l’eau, les déracinements massifs ou le brûlage des arbres, et la construction de ce que les palestiniens appellent le mur de l’apartheid qui serpente sur leurs terres et leur dissimule le coucher de soleil, tout ceci est entrain de provoquer une détérioration du système écologique de la Cisjordanie autrefois luxuriant. Les effets cumulatifs sur le réseau hydrologique, la structure du sol, la biodiversité, la sécurité alimentaire et la beauté de la nature sont désastreux. L’environnement de Palestine, autrefois appelé « terre de lait et de miel » dans les textes religieux anciens et gravés dans les mémoires, la terre de Palestine n’est plus reconnaissable, l’environnement est devenu une arme de guerre, utilisé délibérément pour transformer la vie de ses habitants en enfer vivant.
Le « désengagement » racoleur israélien de la bande de Gaza, preuve que la décolonisation est possible, mais aussi écran de fumée, distrait l’attention de l’escalade de la violence en Cisjordanie. Entretenir une chronique complète de la dévastation en Palestine remplirait plusieurs livres, ce qui suit n’en est qu’un bref aperçu.
En mars dernier des gardiens de troupeaux de Tuwani et Mufakara, des villages palestiniens près d’Hébron, dans le sud ouest de la Cisjordanie, ont découvert d’étranges boulettes bleues éparpillées dans leurs pâturages. Suspectant celles-ci d’être à l’origine de la mort mystérieuse de plusieurs de leurs chèvres et moutons la semaine précédente, ils en ont fait faire l’analyse. Les tests ont confirmé leur intuition : les boulettes étaient de l’orge empoisonné au fluoracetamide, un poison pour rongeurs fabriqué seulement en Israël et illégal car interdit dans de nombreux pays à cause de sa haute toxicité.
Ce ne sont pas seulement des troupeaux, mais des gazelles sauvages, des serpents, des oiseaux migrateurs et d’autres animaux qui ont été empoisonnés. Les fermiers palestiniens ont dû mettre leurs troupeaux en quarantaine, et arrêter de vendre et de consommer leur lait, leur fromage et leur viande. Le 8 avril de nouvelles boulettes de poison violettes imbibées de brodifacoum, un autre poison anti coagulant anti rongeur hautement toxique ont été trouvées dans les collines servant de pâturage dans la région de Tuwani. Amnesty International a émis un communiqué de presse plus tard dans le mois condamnant les autorités israéliennes pour avoir été incapables de nettoyer les régions contaminées par ces produits chimiques toxiques, et ne pas avoir chercher à juger les coupables.
Les palestiniens du coin accusent les colons israéliens des petits avant postes proches des colonies de Maon et Havat Maon, au sud d’Hébron, dont les hommes sont connus pour attaquer les enfants palestiniens de Tuwani lorsqu’ils passent près des colonies pour se rendre à l’école. Des militants pacifistes solidaires des palestiniens ont enregistré sur vidéo un officier de la sécurité de Maon admettant qu’il savait que les colons de Havat Maon avaient semé les boulettes empoisonnées.
Malgré cet aveu, aucune arrestation n’a eu lieu, et l’empoisonnement s’est étendu. A la mi-avril, dans le village palestinien de Yasouf, au sud d’Hébron, dans le nord de la Cisjordanie, de grandes quantités de grains de blé bouillis dans du brodifacoum ont été trouvées.
Alors que ces actes d’empoisonnement peuvent apparaître comme des attaques isolées de colons véreux, d’autres formes de pollution en Cisjordanie sont systématiques et permanentes. Le paysage est entaché d’usines israéliennes. Construites principalement sur les collines dans les colonies, et dans des zones industrielles situées sur la frontière, ces usines fabriquent des produits à base d’aluminium, de plastique, de fibres de verre, des batteries, des détergents, des pesticides et des produits militaires.
Les lois israéliennes sont particulièrement draconiennes en matière de respect de l’environnement, de production industrielle et de traitement des déchets, mais elles ne s’appliquent pas à la Cisjordanie, qui est devenue une zone écologiquement sacrifiée. La plupart des usines ne sont tenues par aucune clause concernant le respect de l’environnement et elles déversent leurs déchets qu’elles brûlent en plein air, les eaux polluées s’infiltrent dans les nappes phréatiques, et des déchets dangereux sont jetés et enfouis dans des sites non clos. Les terres en bas des collines occupées par des zones industrielles sont particulièrement vulnérables. L’une des zones les plus grandes, Barqan, située près de Naplouse comprend 80 usines qui produisent 810 000 m3 d’eaux usagées par an. Ces eaux usagées s’écoulent dans le wadi (le lit d’une rivière qui est à sec excepté pendant la période des pluies) et polluent les terres agricoles de 3 villages palestiniens.
Le 5 juillet, des volontaires de l’ISM (International Solidarity Movement) se sont joints aux palestiniens pour manifester contre les usines Geshuri, un producteur israélien de pesticides et de fertilisants. D’abord située dans le village de Kfar Saba en territoire israélien, les habitants de cette ville ont obtenu de la justice israélienne de faire fermer ce site industriel à cause des pollutions engendrées par celle-ci. Geshuri a déménagé son site industriel sur son emplacement actuel en bordure de la ville palestinienne de Tulkarem en 1987. La pollution émise par cette industrie a pollué les citronniers, endommagé les sols et les eaux souterraines, provoqué des problèmes respiratoires dans la population environnante, et contribué au fait que la ville de Tulkarem ait le plus fort taux de cancer de Palestine. Au printemps, un immense mur a été construit autour du complexe industriel annexant de grandes étendues de terres agricoles palestiniennes. Portant des masques bleus pour éviter d’inhaler les fumées toxiques de l’usine, les manifestants ont défilé en portant des pancartes et inscrivant des messages sur le mur « enlever cette usine fabricant la mort » « transporter ce poison loin de nos enfants » et « c’est du terrorisme ».
Les décharges illégales sont également un autre problème chronique. Le 11 avril plus de 200 personnes appartenant aux anarchistes contre le mur (groupe israélien) , au mouvement des verts Israel et des habitants du village palestinien de Deir Sharaf ont empêché des camions israéliens remplis de déchets d’aller les déverser dans la carrière d’Abu Shusha, la plus grande carrière de Cisjordanie. En 2002 pendant l’invasion militaire « bouclier de protection » l’armée israélienne a confisqué les lieux à ses propriétaires palestiniens. Depuis des milliers de tonnes de détritus ont été transportées et enfouies dans la carrière située près de 4 puits et à seulement 250 m de la nappe phréatique alimentant la ville de Naplouse en eau potable. Une enquête menée par le Palestinian Hydrology Group a confirmé que des fuites en provenance de cette décharge sauvage ont détruit des plantes sauvages et médicinales dans la vallée. La biodiversité et le paysage de la région ont été affectés.
Apres trois ans de silence, en avril la communauté internationale s’est enfin scandalisée après avoir lu des articles sur le sujet écrits par des journalistes israéliens. Sans permis officiel mais avec l’accord tacite du gouvernement israélien, les colons ont tiré profit de cette décharge en vendant leurs services de transport de déchets aux villes israéliennes. Une rare victoire écologique a été enregistrée au mois de juillet quand un tribunal israélien a décidé la fermeture de cette décharge illégale. Mais le réservoir de décharges sauvages reste et des douzaines d’autres décharges sauvages sont encore fonctionnelles à travers la Cisjordanie. L’usine qui se trouvait au dessus de la carrière n’a pas été fermée et elle continue d’envoyer ses eaux usées noires nauséabondes dans les oliveraies situés au dessous.
Alors que le gouvernement du premier ministre israélien Ariel Sharon et des colons extrémistes israéliens sont directement responsables de cet écocide, un système général qui bénéficie de l’occupation et la maintient, l’est également.
{{En 2004, la Banque Mondiale a publié deux rapports controversés de « développement durable » en Palestine, qui acceptent la réalité du mur plutôt que d’en dénoncer l’illégalité. Alors que le mur se fraie un passage à travers la Cisjordanie, isolant des communautés les unes des autres, et annexant des terres arables, les moyens de subsistance de dizaines de millier de familles palestiniennes sont détruits et le chômage devient endémique. En accord avec les objectifs israéliens, la Banque Mondiale se propose de résoudre ce problème artificiel en établissant des nouvelles « zones industrielles » le long du mur, où la main d’œuvre palestinienne bon marché travaillant pour ¼ du salaire minimum israélien, sera exploitée pour produire des biens de consommation exportés dans une économie globalisée.
Déjà, une telle zone est entrain d’être construite à Tulkarem, sur des terres palestiniennes annexées derrière le mur. En plus, la Banque Mondiale a aidé Israël a trouver des fonds pour financer la construction d’un système d’apartheid plus « sécurisé », plus « efficace » et plus « productiviste » : des points de contrôles et portes de prison high tech dernier cri, « des « barrières classes », des tours de contrôles, des points de passages frontaliers utilisant des machines radioactives « d’espionnage à nu » permettant de voir à travers les vêtements des gens , et aussi pour construire des tunnels souterrains permettant un contrôle israélien total des déplacements des palestiniens et le monopole continu israélien sur les ressources naturelles de la terre. Sous le régime d’apartheid, les déplacements entre les huit districts palestiniens de Jenin, Naplouse, Qalquilia, Tulkarem, Jericho, Ramallah, Bethléem et Hébron sont interdits sans autorisation spéciale et Jérusalem est complètement coupée du reste de la Cisjordanie par le mur. Au lieu de mettre fin à cette matrice de ségrégation et de dépossession, la Banque Mondiale demande qu’Israël » desserre les bouclages internes et facilite le transport frontalier des biens » }}
La normalisation de l’apartheid non seulement viole les droits humains de base des palestiniens en les confinant dans des ghettos, et des usines à sueur, cela perpétue également la destruction écologique de la terre. Le développement durable ne peut se faire que basé sur la décision de la Cour Internationale de Justice du 9 juin 2004, exigeant d’Israël de détruire le mur. Cette décision demande à la Communauté Internationale « de ne pas reconnaître la situation illégale crée par la construction du mur et de ne pas porter aide et assistance en maintenant la situation crée par cette construction ».
Les puissances internationales n’ayant pas la volonté de mettre la décision de la Cour Internationale de Justice en application, ainsi que les résolutions de l’ONU demandant la fin de l’occupation, les villages palestiniens se mobilisent pour défendre leurs terres contre l’annexion et la destruction. Depuis septembre 2002, quand Israël a commencé un premier tronçon de mur pour emprisonner la ville de Qalqilya alors riche de ses ressources agricoles, l’Organisation Non Gouvernementale Palestinienne pour l’Environnement a coordonné la campagne anti-apartheid contre le mur. Cette campagne est fondée sur des actions directes non-violentes organisées par les comités populaires contre le mur dans des dizaines de villages, directement menacés par le tracé du mur.
Budrus, est un petit village de 1300 habitants situés à l’ouest de Ramallah, où deux ans de résistance acharnée ont permis pour la première fois à un village palestinien de bloquer la construction du mur sur ses terres. Des manifestations de masse ont eu lieu qui unifiaient la totalité des habitants du village, qui des nourrissons aux vieillards, convergeaient tous vers les oliveraies, submergeant les équipes de construction de propos pacifistes et faisant suffisamment de bruit pour que la Cour Suprême israélienne de Justice décide de changer le tracé du mur. En mars, après une attaque de l’armée israélienne contre un mariage, ouvrant le feu et arrêtant un adolescent, les villageois ont spontanément démonté la barrière érigée avec des fils de fer barbelés à la place du mur. Mais le coût d’une telle action non-violente est élevé : 6 villageois ont été tués et des centaines blessés au cours de représailles de l’armée israélienne contre le combat non-violent des villageois de Budrus.
Actuellement, la résistance est plus active à Bili’in un village de 1600 habitants, lui aussi situé prés de Ramallah, où des manifestations quasi quotidiennes ont lieu depuis février pour s’opposer aux projets israéliens d’annexion de 60% des terres de la commune pour la construction du mur. Avec le soutien de pacifistes internationaux, de militants israéliens solidaires, les villageois ont employé des tactiques type Earth First (tactiques écologiques).Le 4 mai des manifestants se sont enchaînés à des oliviers pour faire obstruction à la destruction d’un verger situé sur le tracé du mur. Le 1er juin, ils se sont bouclés dans un mur factice en face des bulldozers, obligeant les soldats à démanteler symboliquement le mur avant de pouvoir en sortir les manifestants. Ces actions ainsi que d’autres à effet visuel créatif, ont provoqué l’attention des médias mais aussi une répression brutale de l’armée israélienne. Gaz lacrymogènes, balles enrobées de métal, grenades assourdissantes, ainsi qu’un nouveau type d’engin appelé « le cri » utilisant un haut parleur pour diffuser des bruits stridents douloureux, tous ces moyens sont couramment utilisés pour disperser les manifestations qui n’ont pas réussie à faire cesser la construction du mur.
A peu près 1/3 du mur est terminé. 80% de ce mur pénètre en Cisjordanie. La construction se poursuit aussi dans les régions de Jérusalem, Bethléem, Hébron, de même qu’autour du bloc de colonies d’Ariel, situé bien à l’intérieur du nord de la Cisjordanie ; Si le mur est achevé tel que prévu, là et dans la vallée du Jourdain, il annexera 46% des terres de Cisjordanie. On estime à plus de 400 000 oliviers, couvrant l’équivalent de 40% des terres cultivées palestiniennes et qui sont les principales ressources agricoles des villages palestiniens, le nombre d’arbres à avoir été déracinés ces 5 dernières années.
Cet automne promet d’être à nouveau l’objet de mouvements de résistance populaire. La pleine saison de cueillette des olives en Palestine, d’octobre à novembre, verra la présence de nombreux pacifistes internationaux se joindre aux palestiniens pour se confronter aux actions des colons et de l’armée israélienne qui empêchent les palestiniens d’exercer leur droit à la cueillette de leurs récoltes.
{{Article d’Ethan Ganor eco anarchiste juif , anti sioniste israélien diplômé de l’institut d’études environnementales d’Arava en Israël et fondateur du groupe Trees not Walls ( des arbres pas des murs).
Ethan a une dette envers les forêts, celles d’Europe de l’est, où son grand père s’etait réfugié et caché fuyant les nazis, et survivant ainsi à l’holocauste.}}
Il peut être joint à treesnotwalls(at)riseup.net
Plus d’information sur ces actions non-violentes en français notamment pour aider aux cueillettes d’olives
http://www.ism-fr.org
en anglais
http://wwwpalsolidarity.org
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Source de cet article sur le site de planete non violence
http://www.stopthewall.org
Photos copyright www.stopthewall.org
Quel intérêt de valider un texte de septembre 2005 ? Si non détourner une nouvelle fois l’attention sur le seul P.O., alors que des atrocités se commenttent aux 4 coins de la planète ?
c’est très simple :
– cet aspect du conflit est rarement abordé
– les exactions d’Israël sont dénoncées sous un autre aspect
– la voix des Juifs Israéliens qui se battent de l’intérieur est suffisamment rare pour qu’elle ne soit pas occultée ( on cherchera désespérément une telle info dans les médias en France)
Subsidiairement, qu’un anarchiste Juif Israélien fasse connaïtre son combat pour la justice est très intéressant : de prétendus « anarchistes sionistes » ont libre parole ici, tout un programme !
Quand aux autres atrocités qui se commettent ailleurs, je suppose que la personne qui commente à 9h29 milite pour les faire connaitre à l’opinion publique et qu’elle agit contre.