Guettoïsation du milieu anarchiste ?
Catégorie : Global
Thèmes : Archives
20.05.2006 – Proposition de guerre
Texte distributé au 7e Salon du Livre anarchiste de Montréal
Autonomes, anarcho-punks, insurrectionnalistes, végétaliens militants,
queers polysexuels, anti-spécistes, redskins, étudiants post-situ,
nihilistes, alcooliques révolutionnaires, latinophiles, primitivistes
urbains, individualistes, bureaucrates communautaires, anartistes, hippies
perdus, paysans libertaires en exil, petit-bourgeois autogestionnaires,
bref, vous… salut !
Bienvenue à la 7e grand-messe de la crowd anarcissique montréalaise. Nous
en profitons – entre deux ventes lucratives – pour vous sensibiliser au
sujet d’une question latente encore irrésolue : comment rompre le
sempiternel isolement caractéristique de l’anarchisme contemporain ?
Le problème a été exposé à maintes reprises au sein de la plupart des
collectifs. Le ghetto militant est un boulet que nous traînons tous sans
exception, bien que le niveau de responsabilité à cet effet soit inégal,
selon le degré d’idéalisme en présence. La conjoncture actuelle –
largement défavorable il va sans dire – ne peut se renverser qu’à partir
d’un sujet révolutionnaire universel et consciemment élucidé, lequel
permettra de rallier le prolétariat, aussi dépecé soit-il, à notre cause
qui est impérativement la sienne.
Au-delà des divergences politiques ou personnelles omniprésentes, le
confort et la sécurité que nous procurent la communauté et ses différentes
tribus sont les principaux ennemis d’un développement durable du mouvement
révolutionnaire. Nous devons prendre le risque d’exposer publiquement nos
ambitions, certes d’envergure, mais aussi nos polémiques afin de les
conclure définitivement ou bien de les rendre puériles de facto. Arrêtons
de jaser de ces zones grises en catimini avec nos groupes d’affinité
ivrognes. La culture du consensus est un leurre.
L’anarchisme doit délibérément devenir mainstream, ou mourir. Il y a une
mince chance que votre cher papa devienne un acteur de la contestation,
tandis qu’il est pratiquement impossible qu’il se transforme en punk
végétalien autonome. Et admettons que la chose soit probable, quel intérêt
cela aurait-il ?
Le politique est un fait public. Le langage du changement doit être
compréhensible et basé sur du concret. Certaines tendances du mouvement,
comme le primitivisme et l’individualisme, n’y ont pas leur place parce
qu’elles occultent la question de l’organisation, nécessaire à toute
société et en conséquence à tout projet politique rigoureux. Jamais plus
nous ne devons cautionner par omission complaisante la perspective d’un
génocide libertaire ou l’expression politique masturbatoire d’un Moi
burlesque.
La famille anarchiste est dysfonctionnelle; elle remplace celle de nos
géniteurs. L’hypocrisie la plus crasse qui caractérise les familles
traditionnelles est remplacée par une fausse camaraderie. C’est un
phénomène qu’il est grand temps d’aborder de front.
À quoi bon toujours se réfugier dans les sempiternels débats sans réponse,
propres à notre milieu hermétique, quant à l’origine de la domination par
exemple ? Qu’importe. C’est les moyens pour mener une lutte populaire
contre le système qui comptent. Nous sommes écoeurés d’être assimilés à
des imbéciles sans avenir, à des adolescents en révolte ou à des
nihilistes cyniques. Notre routine est inefficace; nous sommes ridicules.
Le mouvement anarchiste est dû pour un grand ménage. Les syndromes de la
contre-culture doivent être liquidés pour se sortir de la pratique
identitaire, gangrène de notre époque si vide. On n’est pas ici pour se
faire des amis, mais pour travailler à la révolution sociale.
« La conjoncture actuelle – largement défavorable il va sans dire – ne peut se renverser qu’à partir d’un sujet révolutionnaire universel et consciemment élucidé »
Ah ben c’est sympa ça, un « sujet révolutionnaire universel », tu veux dire qu’on évacue toutes les minorités qui nous font chier avec leurs revendications pas-prioritaires ? C’est nouveau en plus, je veux dire à part LO/LCR, le PC et toutes les machines marxistes qui les ont précédées, personne n’y avait jamais pensé. En plus le résultat a été sympa, y’a pas à dire. Non sans rire, si c’est ça qu’est dans la tête de ces gens là, et ben on est mal baré-e-s hein.
« Certaines tendances du mouvement, comme le primitivisme et l’individualisme, n’y ont pas leur place parce qu’elles occultent la question de l’organisation, nécessaire à toute société et en conséquence à tout projet politique rigoureux. »
Au moins c’est clair, les cibles sont clairement désignées. Et peut-être ces vilain-e-s insurectionnalistes (non non, y’en a pas qu’en Italie) qui sont pas fichu-e-s de comprendre que les braquages, attentats et autres pratiques anachroniques n’ont pas leur place dans un mouvement « respectable » ? Même pas fichu-e-s d’être « rigoureux » en plus. Et pis si ça se trouve, y’en a même parmi ces gens là qu’on pas de « projet politique ». Vous vous rendez compte, illes veulent même pas sauver la terre avec un n-ème délire que la vie elle sera plus belle que jamais quand tout le monde s’y sera plié-e !
« Notre routine est inefficace ; nous sommes ridicules. »
C’est sûr qu’en se transforment en activistes révolutionnaires, ça va s’arranger.
« Le mouvement anarchiste est dû pour un grand ménage. »
Hihi, y’a des gens qui s’y croient vraiment hein.
« On n’est pas ici pour se faire des amis, mais pour travailler à la révolution sociale. »
Ca tombe bien, avec ce genre de textes et de « réflexions », vous risquez pas de vous en faire beaucoup des ami-e-s. Par contre, c’est pas dit que votre « révolution sociale » elle y gagne.
« L’anarchisme doit délibérément devenir mainstream, ou mourir. »
Ben crève, charogne !
Ouais c’est ca, devenons « mainstream », adoptons les languages officiels. Vous lisez acrimed ou indy? Pourquoi poster ca ici alors, c’est pas tres mainstream ca. Vous savez ce que ca implique de devenir « mainstream »?
A quoi bon decrier les divisions internes et debats steriles si c’est pour cracher sur des camarades?
Z’avez qu’a aller a la LCR, vous y serez bien, mainstream et tout…