A propos d’une interpellation citoyenne du conseil d’etat
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Même si les médias conventionnels ne semblent pas souhaiter répandre l’information, on apprend par Indymedia Paris, voir par exemple:
que, le vendredi 7 avril, « le 9ème Collectif de sans-papiers et les étudiants en lutte de Paris et ailleurs » ont « interpellé le Conseil d’Etat » sur « le caractère inhumain et le type de société que préfigurent la loi sur “l’égalité des chances”, le CNE, le projet de loi sur l’immigration (CESEDA), la circulaire du 21 février 2006, les rafles et les centres de rétention…»
Il leur aurait été répondu, d’après la même source, que: « le rôle [du Conseil d’Etat] était de se prononcer sur le plan juridique et non sur le contenu desdites lois ». On peut, avec tout le respect dû à la haute magistrature, émettre des réserves par rapport à cette réponse.
En effet, l’article L. 112-3 du Code de Justice Administrative précise notamment que:
« Le Conseil d’Etat peut, de sa propre initiative, appeler l’attention des pouvoirs publics sur les réformes d’ordre législatif, réglementaire ou administratif qui lui paraissent conformes à l’intérêt général. »
et, par conséquent, il semble bien que le Conseil d’Etat puisse valablement se saisir de toute interpellation citoyenne sur le plan de l’intérêt général. En l’occurrence, la situation d’ensemble qui s’est créée avec le CPE, la loi dite “sur l’égalité des chances”, le CNE et d’autres mesures récentes, y compris la loi sur la recherche et toute une série de dispositons “sectorielles” jusqu’à l’apprentissage, est telle qu’on peut difficilement nier qu’il en va de l’intérêt général dans le pays. Il aurait pu être salutaire qu’une instance officielle extérieure au monde politique apporte un point de vue après avoir écouté les citoyens.
Mais, malgré la séparation des pouvoirs théorique, force est de constater qu’on peut difficilement considérer le Conseil d’Etat, tel qu’il est actuellement, comme “extérieur au monde politique”. En réalité, ses membres sont souvent très directement liés à la “classe politique” qui depuis trois décennies gouverne le pays en “alternance” imposée par des sanctions électorales citoyennes successives.
On peut lire sur la site de l’Académie une biographie de l’actuel Vice-Président (la plus haute autorité) du Conseil d’Etat, Renaud Denoix de Saint Marc:
Un texte qui nous apprend, notamment, à propos de cette personnalité, que :
« Après avoir été directeur adjoint du Cabinet du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux (de 1978 à 1979) – à l’époque, Alain Peyrefitte – il assuma la charge de directeur des Affaires civiles et du Sceau de 1979 à 1982. De 1983 à 1986, il reprit ses anciennes fonctions de commissaire du gouvernement près l’Assemblée du contentieux, au Conseil d’Etat. Nommé Conseiller d’Etat en 1985, il fut secrétaire général du Gouvernement de 1986 à 1995 et vit ainsi se succéder à Matignon cinq Premiers ministres. »
C’est donc un ancien secrétaire général du Gouvernement, qui a vu « se succéder à Matignon cinq Premiers ministres », qui exerce la plus haute fonction au sein du Conseil d’Etat depuis 1995. Ce n’est qu’un exemple, entouré d’anciens ministres et conseillers de ministres, anciens directeurs d’établissements publics ou porte-paroles d’autorités politiques, anciens parlementaires, personnalités politiques en activité… comme nous l’avons souligné dans un texte précédent:
On peut pourtant concevoir un projet institutionnel où, notamment :
– au lieu de constituer une sorte de reservoir d’emplois pour le monde politique, l’entité assumant les responsabilités qui reviennent au Conseil d’Etat en soit véritablement indépendante; qu’elle émane beaucoup plus directement des citoyens et du monde du travail, avec l’aide de spécialistes indépendants ;
– l’ENA et Sciences Po disparaissent pour laisser la place à une autre conception, plus proche des citoyens, accessible à tous et basée sur d’autres critères, de l’apprentissage et l’exercice de l’administration, de la justice administrative et de la gestion du pays.
Curieusement, de telles initiatives qui renconteraient sans doute un écho électoral favorable, ne font pas partie des propositions des partis politiques. On se demande pourquoi.
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Et dans le contexte “européen”, c’est encore pire. La Cour Européenne des Droits de l’Homme est également très liée au monde politique et rejette la grande majorité des recours par une lettre type dépourvue de toute motivation circonstanciée.
Nommé en avril 1995, juste avant la victoire électorale de Chirac, l’actuel Vice-Président du Conseil d’Etat semble avoir été une “relation” de François Mitterrand. D’après l’ouvrage “La main droite de Dieu”, Seuil 1994, ce dernier entretenait d’excellentes relations avec le général Salan et d’autres anciens du coup d’Alger dont il avait même été témoin de la défense à la demande de son ami Tixier-Vignancour.
D’après Wikipédia, Renaud Denoix de Saint Marc est le neveu de Hélie Denoix de Saint Marc, appelé Hélie de Saint Marc, sur lequel ont peut lire à l’adresse
à propos du putsch d’Alger de 1961 :
” Dans la nuit du vendredi 21 avril 1961, le 1er REP (Régiment étranger de parachutistes) sous les ordres d’Hélie Denoix de Saint-Marc s’empare, à Alger, du gouvernement général , de l’hôtel de ville, de l’aéroport … En trois heures la ville est aux mains des putschistes…”
D’après La Croix,
“Mis au ban de la société en 1962, gracié en 1966, amnistié en 1968, réintégré dans son grade de commandant, [Hélie Denoix de Saint Marc] a été élevé depuis à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur. « À titre militaire et au titre de l’Algérie » “…