Salut,
j’étais à La Rochelle mardi quand les projections ont été interrompues et j’ai participé au débat qui a suivi, mais j’ai du ensuite quitter la ville. J’ai appris depuis qu’un forum avait lieu chaque jour, je vous fait part donc de ce que je n’ai pas pu dire mardi au « peuple de gauche » qui pleure ses festivals. Je précise que, comme la moitié des gens présents dans la salle, je suis prof.
Les gens de droite au pouvoir et toute leur clique (medef etc.) sont des enfoirés de première, mais ce n’est pas une surprise et ils ne seraient pas dangereux si la gauche était à la hauteur. Pourtant des gens luttent : quelques personnels de l’éduc nat depuis octobre, mais surtout en mai-juin et les gens du spectacle depuis février mais surtout en ce moment. Les profs n’avaient pas osé bloquer le bac et ils se sont fait avoir. Les intermittents osent bloquer les festivals et qui proteste ? La droite, pour la forme, mais surtout les gens qui sont « à 1000% avec vous ».
Cette gauche intellectuelle qui va voir les documentaires de Philibert, les films de Ken Loach, qui milite parfois à attac : des spectateurs engagés quoi. Ils ont aujourd’hui l’occasion d’etre non plus spectateurs mais acteurs de la lutte et alors là c’est le scandale : vous leur enlevez leur petits films, vous leur gachez leur plaisir de spectateur. Il est plus important pour eux de voir un western d’Anthony Mann que de lutter contre un gouvernement qui glisse vers la dictature. Ils essaient de se justifier en disant que vous les emmerdez eux mais pas le gvt, que le festival de La Rochelle représente votre combat et que vous feriez mieux d’aller emmerder les prolos qui vont au multiplexe pour que eux puissent tranquillement rester spectateurs. Dans leurs conversations très engagées, ils dénigrent disneyland, mais ils oublient qu’ils vivent dans un monde tout aussi néfaste : boboland. Car tous ces bobos qui devraient entrer dans la lutte restent de sempiternels spectateurs. Au lieu d’etre 20 millions dans les rues, de tout bloquer pour faire face à la dictature, ils vont voir des films! Les prolos n’ont qu’à y aller à leur place, sauf que les prolos ont peur car ils sont de plus en plus en situation précaire alors que le bobo pourrait consacrer ses loisirs à la lutte le temps d’un été et « sacrifier » ses petits plaisirs de spectateur.
Continuez donc à interpeler les bobos là où ils se cachent, dans les festivals, pour les mettre en face de leurs responsabilités. Il faudrait qu’ils mouillent un peu leur chemise Kenzo. Quand la droite entend le mot culture, elle sort son pistolet, mais que fait la gauche ?