De : Frédéric Cherki [mailto:cherkif@free.fr]
Envoyé : dimanche 16 octobre 2005 21:43
À : Collectif Enfants Etrangers
Objet : Matinée d’actions solidaires dans 5 écoles de Nantes et de la périphérie

Bonsoir,

Un petit mot pour faire un premier point rapide de l’action dans les écoles hier matin. On peut dire que la mobilisation a été réussie. Jugez plutôt :
Stalingrad, une soixantaine de personnes mobilisées autour des familles concernées. Faut-il rappeler qu’une des familles de Stalingrad se retrouve sans solution de logement à partir de ce soir.
Même mobilisation à Henri Bergson où en plus des parents d’élèves de l’école et des citoyens venus exprès poour l’occasion signer la pétition, une bonne dizaine de parents de l’école Louise Michel étaient venus prêter main forte à la famille de Vladas qui, si rien ne se passe d’ici là, rejoindra les autres familles à la rue le 25 octobre.
Une quarantaine de personnes se sont relayées à l’école Sully autour de la famille de Véra et Philippe dont l’hébergement en hôtel depuis plus d’un mois repose toujours sur la solidarité des parents d’élèves et enseignants. A noter que toute la journée de samedi, les mêmes parents d’élèves se sont relayés autour d’un stand solidaire lors du vide grenier du Quai de Versailles.
D’après Emmanuelle, la mobilisation a été honorable pour une première au Plessis Gautron où les caméras d’M6 et les journalistes de Presse Océan avaient fait le déplacement. La solidarité s’organise auprès de la famille concernée par la menace d’expulsion imminente.
Pas de nouvelles en revanche de l’école René-Guy Cadou (j’ai en vain cherché à joindre et Marie-Hélène et Mehdi). A suivre.

A cet effet, je rappelle l’importance de la réunion de maercredi prochain à 18 h 30 au premier étage de la Manu pour faire le point avec des représentants de la vingtaine d’établissements concernés et envisager la poursuite d’une mobilisation qui pourrait bien être relayée dès demain par les lycées de Saint-Sébastien, de Leloup-Bouhier, d’Arago et du lycée Audubon).

Je joins à ce courrier une copie de l’article paru hier matin dans Ouest-France, suite à notre participation remarquée au Carrefour des Citoyens de la Place Zola. Il semblerait toutefois que nos arguments n’aient pas suffi à convaincre le maire de Nantes de s’engager encore plus courageusement dans la défense et la protection effective des enfants à la rue dans la « ville amie des enfants ».

Bonne semaine à toutes et tous. Restez à l’écoute d’éventuels appels à soutenir l’action des lycéens en début de semaine.

Amitiés,

Frédéric CHERKI
Parent d’élèves scolarisées à l’école Louise Michel à Nantes
Membre du Collectif Enfants Etrangers Citoyens Solidaires

samedi 15 octobre 2005

Débat autour du drame des sans-papiers

Près de 400 personnes participaient au carrefour des citoyens place Zola

Le débat sur « Vivre ensemble à Nantes », jeudi soir, a vite été accaparé par la question des sans-papiers. Sur ce sujet qui touche de plus en plus de personnes, le maire Jean-Marc Ayrault a dû s’exprimer.

Le drame humain des sans-papiers a ressurgi dès le début du débat, jeudi soir, au carrefour des citoyens, place Zola. « La situation devient dramatique. Je demande à tous les parents d’élèves de nous rejoindre, samedi, pour soutenir les familles qui vont se retrouver à la rue », lance Frédéric Cherki, porte-parole du collectif Enfants étrangers citoyens solidaires. Interpellé sur sa politique, Jean-Marc Ayrault répond qu’il est « anormal de laisser attendre ces familles un an voire plus pour les débouter du droit d’asile ensuite ». Selon le député-maire, une cinquantaine de familles se trouvent en situation irrégulière à Nantes. « Nous essayons d’intervenir pour chaque famille dans cette situation. Mais en même temps, il faut être honnête, on ne peut pas régulariser tous ceux qui arrivent en France », ajoute le député-maire.

Lycéen sans papier

Une enseignante de Leloup-Bouhier prend la parole : « Nous avons au lycée un élève majeur, guinéen, débouté du droit d’asile. Il était torturé dans son pays. Sa compagne doit accoucher bientôt. Pouvez-vous intervenir auprès du préfet ? », questionne-t-elle. L’équipe éducative du lycée, rassemblée en collectif, refuse que ce jeune Guinéen se retrouve à la rue. Jean-Marc Ayrault assure qu’il fera le nécessaire. À Nantes, trois jeunes sont dans cette situation. Le député-maire s’élève contre « ces passeurs qui profitent de la situation. Je réagirai toujours contre ce trafic d’humains ».

Une femme d’origine kurde, en France depuis dix-huit ans, juge « trop facile d’attaquer les passeurs. Vous êtes un maire de gauche. Vous devez comprendre. Quand j’ai quitté mon pays, c’était un voyage vers l’espoir. C’est déjà déchirant de quitter ses enfants, ses parents… Alors, les passeurs, on en a besoin. J’étais prête à tout pour venir en France. Y compris à me prostituer. »

Le débat, sur le fil du rasoir, oscille entre colère de certains habitants et sentiment d’injustice face à la misère du sud. Chaque fois, le maire de Nantes répond d’une manière mesurée, sereine. L’animateur tente de ramener le débat au sujet du jour, « comment vivre ensemble ». Kalomé, habitant des Dervallières, avoue être à Nantes depuis dix ans. « On me demande toujours d’où je viens et si je compte rentrer chez moi. » Réagissant à l’enquête de la Ville qui dit que 60 % des habitants ont de bonnes relations de voisinage : « C’est surtout, pour beaucoup, une simple absence de conflit. »

Des habitants, à qui on a demandé de témoigner, racontent leur expérience de vie de quartier, avec des fêtes de rue et derrière tout ça, des solidarités qui s’expriment, des solitudes atténuées. Un homme interpelle Jean-Marc Ayrault sur l’objectif du candidat Jospin en 2002 : « Zéro SDF ». Des composantes du « vivre ensemble », pas forcément prévues au programme.

Vanessa RIPOCHE.

Frédéric CHERKI