Les arguments utilisés pour motiver le maintien en détention de l’ex-militante d’Action directe sont « aberrants », estime son avocat Me Jean-Louis Chalanset.

Le même jour, les trois mêmes magistrats qui ont accepté la demande de libération conditionnelle de Lucien Léger l’ont refusé pour Nathalie Ménigon, s’appuyant sur quatre pages d’arguments « aberrants », selon Me Jean-Louis Chalanset, conseil de l’ex-militante d’Action directe. Le tribunal de l’application des peines d’Arras a suivi l’avis du parquet qui réclamait le maintien en détention, le 20 juin dernier, dans la prison de Bapaume (Pas-de-Calais), où Nathalie Ménigon, quarante-huit ans, est incarcérée. Le parquet avait non seulement mis en avant les failles du projet de réinsertion, mais également, ce qui est loin d’être un raisonnement juridique, son absence de repentir.
_ « On estime qu’elle est trop malade pour travailler, mais pas assez pour sortir de prison. C’est une totale absurdité, dénonce Me Chalanset. Cette décision n’est motivée que pour des raisons politiques, nous allons interjeter appel. » Et d’égrener « le verbiage » qui a conduit à la décision : son projet de travail en tant que paysagiste n’est pas abouti car elle n’a pas donné son emploi du temps et le nombre d’heures de travail. Si elle est trop malade pour travailler, elle n’a pas de projet de soins à l’extérieur. Pour mémoire, l’enquête concernant ce même projet de sortie avait été jugée positive dans le cadre de la suspension de peine, qu’elle réclame en raison de son hémiplégie consécutive à deux accidents cérébraux.
_ Pire, les magistrats fondent leur décision sur le fait que « la médiatisation de la revendication des faits commis, à laquelle Mme Aubron Joëlle (libérée suite à son cancer du cerveau en juin 2004 – NDLR) se livre, constitue une preuve supplémentaire que les droits des victimes ne sont pas respectés ». « On croit rêver, fustige Me Chalanset. Sous prétexte d’une revendication collective des anciens d’AD, ce que dit Joëlle Aubron vaut pour Nathalie Ménigon et, in fine, lui est reproché. » Du côté du collectif Ne laissons pas faire, la colère n’est pas moindre. Alain Pojolat, sur la question du repentir, interroge : « Les juges ont-ils demandé, quand ils ont libéré Maurice Papon, s’il se repentait d’avoir envoyé des enfants juifs vers les camps de la mort ? »