[Prisons Chiliennes] Face à la grève de la faim dans la taule de Rancagua : communiqué de la compagnonne anarchiste Mónica Caballero Sepúlveda

Mots de Mónica Caballero en solidarité avec la mobilisation et la grève de la faim des prisonniers subversifs et anarchistes transférés dans la taule-entreprise de Rancagua

Les derniers jours de la première semaine de juin, la Gendarmerie de Chile (Genchi) a réalisé un transfert massif de prisonniers de la prison de haute sécurité (CAS) vers la taule de Rancagua, capitale de la région de O’Higgins, à des kilomètres au sud de Santiago.

Parmi ces détenus se trouvent les Anarchistes et Subversifs : Juan Aliste Vega, Marcelo Villarroel, Mauricio Hernández Norambuena, Juan Flores, Joaquín García et Francisco Solar.

Le transfert de ces prisonniers est motivé par les changements dans l’infrastructure de la CAS qui devraient durer environ un an. Une fois les travaux terminés, les prisonniers seront renvoyés dans cette prison selon les informations données par la GENCHI. Entre-temps, mes compagnons seront éloignés de leur environnement affectif et politique. De cette manière, on punit non seulement le prisonnier mais aussi ses ami-e-s, ses compagnon-ne-s et sa famille.

De plus, il est important de souligner que sur le territoire dominé par l’État Chilien il n’est pas permis de circuler librement entre régions à cause des mesures de prévention de la contagion du Covid 19.

Dans la région Métropolitaine, il y a plus de trois prisons dans lesquelles mes compagnons auraient pu être placés, peut-être les puissants ont-ils profité de ce transfert pour les isoler et les ségréguer davantage ou peut-être aucune de ces prisons proches ne remplit-elle les conditions de sécurité imposées pour la surveillance de détenus à haut risque, ou c’est peut-être tout simplement une autre forme de vengeance.

Le transfert peut être justifié par cet argument ou d’autres encore, mais ce qui en revanche est clair, c’est qu’aucun mouvement du pouvoir n’est hasardeux. Tout changement dans l’infrastructure carcérale, de même que les transferts de prisonniers, doivent nécessairement être réalisés avec prudence et précision.

D’ailleurs, les éventuels changements effectués dans la prison de haute sécurité ne peuvent rien augurer de bon pour les enfermés. Je pourrais faire d’infinies spéculations sur les possibles nouvelles mesures de contrôle et je serais peut-être encore loin du compte.

Pour prévoir ce qui pourrait changer dans la CAS, il faut prendre en compte que cette prison n’est pas et n’est pas née comme n’importe quelle autre, la CAS est la prison de la Démocratie. Elle a été pensée selon les modèles allemand et irlandais dans la lutte contre les organisations révolutionnaires.

En 94, elle a été inaugurée comme un bon complexe pénitentiaire inédit dans lequel il s’est agi d’imposer régime interne strict incluant des parloirs avec hygiaphone, une heure de promenade, entre autres choses.
De plus, la prison est pratiquement imperceptible de l’extérieur ce qui assure un meilleur isolement et l’invisibilisation de son existence.

Dans une autre perspective, il n’est pas clair dans quelles conditions carcérales ni dans quel régime seraient les prisonniers transférés. La prison de Rancagua est sous gestion privée, cela veut dire qu’une grande partie de son fonctionnement dépend d’entreprises extérieures à la différence de la CAS qui dépendait presque entièrement d’entités étatiques. Cela se traduit entre autres par exemple par le fait que la nourriture de la prison est fournie par une entreprise privée comme la sodexo qui ne pourvoit pas aux conditions nutritionnelles les plus minimales. A cela vient s’ajouter que dans les prisons sous concession l’entrée de colis par des ami-e-s et des proches est restreinte pour pratiquement tout type d’aliments, de livres, etc.

Actuellement, tous les prisonniers transférés sont maintenus en cellule 24h/24 et cela doit durer quatorze jours sous prétexte de l’épidémie de Covid, mesure complètement injustifiée vu qu’ils n’auront aucun contact avec aucun autre prisonnier n’étant pas dans leur module, qu’ils n’auront pas de contact avec le reste des détenus. Face à cette situation d’isolement total et de nouveau régime carcéral, les prisonniers ont commencé une grève de la faim incluant l’absorption de liquides, pour exiger la fin des conditions d’enfermement absolu et des améliorations de leur qualité de vie.

Parmi les prisonniers mobilisés, il y a les compagnons anarchistes et subversifs qui, à peine un mois après avoir terminé une grève de la faim de cinquante jours, risquent de voir leur état de santé se compliquer.
Avec ces mots, je lance un appel à toutes les individualités et collectifs anti-carcéraux, antagoniques, anti-autoritaires à faire attention à la situation des compagnons anarchistes et subversifs transférés à la prison de Rancagua, nos compagnons emprisonnés ne peuvent jamais se sentir seuls.

Main ouverte au compagnon
Poing fermé pour l’ennemi.
Solidarité active et combative.

Mónica Caballero Sepúlveda, prisonnière Anarchiste.
Premiers jours de juin de 2021