Surfer sur les vagues COVID.

Samedi 10 avril prochain, Les Patriotes Vendée appellent à un rassemblement à La Roche-sur-Yon contre ce qu’ils appellent « la folie sanitaire ». Bien plus qu’un moyen de se refiler le Covid entre eux (ils sont anti-masques), c’est surtout le moment de profiter de l’anxiété générée par la crise sanitaire.

Faire son beurre avec la peur, une vieille recette de l’extrême-droite.

Depuis plusieurs semaines, Les Patriotes cherchent à catalyser autour d’eux les personnes qui sont contre les mesures gouvernementales concernant la crise sanitaire, certains allant jusqu’à en nier l’existence dans un grand foutoir complotiste. C’est même à se demander s’ils ne veulent pas que la crise dure, tant ils profitent de ce climat anxiogène alimenté à grands coups de couacs et d’amateurisme par le gouvenement. Florian Philippot, chef du parti Les Patriotes (ancien n°2 du Front National) mise ainsi tout sur la contestation des mesures sanitaires contre un peu de lumières médiatiques.

Ainsi, il n’a pas hésité à venir en ami au (minable) rassemblement de Génération identitaire, organisé avant la dissolution du groupuscule néofasciste, et à y prendre la parole. Rebelote à Nice, en février dernier, où le même Philippot n’a pas hésité à se mélanger avec des néonazis, des Gilets jaunes conspirationnistes et, même, des antisémites notoires.

Comme un poison dans l’eau.

En Vendée, Thierry Noirtault est un antisémite des Sables-d’Olonne, bien connu, qui, depuis peu, s’est rapproché des Patriotes Vendée. Il relaie leur propagande via Facebook et les pages des Gilets jaunes de Vendée, dont celle des Sables-d’Olonne qu’il administre.

Thierry Noirtault s’est fait connaître le 11 janvier 2015 lors d’une manifestation de soutien après les attentats du 7 Janvier. Au rassemblement des Sables-d’Olonne, il est conspué par la foule qui remarque avec dégoût que la pancarte brandie par Noirtault affiche un nauséeux « Je suis Kouachi » (ndlr : du nom des deux frères qui ont massacré la rédaction de Charlie Hebdo).

Coïncidence ? Je ne crois pas…

Il sera poursuivi pour apologie du terrorisme pour sa pancarte « Je suis Kouachi ». À l’époque, ils sont peu nombreux à le soutenir, hormis ses « amis idéologiques » parmi lesquels on retrouve les soutiens à Dieudonné ou encore le site Égalité et Réconciliation d’Alain Soral. Site qui, en plus de publier plusieurs articles de soutien à Noirtault, enverra l’avocat de Soral s’occuper personnellement de son affaire !

Trois jours plus tard, Dieudonné est arrêté pour avoir dit « Je suis Coulibaly » (ndlr : du nom du terroriste antisémite de l’Hypercasher). En soutien à cet « ami idéologique », Thierry Noirtault ira au commissariat des Sables-d’Olonne pour se dénoncer car lui aussi pense comme Dieudonné.

Annoncé via Facebook, ce déplacement sera accueilli par les flics avec une garde à vue non prévue à la clé. Le tout, suivi d’un procès.

En 2016, Thierry Noirtault a tenté de « s’occuper » du mouvement Nuit debout à La Roche-sur-Yon, ainsi qu’aux Sables d’Olonne et à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Tentative avortée du fait de sa personnalité clivante qui a vite dissuadé certain(e)s de participer aux agoras nuit-deboutistes.

Récemment la page Facebook Nuit debout Vendée – La Roche-sur-Yon n’hésitait pas à relayer les actus des Patriotes Vendée, tout en appelant à rejoindre les manifestations progressistes dans une grande confusion. A noter que l’appel au rassemblement des Patriotes Vendée pour ce samedi 10 avril a été supprimé suite – semble-t-il – à plusieurs commentaires hostiles à cette publication.

Cet échec personnel de Nuit debout n’empêchera pas Noirtault de noyauter une autre contestation qui donnera naissance au mouvement des Gilets jaunes et l’occupation des ronds-points : la contestation contre l’abaissement à 80km/h de la vitesse sur les routes départementales. Mais pas n’importe quels Gilets jaunes : ceux qui, dès le début du mouvement, ont profité d’un certain fouillis idéologique pour infuser leurs idées conspirationnistes et xénophobes, au contraire des Gilets Jaunes sincères qui, eux, portaient des idéaux d’égalité sociale mus par des avancées sociétales et pour une meilleure répartition des richesses.

Comme à son habitude, Noirtault en a profité pour étaler ses opinions antisémites. On se souviendra de ce premier week-end de mobilisation à La Roche-sur-Yon où l’on pouvait lire, sur le rond-point des Etablières, une pancarte brandissant : « Faurisson avait raison » ainsi qu’une annotation relative à Étienne Chouard (voir photo 1). Cette pancarte a bien été revendiquée par des négationnistes des camps de la mort nazis. Dans une émission sur le mouvement des Gilets Jaunes de Dsibel WebRadio, diffusée en mars 2019, il se présente comme apolitique, une étiquette bien pratique quand on veut cacher ses vraies opinions politiques.

De nombreux témoignages confirment également la présence de nombreux antisémites venus cracher leur haine des Juifs dans les manifestations des Gilets jaunes. Preuve, s’il en est, qu’ils ne comprennent décidément rien au fonctionnement d’un monde compliqué et qu’il est plus facile de trouver des boucs émissaires que de se rendre compte que le capitalisme n’a pas de religion ni de couleurs de peaux.

Parmi les « amis idéologiques » de Thierry Noirtault, on retrouve le néonazi Vincent Reynouard, qu’il soutient ouvertement et qui s’est fait connaître pour ses écrits niant le massacre de Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944. Ecrits qui lui ont valu de multiples condamnations.

Pour boucler la boucle, Rony Guillermo – le vidéaste du site « S’informer Actualités 85 » est à minima « conservateur », selon ses propres dires puisqu’il roule pour Les Patriotes Vendée -, a récemment réalisé une « interview entre potes » de Thierry Noirtault lors du rassemblement complotiste du 20 mars 2021 à La Roche-sur-Yon. Thierry Noirtault y prendra le micro en tant que Gilet jaune ami des organisateurs. Un rassemblement organisé par « Réinfo Covid Vendée » (Jérôme Souchet), « Bon Sens » (Yves-Marie Groussin) et le collectif anti-masques « Rendons le sourire aux enfants » (Raphaëlle Auclert).

Autant d’occasion pour Noirtault de sortir, en toute complaisance, son discours complotiste.

Tous en boîte derrière Les Patriotes.

Nouvelle preuve que Les Patriotes Vendée fédèrent autour d’eux une partie de l’extrême-droite et autres complotistes, le 27 mars dernier, ils ont organisé avec leur adhérent vidéaste Rony Guillermo une réunion sur la terrasse de la boîte de nuit de la côte sud des Sables-d’Olonne Le Refuge (ex Malibu). Une réunion qui avait pour thème le souverainisme. Les invités étaient des anciens et nouveaux amis de circonstances des Patriotes Vendée. On retrouve donc au carré VIP : Christophe Rousseau (Les Patriotes Vendée), Raphaëlle Auclert (Collectif 85 – Enfants sans masques), Didier Chabaillé (Debout la France), Alain Parisot (Génération Frexit), Emmanuel Gallet (Alliance du Peuple) et Stéphanie Guillet (Concorde 17.11).

Qui sont ces VIP ?

*Concorde 17.11 : parti politique crée par des Gilets jaunes, populiste, anti UE. Stéphanie Guillet habite Montaigu, elle est la représentante Pays de la Loire du parti.
*Alliance du peuple : collectif né des Gilets jaunes à tendance complotiste avec comme référent nationale Jean-Marc Ermann, un névrosé complotiste de Lorraine.
*Debout la France : parti présidé par Nicolas Dupont-Aignan, pas la peine de présenter cet illuminé d’extrême-droite. Le représentant Vendée de Debout la France est Didier Chabaillé, de Saint-Hilaire-de-Riez où il s’était présenté sur la liste des municipales avec le Rassemblement National avec Jean-Patrick Fillet. Ancien CRS et membre du Front National, Chebaillé s’est fait connaître dans une sulfureuse histoire de document confidentiel des attentats du 13 novembre 2015 donné illégalement au FN : https://www.lexpress.fr/actualite/societe/l-etonnante-promotion-d-un-sulfureux-crs_1995416.html
*Collectif 85 – Enfants sans masques : groupe de personnes tenu par Raphaëlle Auclert. Cette militante d’extrême-droite, complotiste, catholique-intégriste, cumule. Elle est chargée de cours sur la Russie à l’ICES, pro-poutine, elle intervient sur Sputnik TV. Elle a son rond de serviette à radio Athéna, la radio de l’autoproclamé raciste Henry de Lesquen. Elle se revendique ethnodifférencialiste et se montre favorable à la ré-émigration. Pour les plus téméraires vous l’entendrez
– entre autres – dégueuler sa bêtise sur les personnes noires comme les Black Lives Matter et ce qu’elle appelle le « gang Traoré » : https://www.youtube.com/watch?v=3SgWJKV_RC8
*Génération Frexit : parti créé en 2020 d’une scission de l’UPR du complotiste d’extrême-droite Asselineau. Ici représenté par Alain Parisot, venant de Nantes et représentant régional de Generation Frexit et soutien sans faille des Patriotes, avec qui les atomes crochus les pousseront sûrement à l’union.
*Les Patriotes Vendée : les hôtes de cette réunion que nous avions déjà présentée ici : https://www.facebook.com/161LRB/posts/233043851785942. Ce jour-là, c’est Christophe Rousseau qui est mis sur le devant de la scène à la place d’Oksana Lechartier.

Alliance et te nique ?

Pour exister hors de leurs petits pré-carrés, les partis politiques d’extrême-droite (Les Patriotes, Debout la France) n’hésitent plus à s’allier à des groupuscules et autres individualités sclérosés par la crise sanitaire, se repliant dans une dimension identitaire, comme si les frontières étaient une bulle de protection étanche et une solution à tout. Une manipulation, à l’évidence, orchestrée et entretenue par ces charlatans de la politique qui détournent les citoyens des vrais problèmes engendrés par cette crise sanitaire et des solutions collectives à y apporter. Seule la lutte contre le capitalisme, la lutte pour une écologie radicale et une solidarité entre les peuples apportera des solutions à un monde en crise et pas que du Covid.

Il est important d’informer sur ces partis, groupuscules et individus. Ils profitent de cette crise pour grossir les rangs de l’extrême-droite. Ne soyons pas dupes, tout anti-masques qu’ils sont : ils avancent à visage découvert.

(1) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Faurisson, https://www.lejdd.fr/Politique/comment-etienne-chouard-est-devenu-la-coqueluche-des-gilets-jaunes-3824231