Désintérêt honteux des groupes de gauche pour le rassemblement contre l’islamophobie
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Immigration/sans-papierEs/frontieresRacismeRépressionResistances
Lieux : Lyon
L’islamophobie et les délires sécuritaires de l’État et sa police sont deux problèmes aussi graves l’un que l’autre, liés et indissociables. Pourquoi les militant-e-s lyonnais-e-s n’accordent de l’importance qu’au second ?
Certainement pas pour des raisons pratiques : Bellecour-Foch, c’est 5min de métro, 15min à pied. Il était possible de participer aux deux événements, mais la plupart des groupes militants ont sciemment préféré n’en choisir qu’un seul.
À Bellecour, les organisateur-rices ont appelé à rejoindre le cortège de Foch. Au micro, des personnes directement concernées par l’islamophobie ont pris la parole pour dénoncer les violences policières, les violences de l’État et les violences de notre société raciste. Plusieurs d’entre elles se sont excusées de parler trop longtemps auprès des personnes qui partaient ensuite à la manif de Foch, qu’elles ont d’ailleurs appelé à rejoindre. Pas sûr qu’en même temps à Foch quelqu’un ait demandé d’attendre un peu celles et ceux qui arrivaient de Bellecour avant de démarrer, ni même que quelqu’un se soit juste soucié d’afficher une solidarité avec le rassemblement de Bellecour.
C’était la même chose il y a deux semaines avec la marche contre les CRA, qui a rassemblé quelques centaines de personnes, avant de rejoindre la marche des « libertés » où il y avait plusieurs milliers de participant-e-s. Quelques centaines pour soutenir des personnes prisonnier-e-s parce qu’étranger-e-s avec les mauvais papiers, mais des milliers pour aller marcher au côté de partis politiques (qui utilisent ce mouvement uniquement pour préparer les prochaines élections) et de syndicats de journalistes (présents surtout dans une perspective corporatiste). Même si ces groupes n’ont pas la main sur tout le mouvement contre la loi sécurité globale, ils l’utilisent, l’instrumentalisent, tentent de monopoliser la parole contestataire (et ils y arrivent dans une certaine mesures).
Pourquoi donc ce mouvement-là attire plus l’intérêt des militant-e-s ? On ne va pas se mentir, c’est que dans nos milieux pseudo « anti-autoritaires », il y a un grave mépris pour les luttes anti-islamophobie, anti-xénophobie et anti-carcérales. Ou alors c’est du culte de l’émeute, parce qu’effectivement le rassemblement contre l’islamophobie et la marche anti-CRA étaient moins offensifs vis-à-vis des flics que les marches des libertés. Mais ça ne veut pas dire moins radicaux, ni moins déterminés à changer profondément les choses. Et si on veut être des allié-e-s de toutes les luttes anti-oppressives, on doit respecter les méthodes choisies par les premier-e-s concerné-e-s et les soutenir. Sinon, c’est qu’on est du côté des oppresseur-euses.
Une immense majorité des militant-e-s lyonnais-e-s hiérarchisent les luttes. Ce sont les mêmes qui parlent à tout-va de convergence, de soutenir les personnes racisées, les victimes d’oppressions, de soutenir les luttes dans les quartiers populaires ou celles des sans-papiers. Mais quand ces personnes s’organisent par elles-mêmes, il y a plus personne pour les soutenir.
Ce samedi, plusieurs militant-e-s contre l’islamophobie à Bellecour ont pris la parole pour dénoncer ce désintérêt honteux voire complice des groupes gauchistes. Les quelques militant-e-s qui n’étions pas directement concerné-e-s par l’islamophobie et venu-e-s en tant qu’allié-e-s, auxquel-le-s j’appartiens, on avait honte. Honte d’appartenir à un milieu qui se fiche du sort des personnes musulmanes ou assimilées musulmanes. Honte de voir que la plupart des groupes avec qui on lutte depuis des années sur de nombreux fronts (sur lesquels des personnes concernées par l’islamophobie participent et soutiennent en nombre), ne jugent pas utile de s’investir dans cette lutte-là.
Au micro, les organisateur-rices ont appelé toutes les personnes présentes à mobiliser contre l’islamophobie. D’où ce texte, pour secouer toutes les personnes qui ont la prétention de combattre les oppressions. Au prochain appel, il va falloir se bouger et se ramener en nombre, et écouter les premier-e-s concerné-e-s, pour apporter le soutien que mérite cette lutte contre un problème aussi grave et dangereux que l’islamophobie.
Va falloir qu’on se réveille et qu’on se remette en question sérieusement. Parce que pour l’instant, ce « milieu » et ses positions, vraiment, ça dégoûte.
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P.-S.
Ce texte a été écrit par un militant qui n’est pas un premier concerné mais qui veut être un allié des personnes victimes d’islamophobie. Le but n’est pas de parler à leur place, juste de passer un coup de gueule et de participer à la visibilisation de leur lutte. Si des textes de personnes concernées dénoncent la même chose, n’hésitez pas à supprimer celui-ci pour leur donner la visibilité. Si des personnes concerné-e-s font remonter des choses problématiques dans ce texte, n’hésitez pas à modifier/enlever les passages en question : j’essaie de faire attention mais j’ai pas la prétention d’être irréprochable.
https://rebellyon.info/Desinteret-honteux-des-groupes-de-gauche-22803
Pour signaler :
un complément d’info, effacé sur Rebellyon, présentait de façon sourcée et donc convaincante, des présent-e-s à cette manifestation qui sont différentes figures de l’islamisme local lyonnais ainsi que des fascistes liés aux loups gris ou autres groupes islamo-fascistes turcs …
Ce texte est effrayant. Non pas pour ce qu’il dénonce, mais pour la manière dont il le fait. J’espère qu’avec toute cette honte et cette culpabilité la personne qui a écrit ce texte aura pensé à demander à passer au martinet pour expier ses pêchés.
On pourrait se limiter au sarcame mais sincèrement, l’ambiance religieuse, monolithique, cette atmosphère moraliste de militant.e coincé.e droit.e dans ses bottes (qu finiront un jour j’en suis sur par suivre la cadence), ce vocabulaire poli, lissé, encadré, correct, ça tient plus de ce que je m’attendrai à trouver dans une église que dans une organisation politique, si ce n’est, et ce n’est pas un hasard, dans justement ces « groupes de gauche ».
« Et si on veut être des allié-e-s de toutes les luttes anti-oppressives, on doit respecter les méthodes choisies par les premier-e-s concerné-e-s et les soutenir. Sinon, c’est qu’on est du côté des oppresseur-euses. »
Sors de chez toi, respire, visiblement des années de propagande gauchiste t’ont obscurci l’esprit. Le monde c’est pas du noir et du blanc. Des phrases pareilles c’est exactement ce qui fait que ce « milieu » que tu dénonces pue la merde à mille bornes. Sérieusement, on soutient sans critiquer sinon on est du côté des méchants ? Tu te rends compte du caractère borné, autoritaire, de toute la tristesse que tu dégages avec une vision pareille ? Comme dirait Obi-Wan, seuls les Siths pensent de manière si absolue.
Y’a des choses que tu dis qui sont malheureusement vraies, mais ces discours qui n’ont pas pour but de critiquer pour avancer mais simplement de pointer du doigt pour distribuer les mauvais points de l’oppression, j’ai même pas envie d’y penser sérieusement, et ton texte est tellement malaisant que ça n’incite pas le moins du monde à réfléchir réellement à ce que tu dénonces.