« Le blop , un génie sans cerveau »

Ce documentaire qui est en podcast sur ARTE, au-delà de révéler les extraordinaires capacités physiques de cet organisme unicellulaire, tend aussi à démontrer que le blop (ou Physarum polycephalum) est habité d’une indéniable forme d’intelligence. Un parallèle y est fait avec d’autres organismes vivants, comme les végétaux et certains vers, ces derniers étant capables de se régénérer lorsqu’on les coupe en morceaux…

Toutes les études scientifiques présentées dans ce documentaire mettent donc en spectacle cette volonté sincère d’attribuer une forme d’intelligence à ces organismes vivants. Apparemment, les sommes allouées à ces recherches ne sont pas négligeables, et nous avons à faire pour les mener à de véritables pointures internationales. Au fur et à mesure que l’on avance dans ce reportage, nous voyons ces scientifiques découper, charcuter, stresser, malmener leurs sujets d’étude afin d’observer leurs réactions face à tous ces traitements imposés. Le but final étant bien entendu, comme pour chaque étude scientifique menée depuis qu’on a commencé à les répertorier, de pouvoir exploiter les extraordinaires qualités de survie des sujets étudiés afin de les utiliser, et de les exploiter donc, pour d’éventuelles avancées scientifiques qui nous permettraient, par exemple ici, de faire se mouvoir des robots (exemple non exhaustif).

Rien ne semble plus important aux yeux de ces savant.e.s que de traquer, étudier, le potentiel d’intelligence attribuable à ces non humains qui partagent avec nous la vie sur cette planète.

Mais il est choquant et en même temps très révélateur de s’apercevoir au long du documentaire que ces scientifiques, n’expriment strictement aucune curiosité envers quelque possibilité de sensibilité à attribuer aux sujets étudiés. Ce sont pourtant sans doute de bien bonnes personnes. C’est ainsi qu’on nous les montre. Elles semblent bien élevées, polies et apparemment très sympathiques, présentant un potentiel de civilisation indéniable ; bref, des personnes respectables. !

C’est certain qu’à partir du moment ou cette question d’éventuelle sensibilité des cobayes, de leurs capacités à souffrir, vient à émerger, elle met aussitôt un frein brutal à l’innocence vis à vis des recherches scientifiques et complique alors leur justification. Elles doivent dés lors avoir lieux en catimini, loin des curiosité dérangeantes et des sensibilités malvenues. Mais la réponse ou bien plutôt la parade est là : ces expériences ont de toute façon l’excuse d’être menées pour le progrès ! Ce progrès, au même titre que son antithèse la religion, sont presque toujours ce au nom de quoi on justifie les pires attitudes (et autres pires réformes, soit dit en passant…). Il apporte, c’est vrai, aux plus chanceux.ses d’entre nous plus de confort, de richesses et même de longévité. À nous autres occidentaux, il nous a, pour un temps au moins, éloigné de la famine. Mais ce qui est sûr aussi, c’est qu’il nous déshumanise en nous ôtant une part importante de notre altérité vis à vis de la grande majorité de l’humanité que représentent les laissé.e.s pour compte, qui doivent fatidiquement payer la facture de notre mieux être, parfois de leur vie. Ce « progrès », comme il est aujourd’hui construit et compris, nous asservit. Il nous assujettit sûrement et durablement à ceux qui nous l’apportent et qui l’imposent dans nos vies. Il nous éloigne immanquablement de la nature, la réduisant à un simple ensemble de produits à exploiter et est facteur des pollutions et des maladies qui font que l’on se dirige droit vers notre perte, ce dernier point apparaissant aujourd’hui comme une évidence. Les recherches qui sont menées en son nom sont très souvent financées par des firmes aux seuls visées capitalistes et d’asservissement, quand ce n’est pas directement par les armées, avec la volonté d’efficience du meurtre et de la destruction à grande échelle.

Si toute cette énergie menée pour ce pseudo progrès aux trop nombreux aspect suicidaires et criminels était employée à un réel mieux être, à une meilleures entente entre les habitant.e.s de la terre, quel aspect aurait cette terre ? Quel aspect auraient les sociétés humaines, tout autant qu’animales ?

Pourquoi doit on forcément opposer à ce progrès un retour en arrière vers un monde sombre et glauque ou les religions et autres sectes prendraient le pouvoir en s’appuyant sur l’ignorance supposée ou entretenue des personnes ?

Ces questions sont toujours ce sur quoi l’on butte lorsqu’on imagine une autre façon de vivre, émancipée de cette fichue idée de « progrès ». C’est sans doute parce que le progrès scientifique devrait toujours avancer de paire avec une recherche et une volonté d’altérité et de libération. Il est inconcevable de penser à quelques réelles avancées que ce soit si ces avancées ne sont pas automatiquement profitable à l’ensemble des habitant.e.s de la terre, à l’ensemble du vivant.

Nous devons mettre toute notre énergie afin de développer des pensées et discours politiques qui démontrent sans détours possibles que chaque prise de pouvoir des un.e.s sur les autres ne peut que nous éloigner d’un mieux être. Jamais aucune armée, ou secte, ou religion, ou autre pouvoir autoritaire n’a œuvré pour ce mieux être durable. Car à chaque fois, toute avancée à été détournée, instrumentalisée, récupérée au détriment d’autres groupes humains ou même animaux ou végétaux. Les avancées agricoles ont toujours été obtenues dans ces conditions prédatrices. Et ça continue ainsi au fil du temps et des guerres et conflits qui émaillent notre histoire et notre présent.

C’est bien ce cercle infernal qu’il faut détruire et toute et tous, nous nous devons d’employer une grande partie de notre temps et de nos ressources pour forger ce possible solidaire…