De l’anarchonformisme
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Il fût un temps où les anarchistes avaient au moins le mérite de faire la critique du miltantisme.
De nos jours, ils s’empressent d’accepter les rôles misérables que leur proposent la Police et le Capital.
Triste temps qui, par chance, ne durera guère.
Le militant est aujourd’hui le meilleur complice de la Machine. Sans lui, elle aurait disparu depuis longtemps. Alors, nous savons quoi faire: travailler à sa liquidation. Sans remords.
Le Capital a besoin de la fausse contestation, de son spectacle négatif, comme une condition vitale à son autoreproduction. Plus la contestation monte, plus il se renforce.
Nous, anarchistes pour la prédication et le combat, ne défendons rien, et ne revendiquons rien. Nous voulons seulement nous constituer en force autonome matérielle pour assouvir notre vengeance contre le Capital et l’Etat.
Anarchistes, la Machine vous remercie. Continuez à défiler sagement dans les carnavals gauchistes, vous beuglerez encore « Anarchie » lorsque, de ce monde, il ne restera que des cendres.
Mais,si vous en avez marre, rejoignez le Parti imaginaire.
Oeuvrons au Tiqqun.
Groupe anarchiste pour la prédication et le combat – section Richard Durn
La critique des manifs planplan même les gens qui manifestent t’ont pas attendu pour la faire mais tu as certainement une solution miracle à la question sociale et beaucoup plus de prise sur ton environnement que les militantEs que tu insultes/méprises/conspue etc. trou du cul qui féminise pas ses textes va!
Souhaiter la révolution, pourquoi pas…
Souhaiter l’insoumission, bien sûr !
Souhaiter que chacun soit libre et se prenne en main, y’a rien à en redire…
Vouloir changer le monde pour le rendre plus juste, quelle évidence !
Passer par les armes les personnes qui milittent : NON !
Qui, ici, n’est pas d’une manière ou d’une autre « milittantE » ?
Si je n’avais pas fait partie de la JOC (jeunesse ouvrière chrétienne), je ne serais sans doute jamais arrivéE ici.
La route est longue et les chemins qui mènent à l’indépendance sont parfois étonnants… Sans expérimentation, la prise de position ne peut exister. Peut-être même est-ce certains des curés que j’ai croisé qui m’ont donné (volontairement !) la conviction de ne plus jamais être enchainéE, à l’église ou à quoique ce soit.
Alors…
Ce texte, en plus d’être insultant pour les anarchistes (comme si illEs étaient tous identiques… chez les anars… laissez moi rire !!!), ce texte donc est insultant pour les militantEs en général.
Pire, s’il n’était pas aussi « léger » en argumentaire (et quand on lit comme référence le tiqqun, ç’en est doublement désolant), il serait même rasciste.
Eh oui, le rascisme commence là : stigmatiser une race ou une classe sociale & la faire détester par d’autres jusqu’à être prêt à employer les armes pour faire disparaître le « problème » !
C’est le choix qu’a fait l’homme brillant auquel il est fait référence : Richard Durn. C’est un choix qui me désole quand on voit un esprit aussi intelligent, vif, qui aurait pu aider tellement de personnes à devenir indépendantEs, tuer, se foutre en l’air et devenir banalement monstre ou martyr !!!
Pour un bref apperçu de sa vie,
Bref, illuminéE, c’est bien le mot… mais surement pas une lumière !!!
Cet avis n’engage, bien sûr, que moi.
C’est amusant, l’influence qu’exerce Tiqqun sur certains jeunes gens…
On a envie d’écrire un petit texte ultra-radical pour épater les gogos citoyennistes et autres endives de la FA, mais on ne sait pas trop comment faire…. alors on fait des copier-coller de la revue Tiqqun, on rajoute deux ou trois petites provoques militaristes, et ça suffit, ça mange pas de pain. On poste ça sur Indymedia et on attend tranquillement les commentaires. On est content, on a pas perdu sa journée. Et on a contribué de manière décisive à la construction du Parti. Evidemment, c’est sans intérêt, mais ça rassure, ça réconforte, et ça peut même donner lieu à d’intéressants commentaires ; par exemple, cette phrase extraordinaire, qui en dit plus sur la connerie noire du gauchisme que n’importe quelle critique post-situe : « trou du cul qui féminise pas ses textes va ! ». Plus sérieusement, la critique du citoyennisme, de la pseudo-contestation, est bien sûr toujours nécessaire, mais nos braves petits soldats tiqqunistes ne pensent-ils pas tomber dans un activisme vain, qui ne fait d’eux, finalement, que l’aile ultra-gauche des citoyens zombies et autres gauchistes ?
ça se pougnotte pas mal de part et d’autre
NANTERRE, Mardi 26 mars 2002
Ecrire, c’est tenter d’exorciser. Quelques jours après cette épreuve, j’écris pour témoigner. Il n’y aura pas de procès. Nous, les victimes, avons pourtant besoin de nous retrouver, de parler, d’écouter, de chercher à comprendre pourquoi notre vie a basculé, et comment.
Les lignes qui suivent sont une contribution à un travail collectif qui reste à faire pour objectiver, dire l’indicible, partager et ainsi sortir plus forts de la barbarie.
Un Conseil Municipal somme toute banal ; des débats, plutôt sereins ; un public qui, à plus d’une heure du matin, s’est clairsemé.
Soudain, le bruit, plusieurs fois répété. Un revolver tenu par un anonyme, sagement assis pendant plus de six heures.
Autour de moi, des réactions en désordre : certains élus se cachent dans leur pupitre, d’autres cherchent encore un sens au non-sens, une explication rationnelle, un de mes voisins s’exclame : «Qu’est ce que c’est que ce guignol ! ».
Et puis, le sang qui coule sur la manche de Michel ; tout bascule dans ma tête en une fraction de seconde. Réfléchir, être prêt à agir. Le type continue d’avancer, franchement, mécaniquement, son visage est vide d’expression. Le bras tendu vers mes collègues, mes copains, il tire, méthodiquement, systématiquement, lourdement. Ce bras, la boule de feu qu’il génère, m’obsèdent, je ne vois plus qu’eux, au point d’être incapable encore aujourd’hui de me souvenir précisément de ce visage.
Est-ce que quelque chose, quelqu’un peut enrayer ce mécanisme fou ?
Quelques cris m’arrivent dans un brouillard. Rassembler mes pensées, mobiliser ce que j’ai déjà lu, vu, entendu. Réagir, il faut réagir, il va nous tuer, tous.
Ne pas mourir sans essayer au moins de réagir, d’être utile aux autres, ne pas accepter la fatalité. Se révolter contre le pouvoir odieux, injuste, insoutenable de ce revolver qui ne s’arrête jamais. Combat inégal mais combat parce que tout est préférable à cette fin programmée. Il continue d’avancer, inexorable, contourne le pupitre, cachette, devenue dérisoire, des adjoints, recroquevillés sur eux mêmes. L’exécution continue.
Depuis le début, je suis accroupi entre le pupitre et ma chaise. Il tue encore. André, mon voisin, bouge. Puis silence. Le tueur porte la main sur la crosse de son arme, est-ce qu’il la recharge ?
Je saisis ma chaise des deux mains, la jette de toutes mes forces dans sa direction et plonge sur lui. Je gueule : il faut que d’autres m’entendent, que nous soyons plusieurs, il faut faire peur à ce type, montrer que nous sommes déterminés, forts de notre solidarité.
Patrick m’a dit depuis « j’ai reconnu la voix de Gérard qui criait : on ne va pas se laisser faire. Et je me suis relevé pour aider » et René « quand j’ai vu la chaise voler, je n’ai pas réfléchi, j’ai foncé »
Eux, moi, ensemble, beaucoup d’autres, dans la mêlée.
Sa main entre nos deux corps ; une deuxième arme. Il tire, il tire mais il est à terre, à genoux, gêné dans ses mouvements. Il tire encore. Des blessés, encore, mais nous serons blessés… seulement !
Une espèce de silence, fait des plaintes de ceux qui souffrent. Une chaleur au ventre.
La mécanique est enfin enrayée. Les secours vont arriver. Je récupère deux revolvers, les emmène dans les étages, les enferme. Etre sûr qu’ils ne tuent plus.
Notre histoire, vous la connaissez, notre détresse, vous l’imaginez ou la soupçonnez. Aujourd’hui, aucun d’entre nous, blessé plus ou moins gravement dans son corps, n’est plus celui qu’il était, avant : une autre blessure sera certainement plus longue à cicatriser que celle de la chair.
Cet événement va certainement bouleverser mon rapport au monde, mon interprétation de celui ci, ma vision de la vie. Pourtant, au sortir du noir de cette nuit, des valeurs auxquelles je croyais se trouvent confortées, validées par les faits.
Ces relations, indissociables, entre individu et collectif : des individus ont été sauvés par le collectif, le collectif n’existe que par la diversité des individus, les êtres humains, qui le composent.
Devant toute injustice, tout totalitarisme, fut-il celui de la folie, chacun d’entre nous, peut, lorsqu’il en a l’opportunité, à la mesure de ses moyens, réagir, s’élever, résister, seul et avec les autres.
La révolte n’a pas, ne peut avoir, de limite puisque l’injustice n’en a aucune.
Gérard PERREAU-BEZOUILLE
Le 5 avril 2002