A l’école, dans la rue…
Le Pen en rêvait, Sarkozy l’a fait, Macron en jouit :
le Sentiment National est partout dans les bouches.

Morts pour la France ?

On est mieux sur un rond-point ou en bas des tours, à refaire le monde.
Que tout seul avec une bouteille à 8h du mat’.

On vit la France du profit, du mérite. Que tu touches le RSA, ou bénéficies de l’hôpital gratuit, et voilà qu’on te reproche de profiter. Profiter des miettes. Miettes que les anciens ont dû arracher de force.
Parfois, nous nous sentons guerriers ou guerrières. Mais nous ne sommes pas des soldats. Les soldats sont envoyés au front par les mêmes qui leur donnent des ordres en étant en sécurité dans des bureaux. Envoyés coloniser le monde ou la rue, au nom de la France, marcher sur les autres et y faire le sale boulot.

La « France » est une idée bien trop lointaine. Trop abstraite pour qu’on meurt pour elle, pour qu’on se fasse arracher un bras pour elle en manif.

Unis sous le drapeau ? Unis par la grève !

Avec les copines, ce n’est pas la langue française qui nous unit, pas la bouffe ou le drapeau : mais ce qu’on met en commun. Ce n’est pas un héritage, mais bien notre façon de vivre et défendre notre présent.
Notre identité se forme bien plus par nos actes, la solidarité se forme par les épreuves.

Les lycéens sont partis en grève et émeute cette année pour refuser de servir plus tard dans l’armée, à travers le nouveau Service National Universel mis en place en juin 2019 pour les 16 ans : un mois en uniforme, avec salut au drapeau, Marseillaise et dortoirs pour apprendre les valeurs démocratiques… En grève pour la gratuité des universités, contre le monde des riches, le décor policé et militaire.
Ils et elles ont besoin de notre soutien.

Beh non, nous n’avons pas besoin de leurs armées, leurs matons, leurs huissiers.

Nous avons besoin de manger, de dormir, et envie de faire la fête.
Envie d’aimer en paix nos proches, sans les voir arrachés de nos vies par le suicide, le travail acharné ou leurs prisons.

Le nationalisme de gauche

Parfois avant en manif, il y avait les fachos, racistes ou royalistes, qui criaient « Vive la France ! On est chez nous ! tu l’aimes ou tu la quittes ! » Avec drapeau français et fleur de lys, des nazis, des LePen… Ils ne pouvaient pas se cacher parmi nous, car personne en manif ne portait de drapeau français comme eux.

C’est fou, maintenant plein de gens portent ce drapeau avec fierté.

Depuis les attentats Charlie, la Coupe Du Monde qui portait à l’honneur la République gagnante, et non pas « les bleus ».
Demander pourquoi la personne porte ce drapeau est perçu déjà comme une agression.
« Je suis nationaliste, je ne suis pas raciste ! tu as un problème contre la France ? tu es française ! c’est elle qui te donne tes alloc’ ! »

Changer « l’éducation civique » en « cours d’éducation civique et morale », pousser les personnes en lutte à se réapproprier un drapeau vieux de 300 ans mais utilisé par les dominants est un reflet de la propagande en route.
Un musulman se doit d’être républicain, sinon il est un terroriste.
Tu es pour ou contre la France- c’est l’ultimatum Nation.

Les nationalistes ne se disent pas tous racistes… Ils aiment les « bons immigrés » qui font « l’effort de s’intégrer ». Paternalistes.
Les nationalistes, les républicains, ils aiment les clochards qui acceptent de récurer les chiottes pour le Pôle-Emploi, les étrangers qui font l’effort d’apprendre la langue de Molière.

« On est tous français ! toi aussi tu es française, non ? tu ne l’aimes pas la France ? ». Qu’on soit né français, c’est une chose. Que l’on soit fier de l’être, c’est très différent…
Et non, tous les résistants ne sont pas morts pour la France.
Arrêtez de déterrer les morts.


La fierté d’être porteurs des « valeurs de la France »

L’idée de France, arrange les puissants. Car tant qu’il y aura une idée de nation, il faudra un dirigeant. Tant qu’il y aura un trône, des tordus pourront passer leur vie a écraser la notre pour y accéder.

Marcher avec des camarades « antifa » masqués qui se disent antisexistes, antiracistes… mais patriotes et défenseurs de la « liberté d’expression ». Ca c’est nouveau.
Ou comment défendre « la pauvre et le noir », en bon soldat masculin et blanc, pour une France meilleure. Cela porte à question et pourrait être discuté pendant les grèves.

Liberté
Un gros mot utilisé dans lequel tout le monde peut s’engouffrer
Egalité
Ils se foutent de ma gueule ? depuis quand la vie des riches sont à l’égale de ceux de tout les autres ?
Fraternité
Alors par ce que je suis française, et qu’il est français, on est unit ! On ne se tape pas dessus ! Si c’était le cas, la police n’existerait pas depuis la création de ce drapeau
Les Valeurs Françaises ?
la France nous « unit » :
Comme l’école nous apprend le « vivre ensemble » et les « valeurs de la démocratie » ?

Le construction d’un « sentiment national »

c’est le drapeau des décideurs : de Paris. des riches de Paris.

L’Histoire est écrite par les vainqueurs.

ni nation, ni patrie : vive la piraterie !

La France, on s’en fout.
Nous avons un pays, celui qui se situe entre deux collines, celui de notre rivière, celui qui parle notre argot.
Notre pays c’est la plage où on joue, c’est l’espace qu’on colore de nos sentiments et de nos rêves. C’est la terre qu’on cultive, le quartier qu’on habite, la ville qu’on connaît par cœur.

Nos grands-parents ne sont pas morts pour la France, ils sont morts pour rien. Ou pour leurs amis. Pour leur insolence, pour leur force de vivre. Enrôlés de force dans l’armée obligatoire, ou rebelles en résistance, ils et elles ne sont pas morts pour la France, mais à cause de la France.

Et ce n’est pas pour défendre des idéaux anarchistes que l’expression du sentiment de malaise quand la présence du drapeau n’est pas questionnée dans un cortège offensif.
Tout le monde est plus au moins contre, mais personne va parler avec le porteur de drapeau, parfois parce qu’il « n’est pas méchant » ou n’a pas « encore tout compris ». Les mots et le ton utilisés sont pourtant souvent très clairs. Il y a dix ans, cela ne faisait pas partie des habitudes.

Nik la France

Quelque chose a bien changé. L’union sacrée par manque de bras ? pourtant, juste à coté, sur le trottoir, il y a d’autres personnes qui sont encore présentes, malgré les gazs, mais qui ne se mettent pas dans le cortège, derrière le drapeau.
A parler avec des personnes hors cortège masqué, on se trouve souvent plus d’affinités qu’avec les personnes dedans. Paradoxe frustrant.

Attaquer la police et le système en s’alliant avec des nationalistes a un goût amer. Contre la police, mais « pour l’armée », prêts à « mourir pour la france ». Ils sont les défenseurs d’une autorité dégueulasse que l’on nomme démocratie. Se faire insulter dans un black block quand on crie « nik la france » est hallucinant. Comment savoir sur qui compter, quand on est masquées ?
« Aimer la France » n’est pas une idée qui va de soi. C’est une idée qu’on transmet, à l’école, en manif… C’est une idée qui est à la mode, ou pas, selon les époques. Dire que le « peuple français est révolutionnaire » reste un vieux délire nationaliste aussi…

Pour ceux qui ont envie de porter une couleur, de se ranger derrière un symbole, un drapeau : créez votre propre étendard !

On ne sait pas où on va. Mais on y va.
Il y a tant de choses à faire en chemin.
Pas de drapeau français en manif !
Que crève la France !
On ne mourra pas pour la République !

Quelques meufs avec rage et joie