Le mouvement des Gilets jaunes est trop étrange pour qu’on puisse y voir un verre à moitié plein ou à moitié vide. Ne ressemblant à rien de déjà vu, il ne suffit pas de lister ce qui lui aurait manqué pour qu’il cadre avec des schémas préétablis ; on peine même, a posteriori, à l’intégrer aux théories prédictives qui, d’ailleurs, ne l’avaient pas vu venir. Le phénomène est pourtant connu, mais il surprend toujours : il arrive, parfois, que les prolétaires ne fassent rien comme prévu, et c’est très bien… mais cela n’est pas sans générer quelques inquiétudes.

En milieu « militant » [enlever ou rajouter des guillemets, au choix], « nous » étions plus habitués à côtoyer des prolétaires quelque peu politisés, fréquemment cégétistes, à analyser leurs actions sans en être jamais satisfaits, mais le mouvement des Gilets jaunes a secoué bien des certitudes, bien des habitudes. On se rappelle alors que les mouvements sociaux, les grèves généralisées ou les révolutions ne sont pas seulement menés par des « gens de gauche », pas uniquement par des individus avec lesquels on aurait pris plaisir, quelques jours plus tôt, à boire un demi en terrasse… Les Gilets jaunes peuvent être de ces piqûres-là, ils ne respectent rien, n’ont aucune référence culturelle « de gauche », sont enthousiasmants, imprévisibles, confus, perdus et parfois désespérants. Sans doute est-ce ce qui fait leur charme… [voir les épisodes précédents]

Le soulèvement des Gilets jaunes est pourtant une authentique révolte de prolétaires, une expression de la lutte des classes, avec toute sa complexité, ses contradictions et son cours incertain. Beaucoup de militants ont regretté son « impureté », mais qu’est-ce qu’une pure expression de la lutte des classes ? Une expression qui, comme hors-sol, serait insensible au monde qui la produit et débarrassée de «toute la pourriture du vieux système qui lui colle après » ? Les luttes du passé, même les plus rudes et les plus emblématiques, ne sont pas exemptes d’influences néfastes ou de dérives, ni des croyances de leur temps. On pourrait, entre autres, évoquer la guerre des Paysans allemands ou la Commune de Paris [nous l’avons déjà fait dans l’épisode 05, chapitre « Le militant et les prolétaires »]. Arrêtons-nous par exemple un instant sur la grève générale de juin 1936 ; Léo Lagrange (député SFIO et membre du gouvernement de Front populaire) raconte à André Malraux : « J’ai vu hier Ramette [député PCF], très inquiet de certaines des revendications des grévistes, nettement hitlériennes : interdiction du travail des femmes mariées – interdiction du travail des ouvriers étrangers. La tâche ne sera pas facile »3. Elle ne l’a pas été pour ceux qui voulaient que les ouvriers reprennent le travail. Faut-il considérer que, dans la seconde moitié du XXe siècle, le mouvement ouvrier est « pollué » par diverses croyances irrationnelles comme le syndicalisme, le parti ouvrier, le socialisme d’État, l’autogestion, ou bien qu’il s’agit du reflet de la période ?
Avec les Gilets jaunes, on a certes assisté à une prise de conscience collective, liée à une condition sociale commune, mais qui ne s’exprime que d’une manière très partielle et confuse. Leur mouvement n’a, au bout du compte, vécu pleinement que durant quelques semaines (jusqu’à la mi-décembre), avant de s’enrayer puis de s’engager dans un interminable dépérissement. L’absence d’un approfondissement de la lutte – « c’est reculer que d’être stationnaire » – aura été un frein à l’apparition d’une véritable conscience de classe et à des clarifications politiques et théoriques (par exemple, par rapport au discours interclassiste). Ne trouvant aucune issue ni dépassement, et alors que la plupart des Gilets jaunes ont abandonné depuis longtemps, le dernier carré entame une lente et stérile involution, ballotté entre rituel insurrectionnaliste, citoyennisme populaire et assembléisme d’extrême gauche.
La révolte des Gilets jaunes, de par son caractère spontané, charrie d’inévitables « défauts », mais il serait illusoire d’y voir un diamant brut à tailler à notre goût, ou bien encore une lutte qu’il s’agirait de libérer d’une gangue pour lui restaurer sa vraie nature (forcément plus conforme à nos vues et donc victorieuse). Est-ce à dire qu’il ne faut rien faire ? Être conscient de ses limites est déjà fort avantageux, et si agir en tant que prolétaire, avec les prolétaires tels qu’ils sont, réclame déjà beaucoup d’énergie, cela offre aussi bien des possibles.

Quel avenir nous promettent les Gilets jaunes ? Avons-nous affaire à un feu de paille sans lendemain, ou à un premier coup de semonce annonçant des lendemains de lutte ? Tout le monde semble s’accorder sur la seconde proposition. Pourtant, personne ne sait comment les Gilets jaunes vont réagir. Une partie d’entre eux pensent avoir obtenu gain de cause avec le retrait de la taxe carbone sur le diesel le 4 décembre ; mais tous ceux qui voulaient davantage, et ont continué à se battre après cette date, restent sur un échec qui pourrait entraîner une profonde résignation et une abstention sociale.
En réalité, et bien que les conditions de l’embrasement soient en France toujours présentes, rien ne permet de savoir si la prochaine explosion sociale d’ampleur s’y produira dans six ou douze mois, dans deux, cinq ou dix ans… Personne n’a vu venir cette explosion, mais elle ne nous a pas rendus plus clairvoyants.
La majorité des analystes et militants d’extrême gauche sont pourtant convaincus que « plus rien ne sera comme avant » et que le soulèvement des ronds-points annonce des révoltes d’une tout autre ampleur. Les prolétaires qui se sont mobilisés ont beaucoup appris, ont découvert leur puissance, ont tissé des liens et, la prochaine fois, forts et fiers de leur expérience, ils commettront moins d’erreurs, seront plus efficaces et plus rapidement… C’est en partie vrai, mais ce type de commentaire est fait après chaque mouvement exceptionnel (1995, 2005 ou 2006) ; or l’histoire du mouvement ouvrier montre que la lutte des classes n’a rien d’automatique et que l’expérience acquise dans les luttes n’accroît pas forcément la combativité – le plus souvent cette expérience se perd. Il ne faut pas non plus oublier que l’État tire, lui aussi, des leçons des événements et adapte en conséquence ses dispositifs afin d’endormir et de désarmer les prolétaires.

Quid de l’organisation ? Les livres, tout comme nos expériences respectives, en témoignent : après une lutte d’importance ayant permis la constitution de noyaux de prolétaires radicaux, la volonté est grande de chercher à continuer la lutte, de s’organiser, de créer des collectifs et des coordinations. Les mêmes sources nous montrent pourtant que ces structures ne résistent pas au temps, sinon en s’institutionnalisant, en se sclérosant. Il est donc probable que la plupart des collectifs locaux et associations de Gilets jaunes créés au fil, et surtout vers la fin, du mouvement – qui sont fréquemment l’expression de ce qu’il y a de plus interclassiste –, s’ils existent encore, seront des obstacles parasyndicaux pour les futures mobilisations des prolétaires, pour leur auto-organisation spontanée et radicale ; ces quelques Gilets jaunes « institutionnalisés » se comporteront comme des militants, prétendront détenir expérience ou légitimité, voudront prendre en main le mouvement, mais seront tout autant en décalage et qu’en retard vis-à-vis de celui-ci. Il y a d’ailleurs fort à parier – et il faut l’espérer – que le prochain mouvement social d’ampleur prendra des formes différentes de celles des Gilets jaunes et qui nous surprendront à nouveau4.
La période de luttes initiée en décembre 1995 est-elle désormais révolue, et une autre, caractérisée par des luttes ressemblant davantage à celles des Gilets jaunes, s’ouvre-t-elle5 ? Pour le vérifier, il faudrait que les méthodes de la nouvelle, marginalisant syndicats et autres organisations traditionnelles du prolétariat, fassent aussi irruption sur le terrain du travail et de l’exploitation. Nous n’en sommes pas là. La question des lieux de production est pourtant capitale, car c’est là que se trouve le cœur du capitalisme – c’est le point de bascule. Le fait que l’État et le gouvernement soient associés, de manière assez confuse, et perçus comme un adversaire étend potentiellement le conflit de classe à toute la société ; mais il serait regrettable (comme c’est le cas avec les Gilets jaunes) que les lieux de production et d’extraction de la plus-value demeurent des îlots de stabilité. Sans cette extension, le soulèvement se cantonnerait, et se condamnerait, à l’émeute, ce qui, en définitive, revient à affronter un boxeur professionnel en utilisant des gants de boxe. Dans l’optique d’un postmouvement ouvrier organisé – un mouvement sauvage et autonome, confus mais sur une ligne « de classe », coordonnant des luttes sur les lieux de travail sans pour autant s’y enfermer –, les Gilets jaunes ajoutent aussi quelques traits à l’esquisse de ce que serait un embrasement à portée révolutionnaire : les prolétaires ne manqueraient pas d’abolir les séparations et de provoquer un gigantesque arrêt de travail durant lequel ils ne respecteraient pas les codes connus de la grève, encore moins ceux de la grève générale et, en même temps, ils s’en prendraient à l’État.
La révolte des ronds-points fait là aussi resurgir de sempiternelles questions. Faut-il que renaisse l’espoir de perspectives révolutionnaires pour que la révolution redevienne une possibilité crédible ? L’espoir de mettre un coup d’arrêt aux offensives capitalistes est-il suffisant ? On sait, bien évidemment, que ce sont les conditions économiques et sociales, les rapports de production qui permettent que de telles idées émergent, mais comment repèrent-on ce qui serait des « conditions subjectives » ? Doivent-elles d’ailleurs correspondre, dans le discours des révoltés, aux idées que s’en font d’ores et déjà les « amis de la révolution sociale » ? Ou bien ces derniers peuvent-ils être désarçonnés ? Il faut l’espérer.

Quid de la confusion ? Si un soulèvement comme celui des Gilets jaunes devait se reproduire, avec davantage de force, qu’en serait-il par exemple du discours interclassiste, de la question nationale, ou bien encore du souverainisme ? Comme nous l’avons déjà écrit [voir épisode 04], ce n’est pas tant la présence des références « patriotiques » qui est inquiétante que leur persistance (et donc leur acceptation) tout au long du mouvement. Il est probable que le prochain mouvement social d’ampleur résoudra cette question, dans un sens ou un autre. Même si cela nous semble peu probable, on ne peut par exemple pas évacuer la possibilité d’un mouvement qui, sur la forme, serait très proche de celui des Gilets jaunes, mais qui prendrait une tonalité anti-immigration (comme on a pu le voir en Guyane ou à Mayotte6), voire anti-immigrés, et/ou qui serait véritablement nationaliste.

Pour l’heure, nous l’avons déjà expliqué [voir épisode 04], le mouvement des Gilets jaunes représente une cuisante défaite pour l’extrême droite et, comme c’était prévisible, il n’a pas eu d’impact sur les élections européennes de mai 2019 (si ce n’est une modification de l’électorat macroniste). Ce courant pourrait-il malgré tout, à terme, en tirer profit, et en particulier le FN/RN ? Une telle question suppose de croire possible une victoire électorale de ce parti. Or, on peut se demander si la mobilisation d’une partie des Gilets jaunes n’est pas justement due, entre autres, à la prise de conscience, à la suite des élections de 2017, du fait que le FN/RN n’arrivera jamais au pouvoir puisque tout, hormis une minorité d’électeurs, s’y oppose. Est-ce que, dès lors, le mouvement des Gilets jaunes pourrait être annonciateur d’autre chose ? Par exemple d’une restructuration de l’extrême droite française voyant l’émergence d’un mouvement hors normes, forcément qualifié de « populiste », à l’image de l’hybride Mouvement 5 étoiles, et en mesure d’arriver au pouvoir ? C’est l’existence d’un FN/RN puissant qui, jusqu’ici, nous préserve d’une telle hypothèse ; qu’en serait-il en cas d’implosion de ce parti ? Aujourd’hui, au lendemain des élections européennes, des restructurations politiques semblent s’esquisser à gauche et, surtout, à droite, mais rien ne semble pour l’instant prendre une allure « populiste »7. Le devenir des principaux cadres « souverainistes » qui ont quitté ou ont été expulsés de la FI est néanmoins à suivre avec attention. Que se passera-t-il demain, en cas de crise majeure telle qu’un désastre financier mondial ou une dislocation de l’UE ?

En attendant, la démocratie libérale a survécu… aux Gilets jaunes. Alors qu’ils semblaient accumuler gaffes et erreurs de communication, Macron et les membres du gouvernement ont en définitive fort bien géré le conflit, distribuant quelques miettes, empêchant toute contagion et attendant le pourrissement. Malgré quelques reculades, le pouvoir d’État a su garder son cap et, par exemple, aggraver en janvier le sort des demandeurs d’emploi ; il n’y a pas eu de « crise de régime ». En décembre, quelle que soit la réalité de la menace Gilets jaunes ou de sa perception, l’idée d’une démission du président ou ne serait-ce que d’une dissolution de l’Assemblée nationale est impensable ; aucune alternative politique n’est d’ailleurs disponible pour rétablir le calme – encore moins une alternative économique, l’État et le capital ne pouvant accroître le coût du travail en France. Avec les Gilets jaunes, et contrairement à un mouvement social classique, l’espoir de l’arrivée au pouvoir de la gauche (laquelle ?) n’aurait d’ailleurs pas suffi à éteindre la mobilisation. Les différents secteurs du capital se devaient donc de soutenir Macron, et celui-ci devait rester en place et, si nécessaire, répondre par la force. Cela ne laisse rien présager de bon quant aux prochaines réformes antisociales qu’a prévues le gouvernement, notamment celles concernant les retraites ou le chômage, qui, en partie, ont prudemment été reportées.
Mais pour l’heure, alors que les Gilets jaunes sont dénoncés comme une « menace fasciste », la République française poursuit sa dérive autoritaire, ce qui était prévisible dès le soir du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 : gouvernement par ordonnances, inscription de certaines mesures de l’état d’urgence dans le droit commun, répression d’une ampleur inédite, justice exceptionnelle sinon d’exception, loi anticasseurs, contrôle accru d’internet, etc. L’autoritarisme croissant des « partisans de la liberté » est tel qu’on ne voit pas l’intérêt que trouverait le capital dans l’arrivée au pouvoir du RN… réprimer les prolétaires ? Le parti de l’Ordre est déjà au pouvoir et le fait très efficacement8. Mais, avec de telles manières, on ne peut assurer durablement la cohésion de la société et reformer une communauté nationale, des éléments nécessaires au bon fonctionnement du capitalisme.

Les Gilets jaunes ne demandaient finalement pas autre chose, pas grand-chose. Ils ne cherchaient pas à bouleverser la société, mais à lui redonner un fonctionnement « normal », juste et équilibré, celui qu’elle avait « avant », pas forcément celui des Trente Glorieuses, mais ne serait-ce que celui d’il y a vingt ou trente ans. La nostalgie de l’âge d’or n’est vraiment plus ce qu’elle était. C’était donc, au sens littéral, un mouvement réactionnaire… tant il est vrai que, pour paraphraser Flaubert, les luttes « conservatrices », sur les retraites, les services publics ou le statut des cheminots, ne conservent plus rien. Cela suffit-il à perturber la bonne marche du capitalisme en France ? On a vu qu’il n’est pas techniquement impacté. Mais les manifestations hebdomadaires ont toutefois provoqué une réelle inquiétude dans les rangs des bourgeois, qui ont entrevu ce qu’il adviendrait de leurs biens (et peut-être de leurs personnes) si la situation dégénérait. Et, face au danger qu’a semblé représenter l’irruption de hordes de pauvres dans les beaux quartiers, ils ont fait corps, et ont su faire preuve d’une unanimité, d’un point de vue intellectuel et moral, dans leur condamnation des Gilets jaunes.

Pour assurer leur défense, ils ne disposent pas que de fonctionnaires de police. Ils rémunèrent aussi toute une panoplie de lanceurs d’alerte, oiseaux universitaires et sociologues censés annoncer les tempêtes qui approchent. Christophe Guilluy est de ceux-là [voir épisode 02], lui qui a été reçu par trois présidents successifs pour les avertir que le pire est désormais possible : il met les bourgeois en garde contre l’approfondissement des inégalités, l’écart grandissant des modes de vie et des perceptions (que résume l’opposition entre, d’un côté, le clan Macron et, de l’autre, les Gilets jaunes) et enfin une révolte des gueux contre ces élites qui désormais font « sécession » (expression de Christopher Lasch qui fait florès). Dans un tout autre style, on rencontre aussi le « docteur » Laurent Alexandre, apologiste de l’intelligence artificielle (IA), dont les propos font le buzz sur internet en ce mois de janvier 2019 : « Nous devons créer une société inclusive et trouver le moyen d’éviter qu’il y ait un gigantesque gap entre ce qu’Harari dans Homo Deus9 appelle des Dieux et des inutiles […] Et les Gilets jaunes c’est la première manifestation de ce gap intellectuel insupportable que nous sommes en train de créer entre les winners, les Dieux d’Harari et les losers, les inutiles d’Harari. Et je reprends les termes d’Harari non pas pour m’en féliciter, mais pour alerter tout le monde sur le fait que la crise des Gilets jaunes n’est pas un épiphénomène, elle est là pour cent ans ! […] Et la crise des Gilets jaunes est salutaire, elle nous montre à quelle vitesse nous entrons dans le cauchemar d’Harari […] Nous devons créer une société de solidarité intellectuelle, c’est la première urgence. L’urgence n’est pas de devenir immortels, c’est d’éviter de multiplier des Gilets jaunes. »10

Il est vrai que les prolétaires occidentaux seront les premiers à être confrontés à la « révolution » transhumaniste qu’on nous annonce11 ; son coût et ses conséquences seront tels que les contradictions de classe pourraient devenir volcaniques, avec des élites améliorées totalement « déconnectées » d’une réalité devenue davantage brutale et rugueuse. Laurent Alexandre représente la tendance social-démocrate du transhumanisme : pour que l’IA profite pleinement aux bourgeois, elle doit aussi « bénéficier » (ne serait-ce que marginalement) à la masse des prolétaires, sans cela ces derniers seront condamnés à une révolte, forcément féroce, qui pourrait mettre en danger tout le système. Mais, si le Docteur en voit les prémisses dans les Gilets jaunes, c’est que le gap n’est pas qu’« intellectuel », ni culturel, mais avant tout social et, qui plus est, de plus en plus perceptible. Les contradictions de classe s’aiguisent et, désormais, plus personne ne peut nier que la question sociale est centrale (elle l’a toujours été).
Si, dans le futur, un soulèvement de prolétaires s’étendant à toute la planète (une révolution) devait advenir, mettre en danger, ou même à bas, le mode de production capitaliste12, il y a fort à parier que, au début, il serait encore plus confus et violent que ne l’a, par exemple, été celui des Gilets jaunes, et à une tout autre échelle. Au début. Quant à ceux qui se battront au cœur de formidables contradictions, quel vocabulaire utiliseront-ils ? Évoqueront-ils, au début, le pouvoir d’achat, les salaires ou l’exploitation ? Et ensuite ? Qu’importent en tout cas les mots qu’ils utiliseront pour décrire cet autre monde, celui qu’ils construiront et qui, pourquoi pas, pourrait très bien être exempt de salariat, de propriété, d’État, de valeur, de genre, de religion, etc. – qu’importe alors s’ils ne l’appellent pas, comme nous le ferions, communisme.

 

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