Artiviste antispéciste perquisitionné.e et auditionné.e le 15 mai
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Catégorie : Global
Thèmes : AntispécismeRépression
«Suite à un projet d’artivisme, un.e camarade a été auditionné.e par la gendarmerie. Son projet d’une durée de 90 jours porte sur la vie d’un veau. Le projet se décline en plusieurs parties. Une première de coller une pièce de puzzle dans sa ville par jour et des affiches représentant l’avancée du puzzle. Au final, le puzzle aurait dû représenter un veau noir sur fond rouge. Sur les affiches figurait aussi le TEC (tonne équivalent carcasse) de veau produite depuis le début du projet en France et un lien vers l’Instagram de son projet. Une seconde, d’envoyer une pièce de puzzle par jour à un abattoir Français avec au dos de la pièce, les coordonnées du compte Instagram (@pan.artivisme). Les envois étaient anonymes ainsi que le compte Instagram.
Pour envoyer les pièces, Pan avait choisi de les envoyer dans le 01, puis le 02…ainsi de suite et c’est là que les ennuis ont commencé, la 1ère pièce ayant été envoyée à l’abattoir Gesler dans l’Ain (01). Effectivement, dans la nuit du 27 au 28 septembre 2018, cet abattoir avait été incendié.
Le projet de Pan a commencé le 7 mars 2019 et aurait dû se terminer le 7 juin, 90 jours après, c’est-à-dire à la fin de la vie du veau représenté sur le puzzle et les affiches.
Début mai, Pan avait eu vent que son projet « inquiétait les autorités », ce à quoi iel avait répondu par une série d’images expliquant que son projet ne constituait en rien une menace et le choix de l’anonymat. Anonymat symbolique, les collages se faisant en plein après midi dans le centre ville bourré de caméras de surveillance (voir le compte Instagram pour visualiser cette série d’images).
Le 14 mai, le journal local sort un article sur l’œuvre de notre camarade. Contrairement à sa demande, le journal ne respecte pas son souhait de garder son identité de genre et d’âge anonyme.
C’est le lendemain vers 9h du matin, alors qu’iel était sorti.e, qu’iel reçoit un appel de sa mère lui informant qu’iel devait rentrer au plus vite, les gendarmes l’attendant pour une perquisition. Pan rentre donc à son domicile pour être accueilli.e comme il se doit par les gendarmes. Premièrement, ils lui stipulent que « quand même on est sympa, on aurait du venir à 6h, défoncer la porte et écraser tout le monde au sol ». Ils se dirigent ensuite vers sa chambre de 10 mètres carrés pour procéder à une perquisition de 1h30 à 4 gendarmes. Tout y passe, jusqu’aux papiers déchirés et les mouchoirs dans la poubelle. Pendant ce temps, les gendarmes en profitent pour interroger Pan sur son projet. En fouillant, ils tombent sur des affiches, écrits, dessins, livres sur l’antispécisme et les luttes LGBTQI+. Ils embarquent tous ces documents ainsi que téléphone, ordinateurs…, « on en reparlera à l’audition ». Pan est donc informé.e au départ des gendarmes qu’iel est attendu.e à 14h au commissariat avec sa mère (notre camarade est bien majeur.e).
Dès son arrivée, sa mère est auditionnée avec un gendarme et Pan avec 3 gendarmes. Il s’avère que ces gendarmes viennent de Rhône-Alpes et enquêtent sur l’incendie de l’abattoir Gesler.
Une série de questions commence avec la mise en scène habituelle des gendarmes sympas puis menaçants. Ils s’attardent longuement sur la question du genre, enchaînant les remarques désobligeantes et les questions hyper personnelles n’ayant aucun rapport avec le sujet. « Tu es perdu.e », « Ton cœur balance », « Tu es triste, ça se voit ». Ils l’interrogent ensuite sur ses luttes et ses projets d’art. « Pourquoi l’Anarchie, pourquoi pas un vrai parti légal ? ». Finalement, ils essayent de l.e.a faire parler pour obtenir d’autres noms. Essayent de l.e.a forcer à la délation de camarades…
Ils trouvent des liens entre son projet et l’abattoir qui ne respectent que leur logique : la première pièce à été envoyé à l’abattoir Gesler et le projet doit prendre fin le 7 juin, c’est à dire, la veille de la MFA (Marche pour le fermeture des abattoirs). Hors mis ces extrapolations farfelues, le dossier est vide.
Pour intensifier la pression, Pan se voit montrer des photos de sa personne collant en ville prise par des gendarmes en civil. En remontant son fil Instagram, on retrouve que cet endroit avait été collé il y a plus d’un mois !
A la fin de l’audition, Pan se voit informé.e que son projet est interdit en attendant les instructions de la juge.
Nous sommes volontairement resté.e.s évasifs.ves sur certains points afin de protéger notre camarade.
La répression s’intensifie, notre volonté de combattre le système spéciste aussi. »
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