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L’invitation de Branco à Lyon a été l’occasion de découvrir la méconnaissance de nombreu.se.s camarades à son sujet, voire la sympathie qu’un certain nombre ont pu avoir pour cet auteur à la lecture de son dernier ouvrage. Or les raisons de rejeter ce triste sire loin de nos luttes et de nos grilles de lectures politiques nous paraissent nombreuses. Nous en détaillons certaines ici. Elles s’inscrivent pour la plupart dans un courant confusionniste diffus, dont on peut notamment observer la propagation en parallèle — et au sein — du mouvement des gilets jaunes. Ce courant confusionniste, Branco l’incarne parfaitement. C’est sans doute pour cette raison qu’il rencontre un grand succès en librairie et sur les réseaux sociaux.

Pourquoi la rhétorique de Branco est mortifère pour nos luttes

Parce que sa rhétorique oppose un peuple fantasmé à une oligarchie, plutôt que d’opposer des classes sociales aux intérêts divergents ou de dévoiler les mécanismes de domination capitalistes [1].

Parce qu’il pense qu’il faut s’entendre avec tout le monde, Branco est prêt à s’allier avec des complotistes très droitiers dont il est proche, comme Étienne Chouard [2] ou Maxime Nicolle [3], ou à dialoguer avec les soutiens de Marion Maréchal le Pen [4].

Parce qu’il préfère diffuser des explications simplistes et grossières (une oligarchie endogame et moralement corrompue qui serait responsable de tous les maux de notre société) plutôt que d’inviter à réfléchir aux sources complexes de la situation actuelle et aux moyens d’en sortir. Se focaliser sur « l’oligarchie » ou « les 1% » [5] comme le fait Branco, c’est affirmer qu’un petit patron de droite partagerait les intérêts d’une personne au RSA. Qui peut croire à cette farce ?

Parce qu’il embrasse l’idée de souverainisme comme si elle était neutre politiquement, alors même que toute souveraineté suppose le principe et l’exercice d’un pouvoir suprême, et qu’il oppose prétendument la souveraineté populaire à la souveraineté nationale, comme si la première n’ouvrait pas insidieusement la voie à la seconde.

Parce qu’il est prêt à utiliser n’importe quel moyen, pourvu que le résultat apporte de l’eau à un moulin dont les fins paraissent pourtant bien peu claires, comme ce fut le cas avec l’outing d’Attal [6].

Parce que la seule solution qu’il entrevoit à la crise actuelle est de s’en remettre à des hommes providentiels, qu’il aimerait incarner avec quelques autres.

Parce qu’il recourt à une rhétorique complotiste du type « on nous cache tout, mais je vous le dévoile », alors que ce qu’il révèle tient plus souvent de l’évidence [7] ou des focalisations sur des détails personnels plutôt que des fonctionnements structurels [8].

Parce que son principal argument de vente, la posture de l’intellectuel opprimé par les médias — situation pourtant démentie par son actuelle visibilité ou les ventes de son livre [9] — s’inscrit dans le pur style des intellectuels réacs, de Zemmour à Asselineau en passant par Finkielkraut.

On pourrait continuer longtemps, et l’article n’y suffirait pas. Nous nous proposons dans les parties ci-dessous de mettre en lumière quelques éléments et critiques, sur son dernier ouvrage, sur ses pratiques politique, sur sa proximité avec Assange et sur sa récente vidéo décrivant la place qu’il se donne d’ores et déjà dans la révolution qu’il fantasme.

Crépuscule, un ouvrage très discutable

C’est principalement via son ouvrage Crépuscule, succès de librairie édité aux éditions Au Diable Vaubert et aux éditions Massot, que Branco a accédé à la célébrité. Un ouvrage que de nombreux camarades ont lu, et que d’autres vendent.

Quelques analyses critiques de l’ouvrage de Juan Branco sont parues :
Crépuscule : Juan Branco découvre la lune Joseph Confavreux, Mediapart, 25 avril 2019 ;
« Crépuscule », pamphlet fascisant, Geoffroy de Lagasnerie sur son blog chez Mediapart, 14 avril 2019 ;
« Crépuscule » de Juan Branco, ce qu’il faut garder et ce qu’il faut jeter, Antoine Hasday, Slate, 26 avri 2019.

Le pamphlet de Juan Branco, mauvais digest de Gala et du Comité invisible, gâche la critique radicale nécessaire de Macron, de l’oligarchie et des médias. Le succès commercial de Crépuscule tient non à ce qu’il révèle, mais à ce qu’il incarne d’un air du temps confus et frelaté, selon lequel tous les chats sont gris.
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Si la trajectoire peut être jugée plus sympathique que celle d’un jeune ministre témoignant de l’absence d’armature et d’engagement politiques des cadres entourant Macron, Branco, formé à la même école qu’Attal, continue en réalité à raisonner comme lui. Individualiste forcené et prenant de haut autant les structures socio-économiques qui déterminent les inégalités que les forces collectives qui pourraient affronter les puissants, il pense, à chaque instant, être le meilleur, y compris dans la catégorie « radicalité ».

image de pub : Début mai, sur les murs du métro parisien.

Outing, âgisme, sexisme, etc. Sa fin justifie tous les moyens

Tout est énoncé à travers un vocabulaire bien connu et clairement identifiable politiquement (l’extrême droite) de la tare morale, de la dégénérescence, de la pourriture, de la compromission, de la magouille, de la mafia…
Ajoutez à ça les pulsions misogynes et âgistes de l’auteur (voir le tweet de Branco sur Brigitte Macron comme « mère de substitution » de son mari : « Je m’appelle Emmanuel, je suis un enfant-roi mal dégrossi qui s’est marié à une mère de substitution pour pouvoir rester dans un fantasme de toute puissance »
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Ajoutez aussi –- car tout y est — ses pulsions homophobes, qui transparaissent dans une note où l’effondrement de notre civilisation est associé à deux figures gay — Gabriel Attal et Edouard Louis — si dissemblables qu’on se demande ce qui peut les réunir si ce n’est l’homophobie de l’auteur et le vieux thème de la décadence homosexuelle.

Geoffroy de Lagasnerie

On pourrait ajouter un certains nombres de comportements, révélés par l’Express [10], qui devraient lui valoir une exclusion d’office des lieux militants : outing par tweet de Gabriel Attal (qu’il s’agisse d’un ennemi politique ne rend pas l’outing contre la volonté de l’intéressé plus acceptable [11]), sexisme (notes sur le physique de ses camarades de lycée sur son blog, commentaire façon Ligue du Lol en dessous), etc.

On oublie également un peu vite son coté carriériste et sa proximité avec le pouvoir PS : il était assistant parlementaire de la députée PS Aurélie Filippetti durant la campagne présidentielle de 2012. Aux élections suivantes il est candidat LFI aux législatives (il est à l’époque l’avocat de J.-L. Mélenchon).

Pour cerner le personnage et sa grille d’analyse politique, on vous incite également à aller lire « Caillasser » la CGT ? Réponse à Juan Branco par Guillaume Goutte, Mediapart, le 14 avril 2019 (De quoi comprendre pourquoi la Bourse du travail et la CGT ont finalement refusé sa présence dans leurs murs).

Assange, sulfureux client

Branco devait notamment venir à Lyon à l’invitation du collectif Le vent se lève [12] pour parler de Julian Assange, dont il est un des avocats. Ce qui impose de dire deux mots de ce dernier.

Celui-ci est accusé de viol par deux femmes suédoises, et la principale ligne de défense sur le sujet oscille entre présenter cette accusation comme un complot (dans le plus pure style de double victimisation) et dédouaner Assange du crime dont on l’accuse au motif que ce ne serait pas grave eu égard aux actes de bravoure en faveur de la liberté d’expression réalisés par ce dernier.

Le héros de WikiLeaks, c’est comme cela que Branco présente Assange le plus souvent [13]. Pour un avocat qui se prétend de gauche et militant, ce choix de client laisse pourtant dubitatif… Lorsqu’Assange était à sa tête, WikiLeaks pratiquait une transparence à degré variable politiquement très contestable. Quelques éléments empruntés aux camarades de Lignes de crêtes :

Accusations de viols ; antisémitisme (en 2010 la collaboration avec le négationniste Israel Shamir), l’antisémitisme encore en 2016 avec ces tweets, son rôle dans le climategate (et l’échec du sommet de Copenhague), les erreurs et les failles de protection des sources qui ont conduit à l’arrestation de Manning, le sexisme bien pervers du style « Marine le Pen n’a pas été élue parce que c’est une femme », le refus de se soumettre à la justice pour faire face aux accusations de viols, l’utilisation de WikiLeaks, sa structure et son prestige pour se protéger des accusations de viols (essayant même de vider les comptes de l’organisation pour payer sa caution) ; balancer aux Talibans le nom des Afghans sympathisants ou travaillant avec les US, balancer la correspondance avec nom et adresses d’électrices turques ; jusqu’à la maltraitance de son chat…
(…)
Dans cet article de The Intercept (journal qu’on pourra difficilement soupçonner d’être anti-wikileaks) on a un aperçu de ce que représente des discussions avec Assange dans un groupe interne. Assange y apparaît antisémite, gavé de masculinisme, fustigeant les « prédatrices membres des clitératis » et « l’industrie de l’accusation hautement profitable » en commentant une photo de l’avocate de son accusatrice, commentant l’appareil génital (masculin) de Chelsea Manning et son chromosome Y, blaguant sur l’acronyme FUBAR (Fucked Beyond All Recognition) au sujet de Hillary Clinton…

Bref, Assange est tout sauf un héros de la liberté d’information et franchement un sale type… mais ça, vous ne l’apprendrez pas en écoutant Branco. Après tout, c’est logique, c’est son conseiller juridique.

Quand Branco se rêve en procureur révolutionnaire

Branco a un égo monstrueux qui, lorsqu’il se mélange avec son imaginaire totalement mortifère, donne des choses franchement flippantes. Dans une vidéo mise en ligne le 28 avril (on vous déconseille de la regarder, ça donne la nausée), il imagine la chute du gouvernement Macron et se rêve en procureur du tribunal révolutionnaire à venir, tel un Fouquier-Tinville contemporain [14].

S’adressant à un public qu’il imagine composé de gilets jaunes, Branco ne rechigne ni sur le lyrisme ni sur les promesses de vengeance. Morceaux choisis.

Mon intérêt dans tout ça, ce serait d’un jour devenir un de vos procureurs. C’est-à-dire, en votre nom… d’être un de ceux qui permettraient de mettre ces personnes-là en prison (Note des auteu-rice-s : c’est-à-dire le gouvernement et plus généralement l’oligarchie qu’il dénonce — c’est diablement trumpien !). Il faut penser à la création d’un tribunal populaire, un tribunal révolutionnaire, un tribunal républicain. Il faudrait revenir à une forme de démocratie avec des jurys citoyens, tirés au sort, avec un procureur qui soit élu, avec un juge qui n’ait pas le droit de prendre des décisions mais qui soit là pour aider, accompagner les citoyens qui seraient jury. Ce tribunal aurait deux fonctions. D’un côté juger les responsables des malversations et des corruptions dont on parle, des prédations de nos biens, des biens communs. De l’autre les responsables des violences, des mutilations, des éborgnages, des arrestations arbitraires. [15]

Au passage, il en profite pour réaffirmer ses sympathies avec Étienne Chouard, qu’il verrait bien présider le Conseil constitutionnel [16].

Il faudra ensuite remplacer le Conseil constitutionnel, s’assurer que ce ne soit plus ces hommes politiques politiques… il faudra le remplacer par quelque chose d’assez simple avec des citoyens tirés au sort et on pourrait proposer à quelqu’un comme Étienne Chouard de prendre la présidence de cette institution, mais sans droit de vote. Pour qu’il fasse ce qu’il fait depuis des années à cette fin, qu’il propose des ateliers constituants, pour aider les citoyens tirés au sort à comprendre la fabrique de la loi, et leur donne la méthode pour le faire.

Au milieu de ça, Branco répète comme a son habitude qu’il faut discuter avec tout le monde… Il précise aussi que son objectif est avant tout d’éviter que le système étatique ne s’écroule, ce qui, d’un point de vue anarchiste, est un propos strictement anti-révolutionnaire. Et il finit par annoncer qu’il prépare des listes de personnes (membres de l’oligarchie qu’il dénonce) que son tribunal populaire sera chargé de juger. Aux cibles qu’il vise et qui seraient tentées de fuir, il adresse un message menaçant : ce ne sera pas possible. Comment les en empêchera-t-il ? Il ne le dit pas. Mais, pour le dire tout net : ça sent très, très mauvais.

Je ne suis pas d’accord avec ceux qui veulent faire des chartes des gilets jaunes car on a le droit d’avoir des valeurs différentes. Il y a des gens qui ont des idées très très différentes dans ce mouvement et il ne s’agit pas de prendre la parole de l’ensemble des français. (…) Il y aurait un conseil de transition. Quelles sont les personnes les plus respectables et qui seraient les plus à même pour nous assurer que ces personnes ne seraient pas la pour prendre le pouvoir, que l’État ne s’écroule pas ? Je pense qu’il faut qu’on commence à faire des listes. De la même façon que je commence à faire des listes des personnes qu’il faudrait accuser. De la même façon que je fais des listes de mesures pour s’assurer que l’oligarchie perde le pouvoir très rapidement. (…) En Algérie, les grandes fortunes ont été arrêtées quasiment au moment ou la révolution commençaient et alors qu’elles essayaient de fuir. Moi, je tiens à dire à ces personnes-là qu’elles ne pourront pas fuir.

Tout ceci est mis en avant pour éviter qu’il y ait un effondrement du système étatique [17]. Branco se faisant ici l’apôtre d’un des sujets majeurs du débat public, le thème de l’effondrement, et se présentant comme le rempart qui l’empêcherait. C’est grotesque, mais révélateur. Branco se révèle comme ce qu’il est : un mégalomane réactionnaire qui ne rêve pas de grand soir mais plutôt de couper des têtes et de prendre le pouvoir. Rappelons lui que Fouquier-Tinville finit, comme ceux qu’il fît condamner, guillotiné sur la place de Grève…

Branco et ses clones, hors de nos vies !

En synthèse, les raisons de combattre les idées de Branco et de refuser sa présence, et celles de ses bouquins, dans nos lieux de luttes nous paraissent nombreuses et évidentes. Dans une période où les frontières politiques sont parfois floues, pour le meilleur mais surtout pour le pire, à nous d’être clair.e.s sur les idées que nous mettons en avant et les personnes que nous acceptons — ou non — dans nos cercles politiques. Dans un monde virtuellement renversé, Branco est un moment du faux. Parce que les idées qu’il exprime ont le vent en poupe (Michéa, Lancelin ou Chouard, pour ne citer qu’eux, en véhiculent de similaires), il est plus que nécessaire d’œuvrer à les combattre, au sein de notre famille politique comme en dehors.

Des camarades anti-autoritaires lyonnais.e.s

Notes

[1] Comme le remarquent les camarades de Lignes de Crêtes, « le remplacement de l’analyse des rapports de domination capitaliste au profit de la dénonciation d’une oligarchie mondialiste est une tendance lourde » chez une partie de la gauche et elle relève d’un vieux réflexe antisémite.

[2] Voir notamment la vidéo du 28 avril dernier, dont le contenu fait l’objet du dernier chapitre du présent article. Pour ceux qui ne connaissent pas Étienne Chouard, vous pouvez retrouver des décryptage de sa pensée sur le site de La Horde qui recense de nombreux article à son sujet.

[3] Juan Branco s’affiche comme proche de Maxime Nicolle dont il est également l’avocat. Ce dernier, un temps figure du mouvement des gilets jaunes, s’est illustré par le passé dans des délires complotistes, sur des « réseaux de riches pédophiles protégés par l’Etat », voit l’attentat de Strasbourg comme une manipulation étatique, et relaye les délires de l’extrême droite sur le pacte de Marrakech (source).

[4] Juan Branco ne voit aucun problème à donner, le 5 février dernier, une interview au site l’Incorrect, média de la droite dure, soutien de Marion Maréchal Le Pen (ou vous épargne le lien vers ce torchon). Quelques semaines plus tôt, Alexis Corbière et Thomas Guénolé avaient fait un choix similaire en s’exprimant dans les colonnes de l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs Actuelles.

[5] D’une certaine manière, il s’agit d’une réactualisation du vieux mythe des « Deux cents familles », propagé dans les années 1930 à la fois par une partie du Front populaire et par l’extrême droite.

[6] L’Outing est le fait de révéler l’homosexualité, la bisexualité ou la transidentité d’une personne sans son consentement. C’est ce que Juan Branco a fait sur Twitter en octobre dernier, au sujet de son ancien camarade de collège, Gabriel Attal, membre du gouvernement Macron.

[7] Sa dernière révélation est qu’Édouard Philippe serait proche du patronat, de quoi faut-il s’étonner alors que l’intéressé est un avocat d’affaires passé par chez Areva ?

[8] Les relations amoureuses de tel ou tel qui expliqueraient une position quand celle-ci découle davantage d’une proximité idéologique et sociale.

[9] Selon une émission de France Culture consacré à Crépuscule, l’ouvrage s’est, dès le mois d’avril, écoulé à plus de 20 000 exemplaires, et 50 000 exemplaires auraient déjà été commandés par les libraires.

[11] Voici la justification qu’en donne Juan Branco dans les colonnes de l’Incorrect, journal d’extrême-droite, tenez-vous bien : « Cette orientation sexuelle étant institutionnalisée, la question de sa révélation dans l’espace public ne doit plus se poser« 

[12Le vent se lève est un collectif étudiant, sur lequel il y aurait fort à dire sur le plan du confusionnisme, mais c’est un autre sujet (une visite sur le site devrait suffire à vous permettre de saisir l’ampleur du désastre).

[14Antoine Quentin Fouquier de Tinville (1746-1795) a la particularité, comme Branco, d’avoir grandi dans la classe dominante et d’être devenu magistrat avant de se présenter en révolutionnaire. Il est surtout connu pour son rôle d’accusateur public, violent et arbitraire, du Tribunal révolutionnaire pendant la Terreur.

[15] Cet extrait, comme les deux qui suivent, sont des retranscriptions de la vidéo du 28 avril mentionnée plus haut.

[16] Chouard s’illustrait au même moment au micro de Sud Radio en affirmant qu’il devrait avoir le droit d’être antisémite et que « personne n’a de haine des juifs »… sacré pédigrée pour un futur président de Conseil constitutionnel.

[17] Branco est un étatiste convaincu, pas bien révolutionnaire quoi. Cet étatisme se retrouve dans son bouquin, par exemple page 311 où il écrit « Comment ne pas appeler à une destitution et un bouleversement institutionnel qui nous permette enfin, par un régime parlementaire approfondi, de rendre au peuple ses propres outils ? »